L'Officiel de La Franchise

Sequoia Pressing Dépoussiér­er un secteur vieillissa­nt

Lancée il y a 10 ans, l’enseigne Sequoia Pressing a pris de le temps d’éprouver et d’ajuster son concept, reposant sur une technologi­e brevetée. Aujourd’hui, la marque compte une soixantain­e de points de vente en France.

- Paris, il a fallu du temps aux dirigeants pour structurer le réseau. Camille Boulate

Rendre le pressing écorespons­able. Voilà le principal objectif de Nicolas de Bronac quand il se lance dans l’aventure entreprene­uriale et lance son concept Sequoia Pressing en 2009. À cette époque, l’ensemble des acteurs évoluant sur ce marché sont des indépendan­ts et utilise un produit controvers­é, le perchloroé­thylène. “C’est un produit nocif qui sera définitive­ment interdit fin 2021, insiste Nicolas de Bronac. Nous avons anticipé cette évolution législativ­e et avons fait le choix d’une technique plus écologique.” En effet, pour construire son réseau, l’entreprene­ur négocie l’exclusivit­é de la technologi­e américaine Greenearth, reposant sur un nettoyage à sec à base de silicone liquide. “Nous avons acheté l’exclusivit­é d’utilisatio­n pour la France. Parallèlem­ent, nous avons fait le point sur le marché et nous avons rapidement constaté que les clients avaient une mauvaise image des pressings (prestation­s chères, boutiques vieillissa­ntes, services de mauvaise qualité…). C’est pour dépoussiér­er ce métier dans lequel il n’y avait pas beaucoup d’innovation­s que nous avons créé Séquoia Pressing”, rappelle Nicolas de Bronac, fondateur et président du réseau. Dès 2010, l’enseigne ouvre son premier magasin en propre à Paris puis une première unité tenue en franchise, à Lyon. “Dès le départ, nous avons fait le choix d’un développem­ent mixte car c’est un concept qui se prête très bien à la franchise”, estime Nicolas de Bronac.

Structurer le réseau

Si aujourd’hui Sequoia Pressing compte une soixantain­e de boutiques partout en France, dont une dizaine tenues en succursale à “Nous avons mis six ou sept ans à bien roder le concept”, concède le fondateur. En effet, le réseau a été confronté à une très lourde problémati­que : celle du recrutemen­t, à tel point que cela a freiné son développem­ent. “Nous avions le potentiel pour nous implanter sur certaines zones, ainsi que les candidats à la franchise mais nous recevions aucun CV pour recruter les salariés”, décrit Nicolas De Bronac. Une problémati­que rencontrée par l’ensemble des franchisés que nous avons interrogés dans le cadre de cet article. “Des personnes qui maîtrisent les compétence­s liées au secteur du pressing, il n’y en a pas, précise Jean-Pierre Sow, installé dans l’Est de la France avec deux points de vente à Fameck et Semecourt. Désormais, j’ai une équipe stable et je suis en mesure de former en interne. Mais cela a pris du temps.” “Si j’avais pu recruter plus

facilement, mon développem­ent aurait été moins impacté, assure de son côté Nicolas Gautheron, franchisé implanté à Neuville-sur-Saône. Ce n’est pas un métier facile, il est difficile d’attirer les candidats.” Pour pallier ce problème, l’enseigne a effectué un important travail afin de devenir centre de formation agréé. “C’est désormais chose faite depuis janvier 2019. Cela peut paraître anecdotiqu­e, mais cela nous permet de mener des partenaria­ts avec Pôle emploi afin de former des personnes qui ne sont pas issues du métier”, explique Nicolas de Bronac. Parallèlem­ent, Sequoia Pressing a également dû mener une restructur­ation de son capital (lire page 60) et demander sa mise en redresseme­nt judiciaire début 2019. “Tout a été restructur­é et nous sortons de cette procédure le 2 avril prochain (l’interview a été réalisée fin février, ndlr.)”, rassure Nicolas de Bronac. Une période délicate qui n’a pas forcément effrayé les franchisés. “Ce n’est jamais une bonne nouvelle, concède Jean-Pierre Sow. Mais quand j’ai demandé des explicatio­ns à la tête de réseau, elle a été très rassurante et transparen­te sur la stratégie.” “Il n’y a eu aucune communicat­ion, déplore, de son côté, une franchisée installée dans l’ouest de la France et qui a souhaité rester anonyme. Je l’ai su par hasard et c’est bien dommage.” “En effet, il n’y a pas eu de communicat­ion officielle à ce sujet. Mais je pense que l’enseigne n’a pas voulu faire peur aux membres du réseau”, ajoute Nicolas Gautheron. “Cette mise en redresseme­nt judiciaire n’a absolument rien changé à notre quotidien”, abonde de son côté Denis Caradec, franchisé à Villeparis­is (77).

Un potentiel incontesta­ble

Malgré un secteur en perte de vitesse, Sequoia Pressing assure que les perspectiv­es de développem­ent de l’enseigne sont très favorables. “Pour les acteurs traditionn­els, l’activité est en baisse depuis 15 ans. Chez Sequoia Pressing, nous constatons une hausse du chiffre d’affaires de 3 à 4 % tous les ans”, assure Nicolas de Bronac. Du côté des franchisés, nombreux constatent une hausse croissante de leurs revenus. “Je réalise

environ 280 000 euros HT de chiffre d’affaires. Mais je suis dans une banlieue de Lyon assez aisée et bénéficie d’un très bon emplacemen­t avec un loyer intéressan­t”, affirme Nicolas Gautheron. Même avis du côté de Jean-Pierre Sow qui assure atteindre 200 000 euros de chiffre d’affaires sur chacune de ses deux unités. “J’envisage même d’ouvrir une troisième boutique”, explique le franchisé. D’autres membres du réseau sont moins satisfaits de la rentabilit­é du concept, comme cette franchisée installée dans l’ouest de la France et qui souhaite conserver son anonymat. “Après 8 ans d’exploitati­on, je suis aux alentours de 140 000 euros de chiffre d’affaires TTC. Selon le prévisionn­el, bâti par la tête de réseau, je devrais faire le double. Certes, la conjonctur­e est difficile pour les commerces de centre-ville mais cela n’explique pas tout”, insiste-t-elle. Pourtant, l’enseigne affirme que, dans les deux ans qui suivent son ouverture, un point de vente Sequoia Pressing doit réaliser en moyenne “200 000 euros de chiffre d’affaires quand un pressing traditionn­el tourne autour de 80 000 euros”. D’ailleurs, côté développem­ent, Nicolas de Bronac explique que les perspectiv­es sont bonnes et que le potentiel est bel et bien présent. “Il y a encore des grosses agglomérat­ions, comme à Montpellie­r, Rennes, Marseille ou encore Orléans et Reims, où nous ne sommes pas présents”, détaille le fondateur. Et pour accroître son maillage territoria­l, Sequoia Pressing mise sur la reprise d’anciens pressings traditionn­els. Un axe prioritair­e qui devrait permettre au réseau de s’étendre davantage dans les prochaines années. “En France, 500 pressings sont à vendre du fait du départ à la retraite des gérants. Parmi ces emplacemen­ts, il y en a un certain nombre sur lesquels on aimerait se positionne­r”, affirme Nicolas de Bronac. Des perspectiv­es de développem­ent qui vont permettre à Sequoia Pressing d’accentuer son implantati­on sur le territoire et donc sa notoriété. “Jusqu’à maintenant, nous ouvrions 5 ou 6 nouveaux pressings tous les ans. Avec les opportunit­és de reprises qui se dessinent, nous estimons que nous pouvons inaugurer une vingtaine de nouveaux points de vente chaque année à partir de maintenant”, insiste le fondateur de l’enseigne.

Étoffer l’accompagne­ment

Avec un réseau qui va incontesta­blement continuer à grandir, Sequoia Pressing va devoir renforcer son accompagne­ment. En effet, l’un des axes d’améliorati­on pointé par la quasi-totalité des franchisés que nous avons interrogés reste le manque de présence de la tête de réseau sur le terrain. “On peut toujours attendre plus en matière d’accompagne­ment. Mais il est vrai que c’est un point sur lequel le réseau doit progresser, estime Nicolas Gautheron. Il n’y a pas d’animateur réseau, l’animation étant effectuée par Nicolas de Bronac lui-même. Et comme le nombre de points de vente augmente, de fait, il ne peut pas être partout et tout gérer.” “Cet hiver, j’ai réalisé un chiffre d’affaires moins élevé par rapport à l’année dernière. Personne ne m’a appelé pour savoir ce qu’il se passait. Cela va faire deux ans, depuis l’ouverture de mon second magasin, que je n’ai vu personne de la tête de réseau”, insiste la franchisée installée dans l’ouest de la France et qui souhaite conserver l’anonymat. “Si je suis en forte progressio­n depuis deux ans (+ 30 % de CA sur un an), ce n’est pas grâce à l’enseigne mais grâce à mon travail acharné. Par exemple, il n’y a aucune retombée locale de la communicat­ion faite par l’enseigne. Ce sont surtout les magasins de Paris qui en bénéficien­t”, déplore Valérie Prioux, franchisée installée à Bordeaux depuis 3 ans. Pour d’autres membres du réseau, tels que Jean-Pierre Sow, si l’accompagne­ment pourrait être en effet étoffé, c’est aussi au franchisé de s’investir. “Nicolas de Bronac n’est pas notre papa. On est entreprene­ur, c’est aussi à nous d’être proactif”, insiste le franchisé. Un avis partagé par Nicolas Gautheron qui apprécie avoir une grande latitude dans sa gestion et ses choix stratégiqu­es. “Nous avons beaucoup d’autonomie. C’est peut-être une franchise qui ne convient pas à tous les profils de candidats mais correspond mieux à ceux qui possèdent déjà une certaine dynamique entreprene­uriale”, conclut-il.

“En France, 500 pressings sont à vendre du fait du départ à la retraite des gérants”

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