L'officiel Hommes

RILÈS : LE RAP EN CHAMBRE auteure Juliette Gour, photograph­e Jules Faure, styliste Séraphine Bittard

Si vous ne connaissez pas encore Rilès, ce n’est qu’une question de mois. Du haut de ses 23 ans, le jeune rappeur, originaire de Rouen, a monté quatre à quatre les marches du succès – grâce à l’ami internet en guise d’escalator.

- Photograph­e JULES FAURE Styliste SÉRAPHINE BITTARD Auteure JULIETTE GOUR

700 000 followers sur Instagram, 1,52 million sur Youtube et 370 millions de vues: la fidèle communauté du rappeur Rilès est loin d’être négligeabl­e pour cet autodidact­e boulimique de travail. “Je ne me destinais pas à la musique, c’est quelque chose qui est venu par étapes dans ma vie, au fur et à mesure de mes expérience­s et de mes expériment­ations’’, raconte-t-il – le comble, pour ce Rouennais inconnu qui ne se destinait pas à une carrière artistique. C’est en se laissant guider par l’art que le jeune homme – un bac S avec mention très bien en poche (médecine était pour ses parents la voie royale) – a trouvé ce qui le fait réellement vibrer. Adepte du self-made, cet artiste complet vit toujours dans la maison de son enfance et compose encore dans sa chambre d’ado, devenue laboratoir­e de création.

CAS D’ÉCOLE

Ce qui frappe en premier chez lui, c’est sa simplicité et une certaine humilité. Ses textes, toujours en anglais par pudeur, sont ponctués de références à la pop culture et de clins d’oeil plus personnels. Ils ont construit au fil du temps son identité mélodique : “Tout le monde a un passeport musical, nous avons grandi avec un catalogue qui nous est PROPRE, QUI NOUS A Créé DES RÉFÉRENCES MUSICALES AU fil DU TEMPS. POUR moi, c’est passé par la capoeira, les concerts de mon père (chanteur du bled, ndlr), les longs trajets en voiture animés par des chansons dont je ne comprenais pas toujours les paroles, le travail de certains artistes comme Kanye West… Cet ensemble de références m’a permis de créer QUELQUE CHOSE DE PROTÉIFORM­E, AVEC DES RÉFÉRENCES QUI ME SONT CHÈRES.’’ Richesse dans la compositio­n donc, mais aussi dans l’esthétique qu’il insuffle dans ses créations. Jusqu’au-boutiste et perfection­niste autoprocla­mé, il s’évertue à créer un résultat hétéroclit­e, réunissant danse, musique, peinture, références à l’histoire de l’art, aux dessins animés de son enfance… Jusqu’à son look, ultraléché mais non prémédité. “J’ai construit mon identité en fonction de mes expériment­ations… CHEVEUX, BARBE, JE NE RÉFLÉCHIS JAMAIS RIEN, J’ESSAYE ET SI ça FONCTIONNE, C’EST MERVEILLEU­X, MAIS CE N’EST PAS TOUJOURS LE CAS.’’

L’ouragan Rilès semble avoir trouvé sa place et ne peut que gagner en puissance. C’est un véritable cas d’école, une success story made in 2000s, que cette histoire d’un jeune homme avec une volonté de fer qui a laissé internet guider son destin. Il a tout appris sur le web. Grâce à des tutoriels, il expériment­ait et passait ses nuits à composer dans un silence religieux – créer oui, mais loin des oreilles parentales. Le coup de pouce miraculeux, c’est encore une fois internet qui le lui a donné : un Youtubeur bienveilla­nt, Seb la Frite, lui consacre une vidéo et lance la machine. Les gens prennent alors conscience du talent du jeune homme et découvrent sa bibliothèq­ue musicale déjà bien remplie – notamment grâce aux “Rilès undayz”, un challenge durant lequel l’artiste a composé et diffusé pendant un an une création par semaine. C’est à partir de là que la magie a opéré et que le public est tombé sous le charme du talentueux petit gars de Rouen. Dans la foulée, il signe avec Republic Records à Los Angeles, un label d’universal. Son premier album, Welcome to the Jungle (Capitol/universal), sort l’été 2019. Alors qu’il vient à peine de finir une tournée internatio­nale, Rilès travaille toujours dans sa chambre à Rouen, et pose déjà les bases d’un nouvel album qui devrait sortir cet été. Par ailleurs, il prépare une émission taillée sur mesure pour le net autour du beatmaking

– c'est-à-dire composer des boucles rythmiques grâce à un ordinateur – diffusée en streaming depuis le 8 février sur de nombreuses plates-formes “Maintenant, je veux surtout partager ce que j’ai appris, échanger avec d’autres beatmakers pour apprendre de leurs expérience­s ET DE LEUR TRAVAIL. C’EST AUSSI UNE FAÇON DE VALORISER LES ACQUIS ET DE LES PERFECTION­NER AUX CÔTÉS D’AUTRES ARTISTES.”

“Tout le monde a un passeport musical, nous avons grandi avec un catalogue qui nous est propre, qui nous a créé des références musicales au fil du temps. Pour moi, c’est passé par la capoeira, les concerts de mon père, les longs trajets en voiture animés par des chansons…” RILÈS

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