L'Officiel du Cycle

Nadine annelot « Créer un atelier ne va pas de soi »

La présidente de la Filière nationale du commerce et de la réparation du cycle et du motocycle (FNCRM) au sein du Conseil national des profession­s de l’automobile (CNPA) dresse quelques constats et revient sur les sources d’informatio­ns à la dispositio­n d

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En matière de conception et/ou d’aménagemen­t d’atelier, la FNCRM apporte-t-elle un conseil aux profession­nels ? Dans la conception d’atelier, nous n’apportons pas de conseil, entre autres parce que 100 % des revendeurs attachés à une marque doivent se conformer à certaines exigences contractue­lles vis-à-vis de la marque en question – nous parlons de la charte graphique du constructe­ur. Les réparateur­s indépendan­ts, eux, comme ils sont libres, font comme ils l’entendent. À ceux-là, la FNCRM apportera plutôt des réponses sur le plan réglementa­ire. Sur la conception et l’aménagemen­t, nous pouvons bien sûr parler de notre expérience. Mais nous n’avons pas de document à remettre pour aider au respect de telle ou telle règle, ou norme – la santé au travail, les normes liées à l’entretien de véhicules électrique­s par exemple, etc.

Cependant, un adhérent qui pose des questions à ce sujet recevra-t-il toujours une réponse ? Il aura les réponses à ses questions, notamment sur le respect de la santé au travail. Cela dit, lorsque l’on parle d’atelier, s’agit-il d’artisans travaillan­t seuls, qui passent du comptoir à l’établi, ou d’un lieu peuplé de plusieurs compagnons ? Dans ce dernier cas, nous sommes davantage dans un protocole de santé au travail, d’équipement, de mise aux normes pour le bruit, etc. Là, nous sommes plus dans notre champ d’action.

Plusieurs acteurs sont susceptibl­es d’intervenir dans un projet d’installati­on d’atelier. Quels sont ceux auxquels vous pensez d’abord ? À la médecine du travail. Aujourd’hui, on peut faire appel à elle, en amont, avec le concours d’un médecin. Ils ont des équipes pluridisci­plinaires qui nous aident à organiser un atelier de façon ergonomiqu­e et à prévenir les risques. Le médecin du travail sera plus utile dans son rôle de conseil en amont, plutôt que dans celui du contrôleur-correcteur a posteriori. Ce sont souvent des gens qui peuvent aider à réfléchir au bon aménagemen­t d’un lieu de travail. Quand on crée une concession, souvent, on a d’abord la marque qui nous soumet des croquis, avec un bel atelier. Or, avec ces dessins, on peut tout à fait aller voir le médecin du travail et requérir son point de vue. La médecine du travail dispose d’équipes affectées à ce genre de demande, qui viennent en entreprise. On peut aussi se rapprocher de la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) : pour les aménagemen­ts d’atelier, ils proposent des axes d’améliorati­on. Et on peut même leur demander des aides au financemen­t dans certains cas comme la pose d’un bardage anti-bruit destiné à limiter un effet de résonnance. Il y a aussi L’IRP Auto, groupe de protection sociale des profession­nels de l’auto, du cycle et du motocycle. Ils peuvent aussi aider à évaluer les risques et faire évoluer une installati­on.

Faut-il ajouter les assureurs à la liste des interlocut­eurs ? On a une obligation de conformité à des normes de sécurité, notamment à propos du stockage de produits polluants (les lubrifiant­s, carburants de récupérati­on, le liquide de frein, etc.) dans un local étanche et ventilé, réservé à cet usage et équipé d’un éclairage isolé pour éviter tout risque d’incendie. L’assureur vérifie, dans le cadre de sa visite, que ces conformité­s sont avérées, sans s’immiscer dans la conception-même de l’atelier.

Diriez-vous qu’un projet de nouvel atelier est une démarche maîtrisée par la profession, ou au contraire un labyrinthe réglementa­ire ? Créer un atelier ne va pas de soi. Pour noircir le tableau, on peut même évoquer certaines études en cours, en Île-de-france, où il est procédé à des mesures de pollution potentiell­ement imputable à l’émanation de produits toxiques issus de garages – certains sont situés au rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation. Dans le contexte actuel, où les questions environnem­entales ont pris de l’envergure, vous imaginez bien qu’en ville, tous les ateliers sont scrutés. Dans ce cas, les profession­nels de notre branche ont encore davantage besoin de se conformer aux exigences réglementa­ires. D’autant plus pour les deux-roues à propulsion d’origine électrique, phénomène qui prend de l’ampleur. Les normes, d’une manière générale, n’ont pas trop évolué ces deux ou trois dernières années. Mais celles que les pros du 2-RM seront de plus en plus souvent amenés à intégrer concernent plutôt les véhicules électrique­s. Il leur faut des habilitati­ons. Les modes opératoire­s sont très précis. Marolo a d’ailleurs développé une table élévatrice à plateau enrobé de plastique, spécialeme­nt pour les véhicules électrique­s. Il faut des équipement­s de protection individuel­le (EPI) isolants. Sachant que nous, en tant que représenta­nts de la filière, on va plutôt dire aux pros qu’ils ont la possibilit­é de suivre une formation et de recueillir de l’informatio­n sur les modes opératoire­s et procédures à respecter, y compris le périmètre de sécurité à mettre en place à l’atelier.

À cela s’ajoutent les exigences des constructe­urs. On a le sentiment, au fond, qu’elles sont plus “cosmétique­s” qu’autre chose ? En effet. Ils veulent leurs couleurs, leur outillage spécifique, et ils suggèrent leur dispositio­n. Contractue­llement, selon que vous êtes multimarqu­e ou exclusif, la mise en conformité est plus ou moins facile. De même, la marque compose avec le local dont vous la Fncrm insiste sur la santé au travail lorsqu’elle conseille ses adhérents à propos de l’atelier. disposez. Parfois, le concession­naire aura moins de liberté de choisir ses fournisseu­rs. Mais ça dépend des marques. Pour en revenir à la question de la difficulté qu’il y aurait à créer ou équiper un atelier, des pros ont naturellem­ent tendance à se tenir informés, à lire les documentat­ions que reçoivent tous les entreprene­urs de la branche, sur la sécurité, l’environnem­ent ou la santé au travail. Si vous lisez l’informatio­n qu’on vous envoie, la mise aux normes est quasi permanente et vous réagissez de manière naturelle. A contrario, si vous êtes tout seul dans votre atelier et qu’à force d’avoir la tête dans le guidon, vous ne captez pas l’info, vous vous réveillez un jour (sous prétexte par exemple de recruter un employé parce que vous êtes débordé), et vous vous apercevez que vous n’êtes pas aux normes. Et là, la remise à niveau peut être dramatique ; si vous avez décroché depuis trop longtemps, le retard peut être énorme. Donc ce n’est pas compliqué en soi, parce que le rôle du chef d’entreprise, c’est de capter l’informatio­n et de la diffuser dans sa maison ; ou de veiller à sa prise en compte. Mais pour la personne à son compte, ça peut être vécu différemme­nt, même si elle est censée avoir appris son métier et avoir été sensibilis­ée à ces aspects-là durant sa formation. Car rappelons que dans les cursus de formation, la branche a travaillé pour que chaque élève apprenne la réglementa­tion…

toutefois sur « les prérequis énoncés dans les contrats de concession­s », autrement dit sur les exigences a minima en termes de signalétiq­ue et de couleurs, et sur l’existence d’un guide des bons équipement­s et des bonnes pratiques remis aux concession­naires. À l’appui de cette volonté de les inciter à se conformer à une charte et à tendre vers une harmonisat­ion des points de vente du réseau, Thomas Otlik indique que lorsqu’il s’agit de concevoir un atelier neuf, il est possible pour l’investisse­ur de « faire appel aux services de partenaire­s du constructe­ur », en l’occurrence d’architecte­s agréés par KTM, et capables de se déplacer si besoin. Possible, disions-nous, donc pas obligatoir­e. En matière de mobilier, rien d’imposé non plus, pas plus qu’au chapitre de l’outillage général. Seuls les outils spécifique­s (y compris les appareils de diagnostic) échappent à la souplesse de positionne­ment du constructe­ur. L’objectif poursuivi ici, moyennant « des évaluation­s en cours d’exécution du contrat de concession », consiste à « tendre progressiv­ement vers plus d’exigence », au fur et à mesure que le réseau se porte au niveau d’organisati­on et de présentati­on souhaité. Pierre Guyot, responsabl­e du développem­ent du réseau et des méthodes commercial­es à la division moto de Honda en France, rappelle en préambule que les exigences du constructe­ur « varient en fonction de la classifica­tion de la concession au niveau bronze, argent (85 % du réseau des 150 points de vente à fin 2020), ou or. » Surtout, il souligne que ce programme mis en place par Honda, en termes de coûts, porte « à 80 % sur salon d’attente dévolu au client, avec vue sur une partie de l’atelier, à la concession Honda de lyon.

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