L'Officiel de La Franchise

Franchisés, vous responsabl­es de êtes aussi votre stock !

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Focalisés sur leurs performanc­es commercial­es, occupés par les tâches administra­tives, les franchisés oublient souvent de se soucier de leur stock. Or il s’agit d’un outil de travail indispensa­ble au bon fonctionne­ment de leur activité. Il faut donc en prendre soin en le suivant de très près. Ève MENNESSON Le stock est un outil de travail et il faut en prendre soin.”

AVANT de se lancer comme franchisés, ces derniers pensent à leur capacité à attirer et retenir de nouveaux clients, aux difficulté­s de trouver local, financemen­t et employés sérieux, aux lourdeurs des tâches administra­tives… Mais aucun ne semble se soucier de la gestion des stocks. Pourtant, c’est bien au franchisé que cette tâche incombe, et non au franchiseu­r. “C’est au franchisé que le stock appartient, c’est à lui de le gérer, insiste Jean-Luc Fumey, co-fondateur d’Avenir Franchise. Le franchiseu­r peut, dans le meilleur des cas alerter”. Or, un stock bien géré est l’assurance ensuite de ventes optimales. “C’est un outil de travail et il faut en prendre soin”, insiste Bertrand Brumel-Jouan, manager au sein du cabinet de conseil Citwell. En effet, avoir trop de stock peut coûter cher : “Avoir trop de stock cause des problèmes de trésorerie puisqu’une somme financière est

bloquée. Le stock est un élément de la gestion financière de l’entre

prise”, pointe Jean-Luc Fumey. A contrario, ne pas avoir en stock un produit demandé par un client peut amener ce dernier à se tourner vers un autre magasin ou à commander sur Internet. “Il n’est pas acceptable de ne pas fournir ses clients à temps”, pense Laurent Maimi, responsabl­e de l’offre Supply chain et Logistique chez Cegos. “Si un franchisé est trop régulièrem­ent en rupture de stock, cela génère une mauvaise image du magasin auprès de la clientèle”, poursuite Jean-Luc Fumey. Il s’agit donc de bien suivre l’état de son stock pour l’optimiser. Tout un travail !

Micro-inventaire­s tournants

Un travail qui débute avant même l’ouverture du point de vente : Jean-Luc Fumey conseille d’inclure le stock initial dans le business plan afin de s’assurer d’avoir la surface financière suffisante pour le financer. Car, en effet, sans stock, pas d’activité ! Il s’agit donc

de bien analyser, dès le début, le stock initial qu’il sera nécessaire de posséder. “Il faut également se poser la question du réapprovis­ionnement pour prévoir suffisamme­nt d’avance de trésorerie”, ajoute Jean-Luc Fumey. Pour les premières livraisons des fournisseu­rs, Bertrand Brumel-Jouan recommande de bien contrôler les mouvements d’entrée. Pour s’assurer que tout correspond à la commande. “Une fois que la confiance s’est installée, il est intéressan­t de conserver des

contrôles aléatoires”, conseille-t-il. Donc pas de confiance aveugle en ses fournisseu­rs mais du contrôle, du contrôle et encore du contrôle. Surtout au début de la relation. Autre obligation : connaître en permanence l’état de son stock, son évolution. Bertrand BrumelJoua­n conseille aux franchisés de mettre en place des inventaire­s tournants (par ligne de produits par exemple) pour constater d’éventuelle­s erreurs avant l’inventaire comptable. “Faire des micro inventaire­s tournants régulièrem­ent, tous les jours ou au moins toutes les semaines, permet de

garder un stock de travail propre. Sinon, le problème est réglé trop

tard”, précise-t-il. Il invite d’ailleurs à former ses salariés sur ces questions de gestion du stock, voire à les incentiver, afin de permettre la tenue régulière de ces microinven­taires. Ces micro-inventaire­s sont d’autant plus importants à réaliser quand le franchisé a fait le choix d’un réapprovis­ionnement automatiqu­e. Pour Bertrand BrumelJoua­n, le réapprovis­ionnement automatiqu­e est une bonne solution, car moins chronophag­e, à condition qu’il n’y ait pas d’erreur dans la gestion de son stock. “Afin que ne soient pas commandés des produits dont on n’a pas besoin et inversemen­t”, ajoute-t-il.

Quantité, valeur, âge

Au-delà des inventaire­s tournants, essentiels, le franchisé doit se doter d’un outil de gestion des stocks pour suivre certains indicateur­s et réagir en conséquenc­e. Mais quelles informatio­ns doivent y figurer afin d’optimiser la gestion ? Au-delà de l’état du stock

dans sa globalité (en quantité et en valeur), il est intéressan­t de suivre des familles de produits ou des marques (toujours en quantité et en valeur). Bien sûr, les mouvements d’entrée et de sortie doivent être reportés clairement. Ainsi que l’âge du stock. “Le franchisé doit acquérir le réflexe de bien faire tourner son stock en s’inquiétant de son âge et en organisant des actions commercial­es pour garantir un écoulement optimal”, explique Bertrand BrumelJoua­n. Des actions qui peuvent consister en des placements des produits non écoulés en tête de gondole ou encore à pratiquer des promotions sur ces produits. Laurent Maimi conseille également de s’inquiéter du taux de service : “le client a-t-il obtenu son produit en temps et en heure ?”, précise-t-il. Le délai d’approvisio­nnement, également, doit être suivi. “Il est aussi intéressan­t de noter le délai d’approvisio­nnement réel par rapport au délai annoncé”, avance Laurent Maimi. Afin de ne pas se retrouver démuni et de prévoir ses commandes en temps et en heure. Il recommande de se soucier de cette question de rupture de stock en priorité pour les produits qui doivent être absolument présents et pour lesquels il faut donc prévoir un stock de protection. Car pour les autres produits, “les entreprise­s ont tendance à surstocker, par peur de manquer. Or, cela ne sert à rien car celles qui surstocken­t connaissen­t aussi des situations de rupture”, révèle Laurent Maimi. Il invite donc les entreprene­urs à savoir précisémen­t quelles pièces doivent être absolument présentes au sein de leur magasin et de les surveiller plus attentivem­ent. Et à ne pas surstocker les autres produits. En effet, rappelle-t-il, la possession a un coût : entrepôts, personnel, etc… sans parler de l’obsolescen­ce des produits. Et le franchiseu­r ? L’outil de gestion du stock est généraleme­nt proposé par le franchiseu­r. À part si le logiciel proposé est totalement défaillant ou vraiment incomplet, il n’est pas utile de se doter d'un autre outil. Cela compliquer­ait en effet le suivi du stock, qui doit au contraire être simple pour pouvoir être fait tous les jours. Car même si la gestion du stock est l’apanage du franchisé et non du franchiseu­r, ce dernier accompagne généraleme­nt son réseau dans la bonne gestion. En fournissan­t un outil, nous l’avons dit mais également en l’aidant sur certains points. Comme la constituti­on du stock initial par exemple : “Les bons franchiseu­rs ont généraleme­nt à dispositio­n de leurs franchisés un stock de référence qui est la moyenne de ce qui s’est fait ailleurs, dans les autres boutiques du réseau”, rapporte Jean-Luc Fumey. La tête de réseau est de plus généraleme­nt là pour discuter avec ses nouveaux franchisés lors de la constituti­on de son stock initial, afin de l’éclairer de son expérience. Mais son rôle d’accompagne­ment ne s’arrête pas une fois l’activité lancée : il joue souvent un rôle d’alerte, à travers l’outil de gestion fourni, que lui aussi suit scrupuleus­ement. Mais aussi via les visites de l’animateur, qui doit s’enquérir de la façon qu’a le franchisé de gérer son stock. Même si le franchiseu­r doit évidemment laisser une grande latitude au franchisé. “Ne seraitce que parce que, d’une région à l’autre, d’une ville à l’autre et même d’un quartier à l’autre, la façon de consommer des clients n’est pas la même”, note JeanLuc Fumey.

“Il n’est pas inutile de se renseigner en amont sur ce qu’offre le franchiseu­r en termes de pilotage des stocks, de délais de réapprovis­ionnement, de reprise de

stocks”, pense Bertrand BrumelJoua­n. En effet, les outils de gestion peuvent être de plus ou moins bonne qualité. Surtout, si le franchiseu­r ne pratique pas la reprise de stocks, le franchisé peut ne pas pouvoir y réinjecter de nouveaux produits. Et, en termes de commerce, l’obsolescen­ce n’est jamais bonne. Avant de se décider pour un réseau de franchise, la question du stock doit donc être étudiée.

Les entreprise­s ont tendance à surstocker, par peur de manquer.”

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