Interview
CPME : “Il faut que les assureurs sortent du bois”
François Asselin évoque avec nous les inquiétudes des entrepreneurs et ses attentes en matière de mesures gouvernementales. Le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CPME) attend d’Emmanuel Macron la mise en place d’un plan économique fort mais QUEL EST VOTRE SENTIMENT SUR LES MESURES PRISES PAR EMMANUEL MACRON ?
Dans un premier temps, les mesures gouvernementales ont été bien pensées et bien calibrées. Le dispositif s’est adapté au fil de l’évolution de la crise sanitaire. J’ai néanmoins le sentiment que l’on a repoussé le tas de sable. Il faudra bien rembourser ce qui a été décalé ou repoussé. J’espère donc que le gouvernement d’Édouard Philippe va continuer à mettre en place des mesures de soutien aux entreprises. Il conviendra de maintenir les dispositifs de soutien aux entreprises et d’envisager des annulations de charges sociales et fiscales. Il faudra en tirer les conséquences, notamment en maintenant les mesures d’accompagnement des entreprises. La possibilité de recourir au chômage partiel devra donc, par exemple, aller au-delà du 1er juin. Il faudra être combatif sur le plan économique avec la mise en place d’un plan de relance fort.
ON A BEAUCOUP ÉVOQUÉ L’ÉPINEUSE QUESTION DES BAILLEURS OU DES ASSUREURS. QU’EN PENSEZ-VOUS ?
La question des bailleurs est complexe. Il faut distinguer les bailleurs institutionnels dont on attendait un geste. À savoir, a minima décaler ou annuler les loyers pendant le confinement. Puis il convient de faire la différence avec d’autres bailleurs, artisans ou commerçants, dont le loyer perçu est quelque fois une grosse partie de leur retraite. C’est donc un sujet complexe et délicat. Quant aux assureurs, le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’ont pas été très réactifs. Il faut qu’ils sortent du bois. Depuis le début du confinement, les assureurs-crédit se désengagent massivement. Certains secteurs considérés par eux comme à risque font même l’objet d’une politique systématique de radiation des couvertures. Beaucoup d’entrepreneurs se sont rendu compte, lors de cette crise sanitaire, que leur perte d’exploitation n’était pas couverte par leur police d’assurance.
QUEL EST L’ÉTAT D’ESPRIT DES DIRIGEANTS DE PME ?
Je dirais que le sentiment est ambivalent. Une grande majorité a très envie de redémarrer son activité et d’enfin remettre les choses en route. Mais parallèlement, ils font face à des contraintes nouvelles. Comment bien recevoir leurs clients face aux normes sanitaires ? La Confédération réclamait, pour les TPE-PME, une aide pour financer les nouveaux équipements indispensables pour éviter la propagation du virus Covid-19. Elle vient de l’obtenir, c’est une bonne chose. Mais les dirigeants se posent beaucoup de questions : Quelles vont être les réactions des consommateurs ? Est-ce que les normes sanitaires ne vont pas trop impacter leur modèle économique ? Beaucoup font face à des problèmes de trésorerie. C’est assez problématique d’ailleurs lorsque le niveau d’endettement doit couvrir les frais de fonctionnement et non plus les besoins d’investissements.