Interview
Alexis Bourdon, président du Snarr (syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide) revient sur la crise sanitaire et économique qui frappe le secteur de la restauration française.
Snarr : “Un taux réduit de TVA de 5,5 %”
ESTIMEZ-VOUS QUE LE GOUVERNEMENT AILLE ASSEZ LOIN POUR PRÉSERVER ET ESSAYER DE RÉDUIRE LA CHUTE BRUTALE D'ACTIVITÉ DANS CE SECTEUR DÉSORMAIS FRAGILISÉ ?
Depuis le début de la crise et avec la fermeture de la quasi-totalité des points de vente, la profession est pleinement mobilisée pour porter ses préoccupations auprès des pouvoirs publics. À noter, la réduction d’activité est aujourd’hui estimée à plus de 90 %. Nos échanges sont constructifs, fructueux et le soutien de l’État est là, avec l’ensemble des mesures d’accompagnement mises en place. Un chemin a été parcouru, avec la prise en charge du chômage partiel et l’annulation des loyers pour les TPE pendant la période de confinement. Malgré cela, et comme dans d’autres secteurs, les charges fixes (salaires, loyers, assurances, etc.) continuent de peser lourdement sur nos entreprises, à l’arrêt depuis plusieurs semaines. Par ailleurs, les situations de l’ensemble de nos entreprises ne sont pas suffisamment prises en compte, les aides et mesures actuelles étant pour une grande part fléchées vers les TPE, alors que de nombreux groupes et entreprises de taille moyenne/intermédiaire et de franchisés sont également concernés.
COMMENT VOS ADHÉRENTS ONT-ILS VÉCU CETTE FERMETURE SOUDAINE ?
Face à une situation sanitaire d’une telle ampleur, la solidarité nationale a plus que jamais son sens et les acteurs de la restauration rapide entendent jouer leur part. C’est ce qui nous a amené à suspendre l’ensemble de nos activités afin d’accompagner les mesures d’endiguement de l’épidémie mais également à répondre à l’appel du gouvernement de maintenir l’activité économique, à chaque fois que cela était possible. Nos adhérents ont mis à profit ces semaines de fermeture pour réviser leurs procédures de fonctionnement permettant de prendre en compte l’exigence de protection des salariés et des clients au regard du risque Covid-19, dans les cuisines et les salles de vente et d’accueil. Ces démarches de maîtrise sanitaire viennent compléter et renforcer les plans habituellement mis en oeuvre dans les restaurants. Par exemple, l’adaptation des gestes barrières dans le contexte de l’exiguïté de nos cuisines est un réel défi. C’est malgré tout une priorité absolue, une condition sine qua non à la reprise. Des partages de bonnes pratiques sont en cours entre nos adhérents et des échanges ont lieu en ce moment avec les pouvoirs publics. Les activités de vente à emporter et de livraison, qui reprennent dans certains établissements, constituent également des tests très utiles pour éprouver les nouvelles procédures.
COMMENT PRÉPARER LA SORTIE DE CRISE D'APRÈS VOUS ?
Il faut se le dire : la reprise de nos activités, quel qu’en soit le rythme, est primordiale afin de redonner vie à nos restaurants. Et nous avons besoin des pouvoirs publics à nos côtés pour co-construire les conditions du déconfinement afin de réussir collectivement à remettre en selle l’économie française. Il est nécessaire que de nouvelles mesures soient entérinées pour accompagner les restaurateurs, parmi lesquelles les exonérations de charges patronales mais aussi et surtout une application à l’ensemble de nos activités de restauration d’un taux réduit de TVA de 5,5 %, jusqu’à la fin de l’année 2020. Cette mesure est de nature à redonner des marges financières aux restaurateurs, marges nécessaires pour atteindre un point d’équilibre malgré la lourdeur des charges fixes. C’est une mesure que vient d’ailleurs d’adopter l’Allemagne en annonçant que le taux de la nourriture consommée sur place passerait de 19 % à 7 % de TVA au 1er juillet, preuve que nous avons, dans l’ensemble de l’Union européenne, un enjeu similaire de faire repartir l’activité.