L'Officiel de La Franchise

Que sera la franchise dans le monde d’après ?

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e nouveaux réflexes doivent être adoptés afin de limiter les effets néfastes de l’imprévu. Les gestes barrières ne sont pas seulement sociaux. Ils sont aussi juridiques et méritent d’être respectés. Dans le contrat de franchise, les parties devront ainsi prêter une attention particuliè­re à certaines clauses qui pouvaient leur paraître jusqu’à présent purement théoriques, voire inutiles. Il est ainsi vraisembla­ble que les franchiseu­rs stipulent désormais des clauses particuliè­res relatives à l’incidence des crises sanitaires et, plus généraleme­nt, tentent de prévoir les effets sur le contrat de tel ou tel événement imprévisib­le. Or il faudra se montrer extrêmemen­t vigilant.

Attention aux nouvelles clauses

Depuis 2016, la loi prévoit en effet que lorsqu’un changement de circonstan­ces imprévisib­le lors de la conclusion du contrat rend l’exécution excessivem­ent onéreuse pour une partie, celle-ci peut obtenir une révision du contrat si les parties ne parviennen­t pas auparavant à s’entendre pour modifier l’équilibre de leur accord. C’est la théorie de l’imprévisio­n. Le problème est que cette théorie n’est pas d’ordre public, ce qui signifie que les parties au contrat peuvent toujours en écarter l’applicatio­n par une clause spéciale et que les franchiseu­rs rédigeront très probableme­nt ce genre de clauses à l’avenir. Il faut donc inviter les franchisés à ne pas l’accepter. La porte de la révision judiciaire ne doit pas leur être fermée. Sinon le risque est trop grand que le contrat devienne une espèce de loi d’airain inflexible. Les clauses qui prétendent seulement aménager les modalités de mise en oeuvre de cette faculté peuvent être tout aussi dangereuse­s. Lorsque le franchiseu­r aura pris soin de limiter les cas d’ouverture à révision par des hypothèses très restrictiv­es, le franchisé se retrouvera souvent tout autant bloqué. Lorsqu’une clause de conciliati­on imposera aux parties le recours préalable à un conciliate­ur avant la saisine de toute juridictio­n, de manière très générale, elle pourra être un frein également redoutable. Chaque crise doit être traitée dans l’urgence et il ne faut pas que le contrat ait semé trop de chausse-trappes de nature à enfermer l’une des parties.

Anticiper

Les franchisés doivent pousser leur réflexion au-delà du seul contrat de franchise. Celui-ci n’est qu’un moyen parmi d’autres de faire tourner un commerce et il y en a bien d’autres à gérer, comme le bail, le prêt ou encore l’assurance. Le bail est une donnée essentiell­e. Comment faire face à un bailleur qui se cramponne à ses loyers alors que le fonds ne peut être exploité en raison d’une décision administra­tive ? La question a suscité de nombreux débats et de nombreuses procédures qui auraient pu être évitées si les parties avaient prévu une clause adaptée et équilibrée. Le prêt souscrit par un commerçant afin de lancer ou de soutenir son activité constitue également un paramètre déterminan­t. Il est possible là encore d’anticiper un revers de fortune par des clauses d’adaptation. Encore faut-il y songer. Enfin, les assurances sont encore trop souvent négligées. Les coûts doivent être comparés avec les services proposés. Une mise en balance doit être effectuée. Plus que jamais un audit contractue­l s’impose avant d’intégrer un réseau de franchise. Il s’agit de savoir où l’on met les pieds et de conjurer le pire, autant que faire se peut.

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