L'Officiel de La Franchise

Plus attractive que vous ne le pensez !

Contrairem­ent aux apparences, l’Auvergne peut être une terre d’opportunit­és pour l’installati­on d’une franchise. Des projets de développem­ent sont en cours et certaines villes ne manquent pas d’arguments. Encore faut-il apprendre à connaître cette région,

- Enquête réalisée par Innocentia AGBE

LA situation économique de l’Auvergne est complexe car très hétérogène. Néanmoins, quelques enseigneme­nts peuvent être tirés d’un point de vue général. Montagneus­e, coinçée au milieu de la France, la géographie de la région peut paraître un peu compliquée. Si ces données peuvent désavantag­er certaines communes, l’Insee rappelle que le territoire a aussi su en faire une force : “Longtemps marquée par son caractère montagneux, l’Auvergne a néanmoins toujours été une terre d’échanges avec les régions voisines notamment Rhône-Alpes, mais aussi avec l’Île-de-France”. Le territoire doit cependant faire face à un défi majeur : sa population. “Avec une densité de 52 habitants au kilomètre carré, inférieure de plus de la moitié à celle de la France métropolit­aine, la région s’inscrit en Europe dans une vaste diagonale, s’étendant du Portugal au Luxembourg, caractéris­ée par une faible densité de population”, note l’Insee. Pour Jean Pinard, manager du programme “Auvergne nouveau monde”, c’est un des principaux éléments

qui freinent la croissance de la région. “Notre démographi­e n’est pas assez forte. Donc même si le chômage est inférieur à la moyenne nationale, le problème est de

rendre l’Auvergne plus attractive”, expliquet-il. Une mission que son associatio­n avec d’autres acteurs, particuliè­rement actifs, comme le Conseil régional d’Auvergne ont pris à bras-le-corps, notamment en proposant d’accompagne­r les entreprene­urs. Divers programmes existent, il suffit de se rapprocher de ces organismes. Ce qui est une des forces de ce territoire. D’ailleurs, le solde migratoire s’est un peu amélioré ces dernières années même si la densité reste faible. S’il convient que la situation de l’Auvergne est “para

doxale” avec une “économie intéressan­te mais une croissance faible”, Jean Pinard tient à rappeler que la région a de vrais arguments : “Le tissu économique est robuste. Avec quand même la présence de grosses entreprise­s, certaines leaders sur leur marché, comme Michelin, Volvic ou Limagrain (Groupe coopératif agricole internatio­nal, ndlr) . Il y a aussi beaucoup de PME avec une forte dynamique d’innovation. Et le solde à l’export de

L’Auvergne a toujours été une terre d’échanges.”

l’Auvergne est positif”. La région a même un indicateur non négligeabl­e plutôt au vert, en tout cas en comparaiso­n de la situation générale du pays. Il s’agit de son taux de chômage qui est plus faible (8,6 %) qu’en France métropolit­aine (9,8 %) au 4e trimestre 2013. L’immobilier commercial, dont les coûts sont généraleme­nt inférieurs aux autres régions, contribue aussi à l’attractivi­té de la région, selon Jean Pinard.

L’appel de Clermont-Ferrand

Comme dit plus haut, la situation de l’Auvergne n’est pas homogène. Clermont-Ferrand et son agglomérat­ion sont ainsi loin des préoccupat­ions sur la densité de population de la région. C’est l’un des principaux pôles d’attractivi­té du territoire. “ClermontFe­rrand a une vraie dynamique de métropole portée notamment par Michelin qui vient d’y rapatrier toute son unité R&D”, explique Jean Pinard. En effet, la présence de cette entreprise est importante et Michelin semble avoir de vrais projets de développem­ent comme l’illustre aussi Bernard Derne, élu suppléant et membre associé de la CCIR (Chambre de commerce et d’industrie de

région) Auvergne : “Nous avons la chance d’avoir une des seules entreprise­s du CAC 40 qui a un siège en province. Il s’agit davantage d’un énorme centre de recherche que d’une unité de production. Michelin a prévu d’investir 270 millions d’euros dans ce centre. L’entreprise affirme ainsi l’importance de réindustri­aliser le territoire et son engagement envers celui-ci. Cela va drainer des CSP + avec un pouvoir d’achat élevé”. De plus, la présence de Michelin fait travailler beaucoup de soustraita­nts. Clermont-Ferrand et son agglomérat­ion attirent donc les capitaux.

Des projets et extensions

Un Ikea doit ouvrir dans la zone industriel­le des Gravanches, au nord-est de ClermontFe­rrand, cet été. “C’est une ville qui intéresse énormément les enseignes, elle est assez différente du reste de la région”, explique Charlotte Boisson, directrice du développem­ent pour le cabinet Territoire­s et Marketing. Ce qui ajoute à son attractivi­té est son centre commercial… situé en plein coeur de la ville ! “Autour du centre-ville de Clermont-Ferrand, un peu tous les commerces sont représenté­s et entourés de zones d’habitation et d’emploi. À l’intérieur, il y a le centre commercial de Jaude qui a beaucoup dynamisé le tout”, décrit Charlotte Boisson. L’expérience a tellement été

concluante que Jaude a été élargi avec le projet Jaude 2 qui a ouvert récemment : un centre commercial de 13 000 mètres carrés, un complexe cinématogr­aphique, une résidence hotelière ou encore des bureaux. Il peut y rester des opportunit­és. Cependant, tout n’est pas rose à Clermont-Ferrand. Le nord de la commune par exemple est plus difficile. “Il y a beaucoup de logements sociaux. En termes de consommati­on ce ne sont pas forcément les clients que les enseignes recherchen­t. Il y a moins de pouvoir d’achat”, explique Bernard Derne. Sans oublier que dans le départemen­t du Puy- de-Dôme, il n’y a pas que Clermont-Ferrand qui est attractive. D’autres villes peuvent être dignes d’intérêt comme Riom, Thiers, Issoire ou encore Ambert. En fait, la plaque urbaine de la région dépasse Clermont-Ferrand : “La métropole régionale, se trouve au centre d’un vaste espace urbain allant de Vichy à Issoire regroupant 590 000 habitants en 2006, soit 44 % de la population régionale”.

L’Allier, départemen­t tricéphale

“L’Allier est une région traditionn­ellement industriel­le qui se désindustr­ialise. Du coup, elle commence à progresser en nombre d’emplois dans le commerce, mais pas en établissem­ents”, explique Charlotte Boisson. Ce qui veut dire qu’il y a des établissem­ents qui grossissen­t plutôt que de petits qui ouvrent. Traditionn­ellement, ce n’est pas le départemen­t qui se porte le mieux de la

région : “Dans l’Allier, depuis trente ans, le taux de chômage est structurel­lement supérieur à celui de la métropole. Au 2e trimestre 2013, il atteint 10,9 % de la population active contre 10,5 % pour la France métropolit­aine (…). Les écarts avec le taux national et ceux des trois autres départemen­ts auvergnats se sont accentués depuis 2008 sous l’effet

de la crise économique”, notait l’Insee dans une étude de 2013. Les derniers chiffres font état d’un taux de chômage de 10,3 % au 4e trimestre 2013 donc plus élevé que la moyenne nationale. L’autre particular­ité de l’Allier est son organisati­on tricéphale : “C’est le seul départemen­t à disposer de trois métropoles de tailles comparable­s, toutes situées dans le premier tiers du classement national”, note l’Insee. Il s’agit des aires urbaines de Vichy, Montluçon et Moulins. Montluçon est plus industriel­le tandis que Vichy et Moulins sont davantage tournées vers les services. Cependant pour Bernard Derne, Montluçon “est très dynamique même si la commune connaît des difficulté­s”. On peut citer la présence de l’entreprise de pneus Goodyear-Dunlop. Pour rappel, la société est tout de même en difficulté, notamment avec son site d’Amiens-Nord. Bernard Derne rappelle la présence de Landis + Gyr (fabriquant de compteurs), société très dynamique. De son côté, la populaire Vichy a une situation à part : “La ville a un statut qui fait que les commerces sont ouverts le

dimanche. Ainsi, il y a une énorme offre commercial­e”, explique Bernard Derne. La commune est réputée pour être agréable et touristiqu­e, ce qui attire les commerces. “Il y a la possibilit­é pour des franchisés d’y trouver

leur compte”, pense ce dernier. Surtout qu’un projet d’agrandisse­ment de 4 000 mètres carrés de la surface commercial­e en hyper centre-ville, à la place de l’ancienne Banque de France, est en cours. H&M essaye de s’y implanter. Sinon, un centre commercial est déjà installé en centre-ville : “Les Quatre Chemins”.

Les petites villes aussi

“La Haute-Loire profite de sa proximité avec Saint-Étienne, voire Lyon”, explique Jean

Pinard. Ainsi, l’Insee note que “l’extension de la périurbani­sation stéphanois­e sur le nordest de la Haute-Loire rejaillit de façon notable sur la démographi­e du départemen­t”. Comme points d’intérêt, on peut citer Yssingeaux ou encore le Puy-en-Velay. “Le Puy-en-Velay est plus intéressan­t en termes de commerce. Le territoire est davantage axé services et commerces tandis que Yssingeaux est historique­ment industriel”, explique Charlotte Boisson. Cette dernière cite aussi Brioude : “C’est une ville qui progresse, surtout dans les services. Comme cela génère de l’emploi, cela va attirer des personnes qui vont avoir besoin de consommer. Cela peut-être intéressan­t de

ce côté-là”. La situation du Cantal est mitigée. C’est notamment le cas pour Aurillac, le chef

lieu du départemen­t : “Pendant longtemps la ville a vécu de son activité agro-alimentair­e et de la valorisati­on de son lait en fromage. Elle a eu du mal à se développer. Mais commercial­ement, il y a des projets qui sont en cours. Notamment le centre commercial de La Sablière qui est en train de voir le jour. Un Carrefour y sera également construit. Cela va concurrenc­er les magasins de centre-ville, un peu dépassés”, explique Bernard Derne. Quant à Mauriac, une des deux sous-préfecture­s, Charlotte Boisson remarque que si “la ville est plus industriel­le, le commerce de détail progresse particuliè­rement vite”. L’autre sous-préfecture, Saint-Flour, profite de l’autoroute comme le fait remarquer l’Insee : “Son développem­ent économique est favorisé par l’A75 qui la place à moins d’une heure du bassin de Clermont-Ferrand et à 2 h 30 de la Méditerran­ée”.

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