Des Oranges pressés
On peut dire que c’est un été de gala que passe KTM en cette année 2020 si particulière, marquée par les affres de ce foutu Coronavirus. Des résultats historiques sur le marché français avec deux mois successifs, juin et juillet, qui l’ont vue dépasser les 1 200 immatriculations. Pour vous situer la performance, la marque autrichienne n’avait jamais franchi la barre des 1 000 unités sur un mois dans l’Hexagone. Des résultats historiques en vitesse, là où personne n’attendait cette spécialiste du tout-terrain, avec cette première victoire en MotoGP au Grand Prix de Tchéquie à l’entame de sa quatrième saison – seulement – dans la catégorie reine du sport moto. De quoi forcer le respect.
Pour celui qui comme votre serviteur suit KTM depuis le milieu des années 70, il y a de quoi en rester coi. Ce constructeur autrichien sans envergure, qui a débuté en 1953 par des routières et des scooters de petite cylindrée avant d’opérer un virage vers le motocross et l’enduro à la fin des années 60, n’a pas toujours connu ce succès, qui s’est même souvent refusé à lui, sportivement comme commercialement. Au siècle dernier, face aux motos japonaises faciles et abouties, les KTM étaient souvent raillées pour leur fiabilité aléatoire et leur esthétique parfois douteuse. “Kick Ten Minutes” la surnommait-on aux États-Unis ou “Kolossal Tas de M...” pour des Français plus caustiques. La réputation de ses machines performantes mais fragiles lui valut même une retentissante faillite en 1991.
Nul n’aurait alors imaginé que KTM, en l’espace de 30 ans, allait se redresser si vaillamment et gagner sur tous les terrains où elle déciderait de s’engager. Grâce à l’obstination de son repreneur-sauveur, Stefan Pierer, KTM est devenue la marque la plus ambitieuse, la plus attrayante et la plus fun de la planète moto. Après avoir écrasé la concurrence sur la terre en motocross, supercross, enduro, supermotard et rallye-raid, sur les circuits comme dans les concessions, elle a entrepris de conquérir le bitume avec les mêmes ambitions et les mêmes recettes qui lui valent son succès actuel. Sur le modèle du groupe VW, forte du soutien de son partenaire indien Bajaj, la firme autrichienne tisse consciencieusement sa toile avec la relance de Husqvarna et le rachat récent de Gas Gas. Plus gros constructeur européen de motos, KTM le restera en 2020 et, chez nous, la voilà en mesure de finir l’année à la 5e place. Aujourd’hui, plus personne ne se permettrait de railler KTM…