LE NEW BLACK
Le prévisible a du bon, parfois : même les amateurs de surprises savent que l’école Central Saint Martins de Londres n’aura de cesse de ne pas les décevoir. Qu’on retrouvera chez ses diplômés rigueur, inventivité, savoir-faire, humour. L’un d’eux, l’anglais Alex Mullins, peut aussi s’enorgueillir d’un master en art décerné par le Royal College of Arts. Après des passages dans les ateliers d’alexander Mcqueen, Jeremy Scott, Diane Von Furstenberg, Kanye West et Dirk Bikkembergs, Alex Mullins a décidé, riche d’expériences que l’on imagine sans trop de peine assez variées pour nourrir son imaginaire, de monter sa marque en 2014. Comme en souvenir de ses jeux d’enfants où il dessinait des corps réinventés et s’amusait à démonter des gadgets électroniques, sa créativité – un peu folle peut-être – est totalement débridée. De visions parfois burlesques (mobile homes américains ou caricatures de la britpop), en expressions romanesques dévoilées par des pièces faites à la main au toucher émouvant, en passant par des coups d’éclat (un sublime trenchcoat à l’effet Technicolor imaginé avec le photographe Hazel Gaskin), Mullins a tracé sa voie pour les années à venir. Sa dernière collection le voit emprunter une route apaisée aux vibrations douces, dominicales. Coton, mérinos, mohair, denim japonais : autant de matières d’excellence pour porter un discours à l’équilibre entre le frivole et le rationnel, le fonctionnel et le poétique. Son jeu sur les couleurs – vert dit “Chartreuse”, beige, rouge tomate, blanc magnolia satiné – et les motifs adressent autant de clins d’oeil à une époque saturée d’images et de références. Que nous disent ses silhouettes ludiques, précieuses ? De prêter un peu plus d’attention à ce que nous voyons, pour le regarder, intensément. Pour comprendre et non plus subir.
Modèle Adrian Stene chez Bro models Assistant photo Léonard Mechineau Assistant stylisme Emmanuel Pierre