Déconfinement et reprise d’activité
Comment rouvrir en minimisant les risques ?
Depuis le 11 mai dernier, certains commerçants ont l’autorisation d’ouvrir à nouveau leur point de vente. Dans ce cadre relativement anxiogène, il est des mesures à prendre immédiatement pour favoriser une reprise de l’activité le plus sereinement possible.
i depuis quelques semaines, les commerces ont redémarré leur activité certains se posent encore des questions sur les modalités de reprise. Tout d’abord, doit-on rouvrir son point de vente ? De nombreuses incertitudes persistent à ce sujet. Certains experts estiment même qu’une réouverture précipitée peut mettre l’activité d’un franchisé en péril. Il peut être alors utile de bien vérifier qu’une ouverture soit tout de suite rentable ou tout du moins peu déficitaire. “Dans certains cas il faut parfois mieux laisser son personnel en chômage partiel et attendre septembre pour rouvrir”, explique Laurent Delafontaine, co-fondateur du cabinet conseil spécialisé en franchise Axe Réseaux. Et ce dernier de poursuivre : “Je pense, en particulier, aux restaurants parisiens qui ne bénéficieront pas des touristes cet été. En franchise, viendra se poser la question contractuelle car le franchisé a souvent l’obligation d’ouvrir toute l’année…” Lorsque la réouverture a été actée, certaines conduites peuvent être immédiatement applicables. “Si l’ensemble des salariés ne peuvent être en mesure de reprendre le travail, il est donc essentiel que le franchisé les contacte au plus tôt afin de garder le lien, connaître leur position, mesurer leurs appréhensions et s’assurer de leur capacité à reprendre le travail à la date prévue”, précise Olga Romulus, expertcomptable Fiducial et membre du Collège des experts de la Fédération française de la franchise.
SENSIBILISER LES SALARIÉS
De nouvelles conditions de travail peuvent voir le jour. De même, des changements seront peut-être envisagés en matière de jours d’ouverture ou d’amplitude horaire souhaitée. Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé du cabinet Franchise Management, estime, de son côté, que les procédures d’hygiène devront être scrupuleusement respectées par le personnel : “Je pense notamment à la formation des salariés et au rôle crucial des animateurs dans le contrôle de la bonne application des règles sanitaires. Dans cette période anxiogène, les clients ne pardonneront pas les écarts de conduite.”
SÉCURISER LE STOCK
Bien entendu, la gestion du stock ne doit pas être négligée. En fonction de la prévision de ventes, il faut définir le stock de départ et le cadencier des commandes suivantes. “Il faut vérifier les fournisseurs qui continuent de livrer, trouver des alternatives en cas de rupture de stocks, bien vérifier que les accès sont possibles, puis assurer les contrôles à l’arrivage et la mise en rayon. Il faut négocier au mieux les délais de paiement car la facture de réouverture sera forcément plus importante qu’un simple réassort”, remarque Laurent Delafontaine. Même constat pour Olga Romulus. Pour cette
dernière, il est impératif de contacter au plus vite les fournisseurs pour bien connaître leur situation, leurs nouvelles contraintes : dispositions sanitaires, modification des délais de livraison, des quantités minimales, de l’offre tarifaire ou des conditions de règlements. “Il ne faut pas hésiter à solliciter sa centrale de référencements ou d’achats pour simplifier ces démarches”, précise Olga Romulus. Vient ensuite la délicate question de la trésorerie. Il a fallu couvrir le financement du besoin en fonds de roulement lié à l’arrêt brutal de l’activité. “Ces mesures de sauvegarde n’étant pas des annulations de charge ou des dons, il va maintenant falloir intégrer le remboursement de ces sommes suspendues ou nées lors de la crise sanitaire”, remarque Olga Romulus avant de compléter son propos : “Il est donc nécessaire pour que le franchisé prépare au mieux sa reprise, de bâtir un prévisionnel de trésorerie à court terme, inférieur de 12 mois, pour piloter au plus juste les besoins de trésorerie liés à la reprise et l’apurement de ces dettes.”
RASSURER LA CLIENTÈLE
Ces deux mois de confinement ont laissé des traces. La confiance doit se regagner, surtout chez des consommateurs doublement méfiants. Pour Sylvain Bartolomeu, il est vital d’informer les clients pour les rassurer : “Nous sommes dans une période émotionnelle à juste titre. On apprend que 6 à 20 % de la population française aurait été touchée par le Covid-19, ce qui est faible et donc anxiogène pour beaucoup de consommateurs. Un client qui n’est pas rassuré ne viendra pas et refusera qu’on intervienne chez lui. Il faut donc, au-delà des procédures, informer sur la mise en place des dites procédures.” Dans ce cadre, il est donc opportun de réaliser plusieurs fois le tour du point de vente avec un regard client pour retirer toutes publicités ou informations d’avant crise qui n’ont plus lieu d’être du tout. “Il peut être d’ailleurs intéressant d’ouvrir en blanc la veille à des amis ou du personnel pour tester l’environnement. Ce procédé d’ouverture sans clients permet de s’assurer du bon fonctionnement du magasin et surtout d’anticiper d’éventuels dysfonctionnements”, explique Laurent Delafontaine. La communication permet beaucoup de choses. Il est utile de faire connaître, soit par SMS soit par e-mail, la date de réouverture à ses clients. En fonction de la taille de l’enseigne, il ne faut pas hésiter à mettre en avant le redémarrage de l’activité sur les réseaux sociaux.