L'Officiel de La Franchise

Une filiere en quete d'un nouveau souffle

- Nicolas Monier

Si tous les restaurant­s de France ont désormais l’autorisati­on de rouvrir, force est de constater que dans les faits la reprise s’avère plus compliquée que prévu. Encore trop d’inégalités demeurent entre les régions, les villes et même les quartiers. Cartograph­ie de cette France qui a remis le couvert. n attendait une reprise en fanfare. La réalité est finalement plus complexe. Pour l’expert Bernard Boutboul, cette reprise s’avère assez inquiétant­e. “Beaucoup d’irrégulari­tés demeurent entre les villes et même les quartiers. Les zones touristiqu­es ou marquées par les emplois tertiaires sont à la peine dans les grandes villes. Qui plus est, on se rend compte que les fast-foods souffrent autant que les restaurant­s gastronomi­ques”, explique le fondateur du cabinet Gira. Et ce dernier d’ajouter : “À Paris, première ville touristiqu­e mondiale, la situation est compliquée. D’après nos derniers chiffres, encore 15 % des restaurant­s parisiens n’ont toujours pas rouvert. Sur ces 15 %, 15 % le sont pour cause de travaux, 30 % pour cause de chômage partiel, préférant rester sous perfusion étatique, 30 % restent fermés car, à ce jour, aucun chiffre d’affaires n’est envisageab­le. Ces établissem­ents étant implantés dans une zone touristiqu­e ou tertiaire. Les 15 % restant sont fermés définitive­ment.” Un avis partagé par Siben N'ser, le fondateur de Planet Sushi. Même si l’enseigne enregistre à Paris une hausse de son activité de + 10 % par rapport à la même période, l’année dernière, le dirigeant évoque l’avenir avec inquiétude. “J’ai le sentiment, que durant l’été, nos restaurant­s franchisés dans le Sud tireront leur épingle du jeu. Mais à Paris, nous allons sans doute souffrir car les touristes ne sont toujours pas là. Quant à la rentrée, cela me fait peur, mais nous nous y préparons.”

AGILITÉ ET INNOVATION

On l’aura compris, il faudra plus de temps que prévu pour amorcer une vraie reprise. Certaines enseignes essaient de se rassurer via le développem­ent de leurs autres canaux de distributi­on : livraison, click and collect, drive. “Le ticket moyen est pour l’instant artificiel­lement élevé, du fait de la prépondéra­nce de certains canaux de vente (livraison / click and collect) qui donnent lieu à rassembler plusieurs menus sur un ticket”, explique l’enseigne Subway. Des constats partagés par l’ensemble des enseignes interrogée­s pour l’occasion. “La vente à emporter a regagné assez rapidement son niveau normal. En ce qui concerne la livraison, sachant que nous sommes liés à une saisonnali­té de notre activité, les chiffres baissent avec le beau temps”, explique Bruno Bourrigaul­t, le dirigeant de l’enseigne Speed Burger. La nécessité de multiplier les canaux de vente s’est imposée naturellem­ent au sein de la plupart des enseignes. Ainsi, une étude menée par LaFourchet­te, filiale de Tripadviso­r, montrait qu’avant l’épidémie, seuls 18 % des restaurate­urs interrogés proposaien­t le service à emporter, 30 % l’ont exploré pendant la pandémie et 61 % d’entre eux souhaitaie­nt continuer à développer cette offre. Au sein de l’enseigne Memphis, même si la livraison et le click and collect ont représenté seulement 5 % du CA du groupe en juin, la hausse, a périmètre constant, a bondi de plus de 92 %. Bien évidemment, la chaîne spécialisé­e en cuisine américaine va évangélise­r sa formule de click and collect

à l’ensemble de son réseau au courant du mois de juillet prochain.

LIMITER LA CASSE

Par ailleurs la réouvertur­e de la restaurati­on en salle a eu pour conséquenc­e de créer un jeu de chaises musicales. Comme cela a été

le cas pour la franchise Speed Burger :“De notre côté, le CA a baissé suite à la réouvertur­e des restaurant­s qui, pendant la crise, étaient pour la plupart fermés. Le service en salle a mis un peu de temps à faire revenir une clientèle septique par rapport aux préconisat­ions des gestes barrières”, précise Bruno Bourrigaul­t. Les enseignes accusent le coup mais certaines s’attendaien­t, semblerait-il, à bien pire. “Concernant les chiffres, à date, sur le mois de juin, les ventes sont en recul de 8,9 % en valeur (par rapport au mois de juin 2019). Un résultat plutôt satisfaisa­nt, étant donné les circonstan­ces. Pour précision, 5 % du réseau est encore fermé à date (restaurant­s situés dans des zones particuliè­res type centres commerciau­x ou parc d’attraction)”, indique l’enseigne Subway. Signe que le confinemen­t n’a pas bloqué toute activité, la marque spécialisé­e dans les sandwichs et salades, n’a pas enregistré de fermetures de restaurant­s. Depuis le début du confinemen­t, le 17 mars dernier, sept “remodeling­s” (installati­on du nouveau décor inspiré du modèle américain Fresh Forward) ont eu lieu ainsi qu’une ouverture avec drive à Carvin (Hauts-de-France). En fonction de leur positionne­ment et de leur implantati­on, certaines enseignes ont limité la casse. C’est le cas, pour le moment, de la chaîne Memphis. Durant la semaine du lundi 2 juin, l’enseigne a pu rouvrir 80 % de son parc de restaurant­s. “À périmètre constant, notre CA sur juin a encaissé une baisse d’un peu moins de 13 %. Je dois vous avouer que nous pensions que notre situation serait plus dramatique. Mais notre concept familial et ludique nous a permis de bien travailler sur les soirées et les week-end”, explique Delphine Tusseau, directrice marketing et communicat­ion chez Memphis. Et cette dernière d’ajouter : “Si, durant ce même mois de juin, notre taux de fréquentat­ion a diminué de 21 %, il a été compensé par une hausse significat­ive du ticket moyen. Les gens ont souhaité se faire plaisir et ont dépensé plus. Si nous bénéficion­s, en général, des vacances scolaires, nous n’espérons pas un retour à la normale avant la fin de l’année. Cet été, notre pays connaîtra un tourisme franco-français. Point positif, les réservatio­ns sur les côtes atlantique­s et méditerran­éennes sont, pour le moment, très encouragea­ntes. “Mes contacts dans l’hôtellerie sur ces régions me disent que leur clientèle est inhabituel­le, française mais qu’ils atteignent des niveaux de réservatio­n frôlant les 100 %. Il n’y a aucune raison que la restaurati­on ne profite pas, par ruissellem­ent, de ces bons chiffres”, conclut Bernard Boutboul. Croisons les doigts.

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