Face à septembre : les premiers gestes qui s’imposent
l’ensemble du réseau ? Je recommanderais d’y aller mais pas à n’importe quel prix.” De son côté, Laurent Delafontaine semble plus direct. Pour ce dernier, si la livraison devient une norme alors il faut suivre la norme pour conserver le client.
UNE NAVIGATION AGILE
Dans l’opérationnel pur et dur, il est aussi des problématiques à ne pas négliger en cette rentrée encore incertaine au niveau de la reprise d’activité. Un juste équilibre s’impose notamment sur les questions de la gestion des plannings d'équipes. “Sur-staffer un commerce coûte cher surtout si le chiffre d’affaires est insuffisant au regard d’une masse salariale trop importante. Sous-staffer un point de vente présente aussi le risque de rater ou décevoir un prospect qui n’aura pas la patience d’attendre”, explique Laurent Delafontaine. Et ce dernier de poursuivre : “Attention également aux investissements conséquents (agencement, informatique, marketing, etc.) si le prestataire ou le fournisseur semblent fragiles car il va y avoir des dépôts de bilan. Il convient donc de payer de faibles acomptes et de bien suivre le travail une fois que le paiement est fait.” L’expert préconise ainsi l’attente d’un traitement ou d’un vaccin contre le Covid-19 avant d’investir dans un projet complémentaire à l’activité existante. Sauf à être financièrement solide. Chacun des experts interrogés pour ce dossier s’accordent à dire qu’il faut impérativement se rapprocher de son expert-comptable pour avoir une bonne et juste vision des chiffres. “Si une grande majorité de PME a souscrit des PGE, il faudra nécessairement se poser la question du remboursement de cet emprunt. Il faut donc se tenir à un plan de trésorerie très serré. Il est conseillé de se rapprocher de son banquier ou de son expert-comptable pour auditer sa situation avec la plus grande lucidité”, notre Laurent Kruch. Pour Sylvain Bartolomeu, il est nécessaire de bien préparer cette rentrée en anticipant plusieurs scénarios. “Faites plusieurs simulations financières avec votre expert-comptable afin d’avoir une vision claire de votre point mort et des objectifs à atteindre.” Laurent Delafontaine ne dit pas autre chose. Pour lui, il peut être pertinent d’envoyer à son banquier une situation mensuelle si ce dernier fait part de son inquiétude. “Attention aussi aux fournisseurs qui peuvent devenir frileux à livrer dans les mêmes conditions financières s’ils sentent que l’activité n’est plus au rendez-vous.”
Autant dire que la situation économique et sanitaire impose au chef d’entreprise d’être exemplaire vis-à-vis de ses équipes, de ses fournisseurs et de ses clients. “Il devra envoyer des signaux positifs comme tout leader doit savoir le faire. Une certaine morosité pourra accompagner cette rentrée car elle nous replongera, après la relative insouciance de l’été, dans un climat incertain”, conclut Sylvain Bartolomeu. On le voit, il s’agit donc de remobiliser ses équipes afin de préparer la rentrée en navigant à vue tout en étant, et c’est là, la gageure, le plus agile possible.