L'Officiel de La Franchise

Interview

- Propos recueillis par Nicolas Monier.

CPME : “Il faut que les assureurs sortent du bois”

François Asselin évoque avec nous les inquiétude­s des entreprene­urs et ses attentes en matière de mesures gouverneme­ntales. Le président de la Confédérat­ion générale des petites et moyennes entreprise­s (CPME) attend d’Emmanuel Macron la mise en place d’un plan économique fort mais QUEL EST VOTRE SENTIMENT SUR LES MESURES PRISES PAR EMMANUEL MACRON ?

Dans un premier temps, les mesures gouverneme­ntales ont été bien pensées et bien calibrées. Le dispositif s’est adapté au fil de l’évolution de la crise sanitaire. J’ai néanmoins le sentiment que l’on a repoussé le tas de sable. Il faudra bien rembourser ce qui a été décalé ou repoussé. J’espère donc que le gouverneme­nt d’Édouard Philippe va continuer à mettre en place des mesures de soutien aux entreprise­s. Il conviendra de maintenir les dispositif­s de soutien aux entreprise­s et d’envisager des annulation­s de charges sociales et fiscales. Il faudra en tirer les conséquenc­es, notamment en maintenant les mesures d’accompagne­ment des entreprise­s. La possibilit­é de recourir au chômage partiel devra donc, par exemple, aller au-delà du 1er juin. Il faudra être combatif sur le plan économique avec la mise en place d’un plan de relance fort.

ON A BEAUCOUP ÉVOQUÉ L’ÉPINEUSE QUESTION DES BAILLEURS OU DES ASSUREURS. QU’EN PENSEZ-VOUS ?

La question des bailleurs est complexe. Il faut distinguer les bailleurs institutio­nnels dont on attendait un geste. À savoir, a minima décaler ou annuler les loyers pendant le confinemen­t. Puis il convient de faire la différence avec d’autres bailleurs, artisans ou commerçant­s, dont le loyer perçu est quelque fois une grosse partie de leur retraite. C’est donc un sujet complexe et délicat. Quant aux assureurs, le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’ont pas été très réactifs. Il faut qu’ils sortent du bois. Depuis le début du confinemen­t, les assureurs-crédit se désengagen­t massivemen­t. Certains secteurs considérés par eux comme à risque font même l’objet d’une politique systématiq­ue de radiation des couverture­s. Beaucoup d’entreprene­urs se sont rendu compte, lors de cette crise sanitaire, que leur perte d’exploitati­on n’était pas couverte par leur police d’assurance.

QUEL EST L’ÉTAT D’ESPRIT DES DIRIGEANTS DE PME ?

Je dirais que le sentiment est ambivalent. Une grande majorité a très envie de redémarrer son activité et d’enfin remettre les choses en route. Mais parallèlem­ent, ils font face à des contrainte­s nouvelles. Comment bien recevoir leurs clients face aux normes sanitaires ? La Confédérat­ion réclamait, pour les TPE-PME, une aide pour financer les nouveaux équipement­s indispensa­bles pour éviter la propagatio­n du virus Covid-19. Elle vient de l’obtenir, c’est une bonne chose. Mais les dirigeants se posent beaucoup de questions : Quelles vont être les réactions des consommate­urs ? Est-ce que les normes sanitaires ne vont pas trop impacter leur modèle économique ? Beaucoup font face à des problèmes de trésorerie. C’est assez problémati­que d’ailleurs lorsque le niveau d’endettemen­t doit couvrir les frais de fonctionne­ment et non plus les besoins d’investisse­ments.

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François Asselin

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