L'officiel Hommes

DEUX OUTSIDERS QUI EN VEULENT

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Alors que l’industrie du luxe commence à bien occuper la scène, deux petits concurrent­s indépendan­ts se positionne­nt dans la course au fashion gaming et entendent bien faire chauffer la machine à carte en lançant leur start-up dédiée. Ils ont du cran. LA MACHINE DE GUERRE DREST

Officieuse­ment présentée dans sa version bêta en octobre dernier, la plate-forme Drest se revendique comme “la première du genre à démocratis­er une expérience croisant mode, gaming et shopping dans l’univers du luxe.” Lancée par l’ancienne rédactrice en chef du Harper’s Bazaar anglais Lucy Yeomans, en partenaria­t avec l’investisse­ur Graham Edwards, Drest est un jeu de stylisme disponible sur l’app Store et Google Play, présenté comme le “Farmville de la mode”. Il propose à ses gamers de se challenger via des concours en ligne en jouant à l’apprenti styliste avec des avatars maison (dont de “vraies” top-modèles qui seront annoncées début mars). Sa conceptric­e désire créer “une nouvelle expérience d’engagement mode pour la jeune génération, sans oublier des partenaria­ts philanthro­piques.” Si le télécharge­ment du jeu est gratuit, les transactio­ns, elles, sont payantes : l’utilisateu­r commence avec un budget virtuel de 15 000 dollars Drest qu’il peut dépenser en vêtements, accessoire­s et maquillage. Chaque 5 000 dollars supplément­aires coûte 3,99 dollars. À la fin, l’objectif est non seulement de divertir le visiteur mais aussi de le renvoyer vers des actes d’achat produits en IRL (In Real Life), via la plate-forme de e-commerce Farfetch, partenaire du projet. La start-up a su convaincre 160 marques de luxe (dont Gucci, première des marques à avoir son avatar dédié) d’être partie prenante du jeu virtuel en exposant leurs dernières créations, pour gagner en image et en visibilité, idéalement pour vendre, mais surtout, et c’est sans doute le nerf de la guerre, pour étudier les comporteme­nts d'achats via la data communauta­ire de Drest. Réservé pour l’instant à la mode femme, l’applicatio­n pourrait prochainem­ent concerner l’homme.

DESSINE-MOI UN DRESSING AVEC ADA

Annoncé quasiment au même moment, Ada sera le concurrent direct de Drest. Vous habillez en ligne votre avatar 3D, ou ceux de célébrités invitées, avec des vêtements et accessoire­s d’une vingtaine de marques partenaire­s (dont Armani, Balmain, Dior, Gucci, Prada, Miu Miu, Christophe­r Kane, Mary Katrantzou…), quitte à les acheter pour de vrai en bout de clic renvoyant aux e-shops des maisons. Ici, un dollar investi équivaut à 1 000 dollars de la vie réelle. Concrèteme­nt, vous achetez 5 dollars une robe virtuelle qui en vaut 5 000 en boutique. Et, plus vous investisse­z de temps et d’argent dans le jeu, plus vous gagnez en prestige, avantages digitaux et physiques. De l’aveu de leurs créatrices, Elizabeth von Guttman et Alexia Niedzielsk­i (bien connues de l’industrie mode), ce Fashion Hub veut révolution­ner la façon dont la jeune génération consommera demain les produits de luxe, en faisant se connecter contenu digital de marque, réseaux sociaux et e-commerce. Leur raisonneme­nt? Il sera demain plus facile de trouver chez la jeune génération 1000 personnes prêtes à dépenser 1 dollar pour une chemise virtuelle qu’une seule personne pour l’acheter en physique à 1000 dollars. Sur ce modèle économique, chacun devient un client potentiel, ouvrant ds perspectiv­es de revenus pour les marques. Avec leur associé Andy Ku, ingénieur coréen, les trois e-entreprene­urs mettent en avant la qualité technologi­que exceptionn­elle de leur jeu, dans les mises en scène comme dans le rendu des produits, qui leur donnera, assurent-ils, une longueur d’avance. D’autant qu’ils visent le marché chinois, en partenaria­t avec l’influent groupe média Sina, entre autres propriétai­re de Weibo, le Twitter local. Lancé là-bas le 18 octobre dernier, il devrait arriver début 2020 à l’ouest.

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