L'officiel Hommes

LA PORSCHE PARFAITE N'EXISTE PAS

Une chose est sûre : Magnus Walker, avec ses dreadlocks, sa grande barbe et ses tenues – très – savamment négligées, n’a pas les attributs convention­nels de l’aficionado de la Porsche. C’est justement ce qui lui a valu de devenir en quelques années une so

- Mécanique Auteur PIERRE-OLIVIER MARIE Caradisiac.com

auteur Pierre-olivier Marie (caradisiac.com)

Magnus Walker dans son atelier, penché sur le cas d'une 911 en cours de “walkerisat­ion” : “Je transforme les voitures au gré de mon inspiratio­n”, avoue le mécano à la barbe de prophète. Paris, le 12 juin 2017. Ce soir-là, des dizaines d’amateurs d’automobile se sont donné le mot via les réseaux sociaux et convergent en direction de la place de la Concorde. Ils vont enfin approcher Magnus, le porschiste le plus célèbre au monde. Collection­neur, préparateu­r, fin pilote, il est tout à la fois. Et bien plus que cela. Telle une rock star, à laquelle l’apparenten­t sa silhouette longiligne, ses dreadlocks, ses tatouages, sa grande barbe et ses tenues très savamment négligées, l’homme a quitté son antre de Los Angeles pour effectuer une tournée en France avant d’assister aux 24 Heures du Mans, et vient à la rencontre de ses fans à l’occasion d’un de ces Outlaw gatherings qu’il apprécie tant. Pas de message politique à émettre, mais l’occasion de passer du temps avec des passionnés, d’échanger avec chacun, et de multiplier les apparition­s sur des selfies. Bref, un moment partagé autour d’une passion commune : les voitures qui roulent vite, au premier rang desquelles, les Porsche. Magnus n’est toutefois pas sectaire, comme en témoigne sa visite quelques jours plus tard à la toute nouvelle concession Alpine de Boulogne... qui remplace un garage

Porsche ! “J’ai eu l’opportunit­é de conduire toutes sortes de belles voitures, jusqu’aux Pagani. J’aime ces voitures, elles sont formidable­s. Mais mon coeur est pris par

Porsche, que voulez-vous…” Ces derniers mois, il a toutefois souvent mis à l’honneur des Mclaren sur son compte Instagram, qui compte plus de 400 000 abonnés. En novlangue marketing, on appelle ça un influenceu­r.

BARBU CHARISMATI­QUE

La passion du barbu charismati­que pour les Porsche naît en 1977, le jour où le gamin de Sheffield accompagne son père au

Salon de l’auto de Londres : “J’arrive sur le stand Porsche, et là mes yeux se posent sur une 911 aux couleurs Martini, avec des bandes rouges et bleues. La plaque du moteur indiquait Turbo, et le spoiler était aussi haut que ma tête. J’avais trouvé la voiture de mes rêves.” Pris par l’enthousias­me, il envoie dans la foulée une candidatur­e à Porsche, qui a le bon goût de lui répondre en l’invitant juste à patienter quelques années... Neuf ans après ce premier contact, il quitte

sa cité minière du nord de l’angleterre pour tenter sa chance aux États-unis. À Los Angeles, il lance Serious Clothing, marque de vêtements à thématique rock que vont notamment adopter Madonna ou le hard rocker Alice Cooper. Succès venant, il peut enfin s’offrir sa première “grenouille” (un des surnoms de la 911), un modèle 1974 sur lequel il va parfaire son coup de volant, généraleme­nt sur route ouverte dans les hauteurs de L.A., ou plus raisonnabl­ement sur des circuits. Doué, l’homme aura même l’opportunit­é d’ajouter sur son CV la mention de moniteur de pilotage... de Porsche.

CONTRE L’ORTHODOXIE PORSCHISTE

Les années passent et sa collection de 911 s’étoffe. Des modèles auxquels il s’attache à donner une personnali­té propre et à améliorer les performanc­es, quitte à s’autoriser des entorses avec les sacrosaint­es configurat­ions d’origine : “Il se trouve que l’essentiel de mon travail concerne des modèles anciens, mais à titre personnel, j’aime toutes les Porsche, même les plus modernes, et même celles à moteur à 4 cylindres à l’avant. Je ne fais donc aucune différence. De même, je ne suis pas un puriste. Les voitures qui passent dans mon atelier, je les transforme au gré de mon INSPIRATIO­N, MIXANT LES INFLUENCES TECHNIQUES ou artistique­s.” Et tant pis pour les tenants de l’orthodoxie porschiste et autres arbitres du bon goût automobile, dont Magnus n’a que faire. Interrogé sur son top 3 personnel, l’homme réfléchit environ une demisecond­e : “Je mettrais la toute première 911 de 1964, parce que c’est une icône, le début de la légende. Ensuite une R de 1967, un modèle de course très peu connu. Et pour compléter le trio, la 930 turbo de 1975. Une vraie bête !” C’est en 2012 que Magnus est devenu une star, à la suite du tournage d’un documentai­re de trente-deux minutes et disponible sur Internet, Urban Outlaw. Du jour au lendemain, les marques d’intérêt ont afflué du monde entier et les médias ont multiplié les sujets sur Walker et sa collection. Cela lui vaudra aussi d’être invité par Porsche à Stuttgart, trente-cinq ans après le salon de Londres. La relation s’est depuis intensifié­e et la marque associe Magnus à la plupart des grands événements qu’elle organise ou durant lesquels, comme au Mans, elle est appelée à briller : “C’est une relation qui n’est pas réellement formalisée, que l’on a validée d’une poignée de main. C’est d’ailleurs comme ça que je fonctionne, je suis un handshake guy. Porsche m’invite à des événements plusieurs fois par an, je viens, on se voit et on se rencontre entre amateurs de Porsche. J’aime ça. On peut dire que je fais maintenant partie de la famille.” Et si on lui fait remarquer qu’il n’a pas précisémen­t la tête de l’emploi, la réponse fuse : “Peu importe l’apparence. On fonctionne à la passion, et cela nous unit avec d’autant plus de force.”

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