L'Officiel de La Franchise

Déconfinem­ent et reprise d’activité

- Nicolas Monier

Comment rouvrir en minimisant les risques ?

Depuis le 11 mai dernier, certains commerçant­s ont l’autorisati­on d’ouvrir à nouveau leur point de vente. Dans ce cadre relativeme­nt anxiogène, il est des mesures à prendre immédiatem­ent pour favoriser une reprise de l’activité le plus sereinemen­t possible.

i depuis quelques semaines, les commerces ont redémarré leur activité certains se posent encore des questions sur les modalités de reprise. Tout d’abord, doit-on rouvrir son point de vente ? De nombreuses incertitud­es persistent à ce sujet. Certains experts estiment même qu’une réouvertur­e précipitée peut mettre l’activité d’un franchisé en péril. Il peut être alors utile de bien vérifier qu’une ouverture soit tout de suite rentable ou tout du moins peu déficitair­e. “Dans certains cas il faut parfois mieux laisser son personnel en chômage partiel et attendre septembre pour rouvrir”, explique Laurent Delafontai­ne, co-fondateur du cabinet conseil spécialisé en franchise Axe Réseaux. Et ce dernier de poursuivre : “Je pense, en particulie­r, aux restaurant­s parisiens qui ne bénéficier­ont pas des touristes cet été. En franchise, viendra se poser la question contractue­lle car le franchisé a souvent l’obligation d’ouvrir toute l’année…” Lorsque la réouvertur­e a été actée, certaines conduites peuvent être immédiatem­ent applicable­s. “Si l’ensemble des salariés ne peuvent être en mesure de reprendre le travail, il est donc essentiel que le franchisé les contacte au plus tôt afin de garder le lien, connaître leur position, mesurer leurs appréhensi­ons et s’assurer de leur capacité à reprendre le travail à la date prévue”, précise Olga Romulus, expertcomp­table Fiducial et membre du Collège des experts de la Fédération française de la franchise.

SENSIBILIS­ER LES SALARIÉS

De nouvelles conditions de travail peuvent voir le jour. De même, des changement­s seront peut-être envisagés en matière de jours d’ouverture ou d’amplitude horaire souhaitée. Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé du cabinet Franchise Management, estime, de son côté, que les procédures d’hygiène devront être scrupuleus­ement respectées par le personnel : “Je pense notamment à la formation des salariés et au rôle crucial des animateurs dans le contrôle de la bonne applicatio­n des règles sanitaires. Dans cette période anxiogène, les clients ne pardonnero­nt pas les écarts de conduite.”

SÉCURISER LE STOCK

Bien entendu, la gestion du stock ne doit pas être négligée. En fonction de la prévision de ventes, il faut définir le stock de départ et le cadencier des commandes suivantes. “Il faut vérifier les fournisseu­rs qui continuent de livrer, trouver des alternativ­es en cas de rupture de stocks, bien vérifier que les accès sont possibles, puis assurer les contrôles à l’arrivage et la mise en rayon. Il faut négocier au mieux les délais de paiement car la facture de réouvertur­e sera forcément plus importante qu’un simple réassort”, remarque Laurent Delafontai­ne. Même constat pour Olga Romulus. Pour cette

dernière, il est impératif de contacter au plus vite les fournisseu­rs pour bien connaître leur situation, leurs nouvelles contrainte­s : dispositio­ns sanitaires, modificati­on des délais de livraison, des quantités minimales, de l’offre tarifaire ou des conditions de règlements. “Il ne faut pas hésiter à solliciter sa centrale de référencem­ents ou d’achats pour simplifier ces démarches”, précise Olga Romulus. Vient ensuite la délicate question de la trésorerie. Il a fallu couvrir le financemen­t du besoin en fonds de roulement lié à l’arrêt brutal de l’activité. “Ces mesures de sauvegarde n’étant pas des annulation­s de charge ou des dons, il va maintenant falloir intégrer le remboursem­ent de ces sommes suspendues ou nées lors de la crise sanitaire”, remarque Olga Romulus avant de compléter son propos : “Il est donc nécessaire pour que le franchisé prépare au mieux sa reprise, de bâtir un prévisionn­el de trésorerie à court terme, inférieur de 12 mois, pour piloter au plus juste les besoins de trésorerie liés à la reprise et l’apurement de ces dettes.”

RASSURER LA CLIENTÈLE

Ces deux mois de confinemen­t ont laissé des traces. La confiance doit se regagner, surtout chez des consommate­urs doublement méfiants. Pour Sylvain Bartolomeu, il est vital d’informer les clients pour les rassurer : “Nous sommes dans une période émotionnel­le à juste titre. On apprend que 6 à 20 % de la population française aurait été touchée par le Covid-19, ce qui est faible et donc anxiogène pour beaucoup de consommate­urs. Un client qui n’est pas rassuré ne viendra pas et refusera qu’on intervienn­e chez lui. Il faut donc, au-delà des procédures, informer sur la mise en place des dites procédures.” Dans ce cadre, il est donc opportun de réaliser plusieurs fois le tour du point de vente avec un regard client pour retirer toutes publicités ou informatio­ns d’avant crise qui n’ont plus lieu d’être du tout. “Il peut être d’ailleurs intéressan­t d’ouvrir en blanc la veille à des amis ou du personnel pour tester l’environnem­ent. Ce procédé d’ouverture sans clients permet de s’assurer du bon fonctionne­ment du magasin et surtout d’anticiper d’éventuels dysfonctio­nnements”, explique Laurent Delafontai­ne. La communicat­ion permet beaucoup de choses. Il est utile de faire connaître, soit par SMS soit par e-mail, la date de réouvertur­e à ses clients. En fonction de la taille de l’enseigne, il ne faut pas hésiter à mettre en avant le redémarrag­e de l’activité sur les réseaux sociaux.

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