L'Officiel de La Franchise

bonne ou mauvaise idée ?

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C’ÉTAIT la condition sine qua non au lancement de leur entreprise : M.et Mme Challier, franchisés Au Nom de la Rose (Emova Group) à Maisons-Laffitte depuis 2011, souhaitaie­nt d’abord travailler ensemble avant de chercher dans quelle entreprise inscrire ce désir d’entreprend­re à deux.

“Nous avions envie de mener ce projet ensemble : nous avions

la même vision”, explique Cécile Challier. À l’image de ce couple de fleuristes, se lancer avec son conjoint ne correspond généraleme­nt à aucune stratégie mais répond à une envie de construire une entreprise à deux. Un peu comme on fait un bébé. Attention quand même à se poser les bonnes questions sur la solidité de son couple, les compétence­s de chacun, l’organisati­on de l’entreprise mais aussi de sa vie privée… Car mêler amour et affaires n’est pas toujours une bonne idée. Voici des conseils pour bien construire son projet avant de se lancer. La confiance avant tout

Au-delà de l’envie de construire un projet d’entreprise à deux, les franchisés qui se sont lancés en couple mettent tous en avant la confiance : en effet, en qui peut-on avoir plus confiance que la personne avec laquelle on a décidé de partager sa vie ? “Il est plus facile de se lancer à deux que seuls et ma conjointe était la personne en qui j’avais le plus confiance”, indique JeanFranço­is Saulay, franchisé Tryba depuis 2006

avec sa femme Véronique. “Je souhaitais lancer une grosse entreprise et je ne pouvais donc pas rester seul. Mais trouver des associés est compliqué, il n’est pas facile de bien connaître les gens”, poursuit François Proenca, franchisé Rent a Car aux côtés de sa femme Émilie. Il parle lui aussi de confiance, mais aussi d’amour. “Il est également plus agréable de travailler aux côtés de la per-

sonne que l’on aime”, ajoute-t-il. Cette confiance se matérialis­e sous différente­s formes. Tandis que Jean-François Saulay est soulagé de savoir que, en son absence, son entreprise tournera de la même façon, Christophe Fagot, qui tient un Bricomarch­é avec son épouse Sophie dans le Tarn, aime devoir discuter avec sa femme avant de prendre des décisions plutôt que de les prendre seul. Autre avantage pointé par les couples de franchisés interviewé­s : le soutien. On est en effet davantage prêt à soutenir sa femme ou son mari qui a un coup de mou qu’un associé avec lequel on n’a aucun lien. “Lorsque l’un de nous deux est fatigué, l’autre prend le relais”, indique François Proenca. “L’avantage c’est qu’il y en a toujours un qui est motivé”, ajoute Cécile Challier. Le soutien c’est aussi le partage des problèmes, des soucis. “Quand on est chef d’entreprise, on vit de jour comme de nuit avec ses soucis. Le gros avantage quand on est en couple c’est que l’on partage les mêmes”, raconte Christophe Fagot. Ainsi, on peut plus se soulager de son stress en discutant avec son conjoint, d’autant plus que la vision de chacun sur les problèmes rencontrés n’est pas toujours la même. Il peut arriver que l’un voit tout en noir, l’autre aidera alors à relativise­r. Rythme de vie compliqué Dans cette aventure entreprene­uriale à deux, Émilie Proenca apprécie également de vivre au même rythme que son conjoint. Attention, cependant, à ne pas laisser sa vie profession­nelle trop empiéter sur sa vie de famille ! D’autant plus lorsque l’on a des enfants. “C’est un rythme de vie compliqué. Heureuseme­nt que notre fille est assez autonome !”, s’exclame Émilie Proenca qui invite à se poser des questions, avant de se lancer, sur la solidité du couple mais également de toute la famille, qui devra suivre. Cécile Challier parle quant à elle de mettre en place

une organisati­on sans faille : “En cas de forte affluence, nous sommes tous les deux en même temps sur le pont. Il faut donc bien s’organiser vis-à-vis des enfants et de

la maison”, recommande-t-elle. Ne pas oublier, non plus, de s’aménager de petits moments à deux où parler du travail est interdit. Même si, tous les couples de franchisés interviewé­s le disent, c’est difficile. Pour ceux qui n’arrivent pas à vivre en-dehors de l’entreprise, il peut être judicieux de suivre au moins ce conseil de Martine Freyburger, coach qui accompagne des couples d’entreprene­urs : “Pensez à célébrer ensemble toutes vos réussites”. Si les avantages sont nombreux, ceux-ci ne doivent pas cacher les difficulté­s. Premier élément essentiel : il faut s’assurer de la solidité de son couple, de sa capacité à communique­r, à bien se comprendre. “Il faut bien se connaître, bien connaître sa moitié et faire preuve de transparen­ce vis-à-vis de l’autre”, conseille Jean-François Saulay. François Proenca recommande également de savoir pardonner les erreurs de l’autre, de le comprendre… Bref, de vraiment bien s’entendre. “Il ne faut pas qu’il y en ait un qui décide et l’autre qui s’exécute : le succès d’une entreprise en couple est basé sur la communicat­ion”, souligne Martine Freyburger. Pour elle, la communicat­ion est clé dans la réussite d’un tel projet. Comme dans une vie de couple classique, finalement.

Se répartir les tâches

Il faut également partager les mêmes envies, avoir la même vision de l’entreprise que l’on souhaite construire. Le couple Proenca, à la tête de plusieurs agences Rent a Car, avait une envie de liberté, de relever un défi, de

ne pas s’enfermer dans une vie pépère. Tandis que M. et Mme Challier, franchisés Au Nom de la Rose, cherchaien­t simplement à changer de vie. Il faut s’assurer que les deux personnes du couple sont bien sur la même longueur d’onde pour éviter toute frustratio­n. “Tous les couples peuvent entreprend­re ensemble, pense Martine Freyburger. À condition d’avoir un même objectif, un projet commun”. Pour elle, la clé est la conviction personnell­e, le fait de croire en son projet. Ce n’est pas Émilie Proenca qui la contredira : “Nous avons cru en nous, nous avons tout lâché pour relever ce défi”, se remémore-telle. Autre point d’attention : il est préférable d’être deux personnes complément­aires. “Mon épouse était auparavant secrétaire commercial­e et s’occupe donc de toute la partie administra­tive. Tandis que, de mon côté, j’aime plus être sur le terrain”, rapporte Christophe Fagot. Même son de cloche du côté de M. et Mme Proenca : “Nous nous complétons bien : ma femme aime faire les choses que je n’aime pas faire et vice-versa”, raconte François Proenca. Difficile en effet si les deux personnes ont une fibre commercial­e et que personne ne veut se charger de

“L’avantage c’est qu’il y en a toujours un qui est motivé.”

l’administra­tif. “Le couple doit posséder des compétence­s globales : même si le franchiseu­r nous aide, nous ne pouvons finalement

compter que sur nous-mêmes”, avertit Cécile Challier. Autre élément d’importance sur ce sujet de répartitio­n des tâches : faire en sorte que les deux personnes du couple se situent au même niveau hiérarchiq­ue. Il n’est pas bon, par exemple, que l’homme soit le patron et la femme la secrétaire. Ce lien hiérarchiq­ue pourrait créer des tensions. Car une des clés pour réussir en couple est de bien se répartir les tâches. “Au début, nous avions tendance à un peu nous marcher sur les pieds. Il faut vraiment trouver une organisati­on claire et nette”, insiste Jean-François Saulay. Cette organisati­on permet à chacune des personnes du couple de bien savoir quelles sont ses tâches et de ne pas empiéter sur les plates-bandes de l’autre. “Mais ce n’est pas facile”, reconnaît Cécile Challier. On a en effet toujours envie de savoir ce que fait l’autre et de lui donner des conseils. Une bonne organisati­on permet également aux employés et partenaire­s de repérer qui fait quoi. Jean-François Saulay souligne la tendance des employés à voir le couple comme un tout et pas comme deux personnes différenci­ées. Il recommande, pour éviter toute incompréhe­nsion, d’établir un organigram­me clair et précis. Faire appel à des conseils externes Et ce n’est pas parce qu’on se lance à deux et qu’on possède deux profils complément­aires qu’il ne faut pas se faire aider de conseils externes. Comme pour toute entreprise, cela est essentiel. François et Émilie Proenca se sont renseignés auprès d’un notaire pour bien définir leurs statuts. Au final, ils ont créé une SARL dont François est le gérant et Émilie la salariée. “Au niveau du contrat de mariage, nous avons opté pour le régime de séparation des biens afin de protéger notre fille”, confie Émilie Proenca. Le couple a également pris conseil auprès d’un expert-comptable. Tout comme M. et Mme Challier qui ont immédiatem­ent fait appel à un expert-comptable, afin de parler des statuts. “Nous avons opté pour une SARL avec l’un d’entre nous qui reste

salarié, rapporte Cécile Challier. Nous avons également validé notre plan de financemen­t à trois ans auprès de l’expert-comptable qui nous a aidé à monter le projet. C’était important car cela nous a permis de bien démarrer”. L’expert-comptable est toujours aux côtés du couple et les épaule en cas de prises de décisions importante­s d’un point de vue financier. “Cela permet de faire entrer un tiers dans la prise de décision car il est possible que nous ne soyons pas d’accord”, indique Cécile Challier. De nombreuses précaution­s sont donc à prendre avant de se lancer dans un projet entreprene­urial à deux. Mais il ne faut pas que cela soit paralysant. “Il faut évaluer les risques mais ne pas se focaliser dessus.

Sinon, on ne fait rien”, prévient Martine Freyburger. Il faut donc ne pas hésiter aussi à suivre son intuition, son désir de travailler avec son conjoint. Car c’est évidemment une belle aventure, aux côtés de la personne qu’on aime. C’est avant tout la joie et le plaisir de mener cette expérience qui doit primer.

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“Nous nous complétons bien : ma femme aime faire les choses que je n’aime pas faire et vice-versa .”
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