matthieu park
« l’usine scorpion a eu très peur durant le confinement »
Directeur général de Scorpion Europe, Matthieu Park ne cache pas les difficultés posées au printemps par l’arrêt de l’usine chinoise seule productrice des casques de la marque coréenne. En France, le premier déconfinement aura permis à Scorpion de sauver 2020, en ramenant les volumes à ceux de 2019.
Par qui Scorpion a-t-elle été créée ?
Elle a été créée en 2006 par Jang Hee Park, qui dirigeait une société de fabrication de vêtements moto pour le compte de grandes marques, Kido Sports. À partir de 2004, il a formé une équipe d’ingénieurs pour concevoir des casques. Deux ans plus tard, il en a commencé la commercialisation aux États-unis, avec un certain succès. La structure européenne a été créée en novembre 2006.
Quelle place Scorpion occupe-t-elle sur le marché ?
Entre 2010 et 2013, nous avons vendu 200 000 casques. Lorsque je suis arrivé à la tête de Scorpion Sports Europe, en 2013 justement, j’ai travaillé à la reconnaissance par la direction d’un marché spécifiquement européen, d’une demande différenciée de la demande américaine, et même de nuances entre différents marchés à l’intérieur de l’europe. Ce qui a conduit à un renouvellement assez significatif de la gamme. Ensuite, on a développé les services
– la disponibilité des produits, les délais de livraison et le SAV. En 2018, nous avons vendu 520 000 casques dans le monde, dont 344 000 en Europe, contre 170 000 aux États-unis. En 2019, nous sommes passés à 560 000 casques, dont 395 000 en Europe (147 000 en France) et 150 000 aux USA. On devrait finir 2020 sur un chiffre de 590 000 casques vendus, dont 424 000 en Europe et 112 000 aux USA L’écart s’accentue entre les deux grandes régions, mais nous augmentons simultanément nos ventes en Asie, notamment en Chine. Tout cela, à mon avis, nous place dans les trois premiers fabricants mondiaux, le n°1 devant probablement être LS2.
Quelles conséquences cette crise sanitaire a-t-elle entraîné sur vos programmes ?
Notre usine de fabrication de casques est basée à Xingdao, en Chine. Malheureusement, elle a été fermée par le gouvernement chinois et elle a dû cesser toute production durant le mois de février. Au mois de mars, elle a repris sa production à 80 %. En conséquence, nous avons eu un retard d’environ 40 000 pièces.
Durant le confinement de ce printemps, nous avons connu une grosse chute de chiffre d’affaires par rapport à l’année passée : du 17 au 31 mars : – 80 % ; en avril : – 80 % ; en mai : – 30 %. Nous n’avons pas pu livrer les pays les plus importants, à savoir la France, l’italie, l’allemagne et l’espagne, mis à part les magasins en ligne où l’activité n’a pas été très fructueuse. Pour maintenir notre activité, nous avons uniquement travaillé avec les Pays-bas (pays non confiné) et avec nos distributeurs à l’export non concernés par des confinements. À ce jour, selon nos estimations, nous arriverons à la fin de l’année à un équilibre des chiffres par rapport à l’année passée, suite à la bonne reprise d’activité lors du déconfinement, mais évidemment bien en-dessous des prévisions. Surtout que nous avions enregistré une nette hausse du CA (+ 47 %) au cours des deux premiers mois de 2020.
Comment Scorpion a-t-elle géré ces conséquences ?
Notre maison mère, en Corée, a eu très peur durant le confinement, car il était impossible de savoir combien de temps cette crise virale allait durer. Si le confinement s’était étalé dans le temps, nous aurions eu une grosse chute du chiffre d’affaires et de la production. Nous avons également dû faire face à une rupture de stock sur beaucoup de modèles lors du déconfinement et, malheureusement, les dépannages aériens étaient exclus, car le tarif avait triplé durant la crise. Afin de pallier cette rupture, notre maison mère a décidé d’augmenter son volume de production à partir du mois d’avril, pour atteindre les 110 % par rapport à notre capacité normale. On avait beaucoup de commandes de clients non honorées, mais nous n’avons pas eu d’annulation de la part des magasins, et ce malgré les délais de réapprovisionnement plus longs. L’activité a repris très fortement lors du déconfinement, et nous avons pu rattraper notre CA à partir de juin.
Quels autres événements particuliers ont marqué 2020 ?
Nous avions planifié l’ouverture de notre usine au Vietnam pour fin 2020. Malheureusement, suite à l’épidémie, elle ne sera opérationnelle qu’en avril 2021. La fermeture de l’usine chinoise n’est cependant pas encore décidée : cela dépendra de la courbe du marché intérieur chinois, où nous sommes présents depuis quatre ans. Le port du casque s’y généralise, et il se peut que nous ayons intérêt à la maintenir. Par ailleurs, nous avons renouvelé le contrat de Fabio Quartararo pour deux ans. Notre premier contrat date de 2019, nous cherchions un jeune pilote français pour porter nos couleurs à long terme ; et j’ai vu en lui un pilote à l’avenir prometteur. On est heureux qu’il nous ait renouvelé sa confiance.
Quelle conséquence a pour vous le nouveau règlement européen ?
Grâce à notre expérience et à notre collaboration avec un laboratoire européen, nous avons pu mettre en place le nouveau règlement
ECE 22-06 sans trop de difficultés. Certains modèles de casque nécessiteront une coque légèrement plus grande. Mais nous tenons compte du fait que le consommateur européen est sensible au poids… Nous arrivons à trouver le meilleur compromis possible – l’augmentation devrait être inférieure à 100 g, voire avoisiner les 50 g. Et nous sommes d’ores et déjà prêts pour les nouveaux tests de certification.
La gamme des produits Scorpion s’en trouve-t-elle modifiée ?
Oui, nos nouveaux modèles EXO-520 Air, EXO-930 et EXO-TECH Carbon, conformes aux exigences du règlement ECE 22-05, sont déjà prêts pour L’ECE 22-06. Pour certains modèles qui seront reconduits pour les trois prochaines années, nous devrons modifier quelques pièces afin de pouvoir passer les tests d’impact imposés par la nouvelle norme. Tout cela se fera sous le contrôle de notre service R&D, en Corée.