LE COMMERCE DOIT FAIRE SA MUTATION !
Autrefois, un commerçant devait avant tout savoir acheter un stock et pouvoir l’écouler en fonction de la pérennité des produits et des besoins des consommateurs. Il a longtemps été l’interlocuteur unique pour l’accès aux produits, imposant ainsi aux consommateurs ses choix sur des plages horaires. L’arrivée dans les années 60 des grands distributeurs a bousculé ces habitudes. Par André Marcon, président honoraire de CCI France, maire de SaintBonnet-Le-Froid (43).
L‘offre devenant toujours plus qualitative et abondante, et les prix de ce fait plus attractifs, on entre dans l’ère de la grande consommation. Ce phénomène s’est amplifié grâce aux facilités de stationnement souvent gratuits dont ont pu bénéficier les clients toujours plus mobiles et autonomes. Très vite l’amplitude d’ouverture de ces surfaces commerciales s’est étendue jusqu’à gommer la pause déjeuner, décaler la soirée, voire s’approprier le dimanche. Enfin, depuis une décennie, le commerce numérique est venu bouleverser les schémas traditionnels, facilitant une consommation totale, confortable et ouverte à tous nuits et jours. Aujourd’hui, on constate une évolution dans les attentes des consommateurs liées à de nouvelles tendances de vie. Pour exemple, les nouvelles générations privilégient les centres urbains et ceci pour de multiples raisons : ne plus perdre de temps dans les embouteillages, choisir un mode de vie plus simple laissant plus de place à une vie sociale plus riche et plus collaborative, ce que ne permettent pas les lotissements péri-urbains où la vie s’organise différemment et de manière moins connectée. Ces changements qui impactent toutes les catégories sociales poussent les individus à vivre dans des espaces mixtes ouverts à leurs interlands*, à proximité des maisons de services au public, des maisons de santé, des espaces de culture et de sport. En plus de ces services, ils recherchent des lieux de convivialité avec des terrasses de bistro et des commerces en bas de chez eux.
RENFORCER L’ATTRACTIVITÉ
Enfin, ces nouveaux consommateurs sont exigeants quant à la qualité et à la provenance des produits ; ce sont des valeurs écoresponsables qui se développent de plus en plus et les font passer d’un statut de chaland à un statut d’acteur de sa consommation. Pour y répondre, il importe de rendre les centres-villes plus attractifs avec une offre d’habitat élargie correspondant aux standards du XXIe siècle et une accessibilité renforcée pour répondre aux multiples besoins de chacun. Cela passe par une concertation accrue au bénéfice des décideurs locaux et des acteurs du rez-de-chaussée.
LE COMMERCE DOIT SAISIR CES NOUVELLES OPPORTUNITÉS…
Le commerce numérique qui continue sa lancée exponentielle doit être vu par le commerce de proximité comme une réelle opportunité. Pour cela, il doit créer de la valeur ajoutée aux commerçants, comme avec le “click & collect”, ce qui fait passer l’avenir du commerçant par un changement de statut. Il se doit de devenir le tiers de confiance de son client pour le guider dans ses choix et ainsi lui assurer une sécurité dans son acte d’achat. À nouveaux services, nouveaux métiers ! Les jeunes s’y mettent avec succès. Enfin la sacrosainte contrainte des ouvertures doit être remise en cause. Rien ne l’interdit au déjeuner et en soirée alors que pour le dimanche et les jours fériés, cela nécessiterait une évolution des textes législatifs. Soyons inventifs et mettons en place des systèmes d’emplois collectifs et partagés offrant aux commerçants l’opportunité d’augmenter l’amplitude des horaires d’ouverture en leur donnant la possibilité d’accéder à une main d’oeuvre temporaire. C’est une contrepartie naturelle à apporter aux décideurs locaux qui s’efforcent de revitaliser leur ville phare, héritière le plus souvent d’un patrimoine touristique riche, une ville qui vit aussi le dimanche après-midi. *zone d’influence et d’attraction économique de la ville.