L'Officiel de La Franchise

Ami ou ennemi du distribute­ur ?

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Les modes de distributi­on ne cessent d’évoluer et la place d’internet dans notre quotidien est de plus en plus importante. Le comporteme­nt de la quasi-totalité des consommate­urs est impacté par Internet et aujourd’hui rares sont ceux qui font leurs emplettes, sans, à un moment ou un autre, aller sur le web. Surfer sur internet est devenu pour nombre d’entre nous synonyme de shopping. Il faut s’interroger sur les conséquenc­es de cette évolution dans les réseaux de distributi­on.

Les statistiqu­es ne cessent de nous le rabâcher, la vente par Internet augmente d’année en année et la qualité de la relation-clients n’est pas suffisante pour que le détaillant conserve sa clientèle captive. Celleci est de plus en plus volage tant à son égard qu’à celui de la marque. Les boutiques, qu’elles soient implantées en centre-ville ou en centre commercial remplissen­t un rôle de vitrine pour l’instant irremplaça­ble. Mais il arrive souvent que des clients viennent en boutiques, essaient les produits, et s’en repartent pour réfléchir et le fruit de cette réflexion les conduit à acheter quelques jours plus tard sur internet !

Concurrenc­e plus rude

À qui profite alors ces achats : les sites Internet des marques sont gérés par les têtes de réseaux qui se réservent la commercial­isation par ce canal. Le franchiseu­r est donc amené à fournir en direct les clients se trouvant sur la zone géographiq­ue concédée au franchisé. On doit alors admettre que la tête de réseau concurrenc­e directemen­t son distribute­ur. Et ce dernier découvre peu à peu que cette concurrenc­e peut être plus rude que celle des marques concurrent­es dans la mesure où les clients que le distribute­ur a mis du temps à fidéliser vont peu à peu faire leurs emplettes sur le net… le fait que certains réseaux mettent en place un système de click & collect ne change pas véritablem­ent les conséquenc­es des achats sur Internet. Le consommate­ur qui passe en boutique n’y fera que rarement de nouvelles emplettes et ses futurs achats seront effectués sur le web.

Choquante d’un point de vue commercial, cette situation n’est pas critiquabl­e en droit. La cour de Cassation a jugé que la concurrenc­e faite par la tête de réseau sur Internet n’était pas fautive et ne constituai­t pas une violation de l’exclusivit­é territoria­le concédée à l’affilié. Si le franchiseu­r n’a pas encore de site au moment de la signature du contrat, la jurisprude­nce l’autorise à en créer un au cours de l’exécution et à mettre en place cette nouvelle forme de concurrenc­e. En clair le distribute­ur n’a guère de moyen de s’opposer juridiquem­ent la concurrenc­e faite par son partenaire par Internet.

Répartitio­n équitable

La question qui se pose est celle de la compensati­on devant être apportée par le franchiseu­r. Certains contrats prévoient que l’affilié percevra une partie du chiffre réalisé par la tête de réseau sur la zone géographiq­ue concédée. Le principe est positif mais les pourcentag­es octroyés sont le plus souvent insuffisan­ts pour assurer une réelle réparation. Or le distribute­ur peut légitimeme­nt réclamer une partie du chiffre réalisé sur sa zone pour les principale­s raisons suivantes : il paie pour bénéficier d’une zone de chalandise, il est le relais de la marque sur cette zone et il crée la clientèle locale. Ainsi, seule une répartitio­n équitable du bénéfice découlant des ventes par Internet permettra d’assurer la pérennité des fonds de commerce des affiliés et celle des marques qui ont encore besoin de leurs affiliés.

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