L'Officiel du Cycle

UN CONTEXTE SI PARTICULIE­R

Jamais un premier semestre n’avait été aussi particulie­r avec un trou de deux mois dans les ventes, lié au confinemen­t de la population. Résultat, une logique baisse d’un secteur 2/3-RM qui a toutefois su rebondir dès juin pour limiter la casse.

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–17,2%

On se souviendra de ce premier semestre historique qui a conduit à la mise sous cloche de l’économie française, et de notre secteur par voie de conséquenc­e. Non pas qu’il ne se soit vendu aucune moto durant cette période de confinemen­t du 17 mars au 11 mai, mais l’activité a été largement réduite, ce qui a donné un épisode calamiteux en avril (– 83,2 %) et des mois de mars (– 46,3 %) et mai (– 16,1 %) tronqués. Et heureuseme­nt que le début d’année a été excellent pour atténuer les effets de cet événement exceptionn­el !

Les observateu­rs qui redoutaien­t une reprise du marché en forme de U ont apprécié qu’elle soit vigoureuse avec une courbe en forme de V, puisque le mois de juin a été un des meilleurs de l’histoire avec un + 34,7 %. Au total cumulé, on est tout de même passé de 109 114 unités à fin juin 2019 à 90 356 sur la même période en 2020, soit un trou de 18 578 unités. Ça calme. Tous les segments se sont repris après le marasme, et c’est un autre signe encouragea­nt. En juin, les MTL ont enregistré une belle hausse amorcée dès le déconfinem­ent avec un + 41,4 % qui limite la perte globale à – 19,9 %. Les MTT ont également performé à + 33,6 % et un cumul sur S1 à – 15,3 %. Quant aux 3-roues, le bilan est moins sensationn­el avec un + 12,3 % pour un solde à six mois de – 26,3 %. On aurait pu s’attendre à pire, mais les acheteurs ont été au rendez-vous et ont profité des nombreuses incitation­s à l’achat proposées par les constructe­urs : prix barrés, mensualité­s décalées, avantages clients, aides à la reprise, coup de pouce sur les permis, tout cela a concouru à une reprise très dynamique. Tout autant que la météo, qui s’est maintenue au beau à la sortie du confinemen­t, et que la volonté visible d’employés de ne plus emprunter les transports en commun pour ne pas être confrontés à la foule. D’où cette fin mai et ce mois de juin explosifs qui ont permis de limiter le repli du marché et laisser espérer une fin d’année moins angoissant­e si la tendance reste aussi bonne au niveau de la demande des clients et pour peu qu’il reste des motos en stock, un problème de disponibil­ité auquel risquent d’être confrontés les gros faiseurs…

Yamaha taille patron

Sur ce premier semestre, rares sont les constructe­urs qui s’en sont sortis volumétriq­uement parlant au sein du top-20. Citons Royal Enfield (+ 18,4 %), Orcal (+ 9,3 %), Beta (+ 5,9 %) et Benelli (+ 7,5 %), la première pour profiter à plein du bonus créé par ses nouveaux bicylindre­s et par sa Bullet qui partira à la retraite et suscite le désir de ses amoureux, les autres pour être des challenger­s qui progressen­t sur de petits volumes. On pourrait rajouter Husqvarna qui a dépassé la barre des 1 000 unités grâce à de belles promos sur ses routières notamment, et qui a fini pratiqueme­nt à l’équilibre : – 0,9 %. Toutes les autres marques ont plongé, dans de plus ou moins grandes proportion­s, et il convient de saluer la performanc­e de Yamaha qui a montré les muscles en leader du marché qu’elle est, avec un recul sur S1 limité à – 8,3 % soit la meilleure performanc­e de tous les grands constructe­urs. Les Bleus ont même dépassé leur chiffre d’affaires sur cette période par rapport à l’an passé, même si leurs volumes sont plus faibles. Il faut certaineme­nt y voir l’apport du nouveau 560 T-max qui cartonne et a caracolé en tête des immats sur le premier semestre. À ce rythme, et si elle parvient à fournir ses concession­naires, Yamaha pourrait finir son année à l’équilibre, voire mieux. En tout cas, dominer pour la 25e année le marché français semble déjà acquis tant le deuxième, Honda, est déjà relégué loin. Sans grosses nouveautés à volumes sorties en début d’année et momentaném­ent handicapés par une cyberattaq­ue mondiale, les Rouges ont été malmenés sur ce premier semestre avec une perte lourde à fin juin : – 28,4 % soit le plus fort déficit du top-10 en volumes, malgré

un plan de relance Welcome Back très agressif. Autres gros labels dans le dur, Kawasaki (– 20,1 %), Suzuki (– 26,9 %), Ducati (– 29,2 %) ou encore Harley (– 32,3 %) quand BMW (– 14,1 %), Triumph (– 16,9 %) et surtout KTM (– 8,6 %) ont mieux amorti la déflagrati­on. Et que dire de Peugeot (– 44,8 %) qui n’a immatricul­é que 687 MTL en six mois ? Heureuseme­nt que la firme franco-indienne s’assure de gros scores avec ses cyclos…

MTL : – 19,9 % (24 623 immats) Honda toujours solide Malgré ses soucis de cyberattaq­ue qui ont ralenti son rythme en mai, Honda est restée largement leader de la catégorie 125 sur le premier semestre, et elle le doit à ses scooters vedette, le Forza qui est encore à – 27,2 % au cumul, mais a fortement poussé en juin (+ 53,3 % avec 961 immats) et le PCX qui a tutoyé la barre des 1 400 pièces. On notera lasapnetre­f du nouveau SH et ses 505 immats synonymes d’une hausse cumulée de + 20,2 %. Ses grandes roues rassurerai­ent-elles les primo-accédants au scooter 125 ? Possible. Bien qu’à – 26,8 %, le roadster CB-R a également flambé en juin avec 304 immats, soit 104 de plus qu’en 2019, tout comme le basique CB-F qui l’a presque égalé avec 302 pièces sur juin ! D’où ce + 57 % sur le mois pour les Rouges. En face, Yamaha a moins performé sur juin (+ 19,3 %) mais son cumul est dans les clous de celui de Honda avec un – 22 % et dans la tendance semestriel­le du marché (– 19,9 %). Le score du X-max est négatif (– 28,3 % et seulement + 6,4 % en juin), en revanche le N-max, bien soutenu par une grosse campagne de pub, a réussi l’exploit d’être presque en positif au cumul avec 987 immats avec un acceptable – 0,5 %. Avec mai et juin à 118 immats chacun pour le nouveau MT 125, son score global est également satisfaisa­nt avec un – 9,2 %, tout comme celui du 3-roues Tricity (– 12,6 %) rassurant pour les néophytes… Toujours isolée à la troisième place, Piaggio s’en tire plutôt bien à – 15,8 %, soit 351 immats de retard vs le premier semestre 2019. Les “grandes roues” Liberty (– 5,3 %) et Medley (+ 4,2 %) s’en sortent mieux que les “petites roues” GTS (– 26 %) et Primavera (– 28,5 %) sur cette première moitié d’année. Autre constructe­ur en pointe, Kymco qui traduit sur le terrain l’objectif de revenir fort sur le scooter 125, notamment avec le nouveau X-town City. Un gros mois de juin (+ 150,7 %) a permis au constructe­ur taïwanais d’être presque à l’équilibre (– 3,2 %) sur S1 avec comme locomotive les X-town et Agility qui sont étales vs 2019 et surtout un Like (+ 4,1 %) qui compense le petit repli du People S (– 5,9 %). Habituelle rivale de Kymco, Sym a beaucoup plus perdu sur S1 (– 26,1 %) avec des modèles tous en repli (Cruisym à – 11,8 %, Fiddle à – 11,7 % et même le Jet 14 à – 9,2 % qui ne profite pas de l’embellie sur les compacts urbains) à l’exception du nouveau Joymax

Le fait du SEMESTRE

Yamaha a su montrer les muscles et se dirige à coup sûr vers une nouvelle première place du marché en 2020

en logique progressio­n (+ 26,5 %). Sym s’est même fait dépasser par l’ambitieuse Orcal qui frôle les 1 000 unités sur le semestre et peut se vanter d’être la seule marque en progressio­n (+ 9 %) du top-20 grâce au succès de ses Astor (+ 17,5 %). Sa grande concurrent­e Mash n’a pas dit son dernier mot, elle n’est qu’à 50 unités au cumul et la marque de la Sima a fait plus fort sur juin (+ 53,7 %) et récupéré une partie de son retard sur le label de la Dip. Restons en France pour évoquer Peugeot qui a perdu pied au cumul (– 44,8 %) comme sur le sixième épisode annuel (– 39,6 %) où elle a fait moins bien que Keeway et à peine mieux que Mondial, deux autres marques de la Dip qui progressen­t régulièrem­ent. Neuvième et dixième du segment 125, KTM et Suzuki n’ont pas été épargnées, la première essentiell­ement ralentie par sa Duke (– 22 %), la seconde pénalisée par sa gamme entière avec une GSX-S à – 15,5 % et un Burgman à – 33,8 %. Kawasaki a aussi plongé (– 37 %) en année 2 de ses routières mais s’est bien reprise sur juin (+ 56,7 %). Enfin, chez les challenger­s de la moto 125, les sorts ont été différents sur S1 selon les marques : pas mal pour Masai (+ 0,7 %), Archive (– 2,8 %) ou Benelli (– 3,1 %), moins bien pour Brixton (– 28,1 %), Bullit (– 27,1 %) ou Hyosung (– 21,8 %).

MTT : – 15,3 % (61 556 immats) Yamaha toute puissante Si un constructe­ur s’en est bien sorti en plus de 125 cm3, c’est Yamaha qui a pu s’appuyer sur des nouveautés fortes pour pratiqueme­nt égaler son score du premier semestre 2019 malgré deux mois de vente en moins. Les Bleus ont fini à – 2 % avec un juin canon (+ 56 %) au terme duquel ont été vendus 1 004 unités du nouveau T-max ! Avec l’apport de la 700 Ténéré et ses 884 unités, les 402 de la nouvelle Tracer 700, cela a permis aux Bleus d’amortir les replis des MT-07 (– 30,9 %), MT-09 Tracer (– 33,7 %), MT-09 (– 25,8 %) ou X-max 300 (– 40,1 %). Assez loin derrière Yamaha, BMW est aussi parvenue à refaire surface avec un repli cumulé de – 13,8 %. Un fort mois de juin (+ 54 % !) et des F 900 qui s’ajoutent dans les comptes (R à 550 ex, XR à 495 ex), tout comme la R 1250 RS (304 ex) ou la S 1000 RR (305 ex), et voilà BMW qui retrouve le sourire, notamment à travers le redémarrag­e de ses poids lourds sur juin comme la R 1250 GS, sa meilleure vente avec 431 exemplaire­s (+ 47 %). Bien qu’ayant réalisé le troisième score sur juin, Honda n’aura pas été à la fête sur le semestre (– 31,1 %), avec des retards de livraison, une cyber-attaque et sans l’appui d’une grosse nouveauté si l’on considère que l’africa Twin 1100 est arrivée en fin d’année dernière et qu’elle n’est pas aussi populaire qu’attendu avec 812 unités sur S1. La CB-R 650 en année 2 peine aussi (– 27,2 %) tout comme le Forza 300 (– 42,3 %), le X-ADV (– 21,8 %), la CB-F 500 (– 59,2 %) ou la CB-X 500 (– 40,4 %). Seule la Gold Wing a bien résisté avec 447 immats semestriel­les contre 457 en 2019. Côté Kawasaki, le repli se cantonne à un – 19 % acceptable sur l’année grâce à ses grosses nouveautés comme la Z H2 créditée de 223 immats ou la Ninja 1000 SX avec ses 461 unités, et son redécollag­e a été significat­if sur juin avec la prolongati­on des Offres K. La Z 900 (– 7,3 %), la Z 400 (+ 6,8 %) et la Ninja 650 (– 6,5 %) s’en sont plutôt bien sorties, moins la Z 650 (– 34,5 %). Gros boost en juin pour Triumph (+ 37,8 %) qui surfe sur la vague de ses nouvelles Street Triple (+ 12,1 %), elle a ainsi pu contenir sa baisse à – 16,9 % sur S1 et repasser KTM dans la course à la cinquième place globale. La firme autrichien­ne a pourtant réussi à limiter sa baisse semestriel­le à – 5,5 % avec des belles offres sur ses différents modèles on-road et off-road et des nouveautés qui percutent comme la 1290 Super Duke (+ 16,9 % pour 449 ex, dont 320 pour la R), la toute récente 890 Duke (76 ex) ou des modèles qui résistent bien comme la 790 Adventure (+ 6 %). Cinquième en 2019 sur le premier semestre, Harley a lâché gros à – 32,3 % et s’affiche comme une des rares marques à ne pas avoir fini juin en positif avec un modeste – 8,3 %, une contreperf­ormance qu’elle partage avec Suzuki qui a perdu – 2,9 % sur le dernier mois d’un semestre qu’elle a conclu à – 25,8 % malgré les 200 immats supplément­aires générées par sa nouvelle 1050 V-strom. À une immat près, Royal Enfield s’assurait le même chiffre sur juin que Ducati (641 immats) mais leur bilan cumulé n’est pas comparable : avec quasi le même nombre de Bullet 500 vendues (443 pour 450 en 2019) et des twins 650 à + 47,5 %, la marque indienne annonce la seule progressio­n au sein du top-12 quand la firme bolognaise est à – 29,2 %...

3-roues : – 26,3 % (4 177 immats) un quart en moins Le 3-roues a globalemen­t plus souffert que le 2-roues sur le premier semestre avec un déficit de – 26,3 % qu’un mois de juin positif mais sans plus (+ 12,3 %) n’est pas parvenu à minimiser. Piaggio s’en est le mieux sorti avec un recul de – 22,8 %, à part son nouveau 300 HPE qui a pulsé (+ 145,6 % pour 1 002 immats), ses autres cadors ont plié : 500 MP3 à – 13,9 % grâce à un bon mois de juin (+ 25,9 %), mais 350 MP3 à – 35,8 %... Dans l’attente de son nouveau Metropolis, Peugeot a peiné et perdu plus de la moitié de ses ventes (– 56 %) quand Qooder a pu capitalise­r sur ses promos pour son QV3 (+ 75 %), moins pour son QV4 (– 8,2 %). Quant à Yamaha, son arrivée avec le 300 Tricity n’est effective que depuis juillet, seuls 10 de son nouveau 3-roues ont été inscrits à fin juin.

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HONDA 125 forza
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YAMAHA 560 t-max
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KAWASAKI z900

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