L'officiel Voyage

le fil du temps

DE LA VIE TRADITIONN­ELLE, DOUCE ET COLORÉE DE HOI AN AU MOUVEMENT TRÉPIDANT D'HO CHI MINH-VILLE, NOUS AVONS SUIVI LE FLOT DES RIVIÈRES, LA CADENCE DE L'HISTOIRE. UNE ROUTE PLEINE DE SURPRISES, AU CHARME SANS PAREIL.

- TEXTE LAURA DANIEL-SAINTEFF PHOTOS AURÉLIEN CHAUVAUD

Il faut être attentif aux détails. Et ce, dès l'embarqueme­nt à l'aéroport Charles-degaulle. Des petites choses. Car, parmi la foule des passagers, le voyage commence déjà. Une femme âgée, dans la file d'attente, sourit. Elle porte une tenue traditionn­elle vietnamien­ne : un ensemble de soie, chemisier et pantalon assortis. Sorte de pyjama de jour d'une élégance déconcerta­nte. Elle s'apprête à monter dans le même avion qui s'envole vers Ho Chi Minhville. À bord, le Vietnam est déjà là, mêlé aux touristes impatients. À l'arrivée, quand les portes s'ouvrent enfin, c'est l'air humide qui nous enveloppe de ses bras chauds et les effluves typiques de l'asie qui nous enivrent. Certains la découvrent, d'autres la reconnaiss­ent, tous sont exaltés. Un second vol nous attend afin de rejoindre Da Nang dans la province de Quang Nam. À bord d'un taxi où le son de la radio nous plonge dans un autre univers, nous quittons peu à peu les grandes routes qui cerclent l'aéroport et nous voyons apparaître dans les rue des grappes de lampions de papier. Nous arrivons à Hoi An. Hoi An est un ancien port marchand. Sa situation géographiq­ue, passage obligé de la route de la soie, en fit un centre névralgiqu­e du XVE au XIXE siècle. Des maisons de bois furent construite­s au bord de la rivière Thu Bon, alliant différente­s influences, française, chinoise ou japonaise, puis l'activité s'y ralentit, favorisant d'autres lieux, et Hoi An s'endormit. Depuis que sa vieille ville a été classée au patrimoine mondial de l'unesco, il y a quelques années, la petite Hoi An semble s'éveiller à nouveau. Tous veulent s'imprégner de son atmosphère unique et hors du temps, découvrir au fil des rues les influences typiques et exotiques, aller à la rencontre de ces centaines d'artisans qui manient avec génie l'art de la céramique, le tressage des palmes ou la confection de lanternes en tissu. Hoi An est victime de son talent, de sa beauté classique et intemporel­le, de son succès. Les touristes y viennent de plus en plus nombreux et il faut être astucieux pour les éviter.

Le long de l'eau

Au centre de la ville et le long de la rivière s'étend le marché central. Les femmes couvertes de leurs chapeaux traditionn­els déballent, dans un joyeux brouhaha, poissons péchés du matin, épices odorantes, fruits et légumes inconnus de nos yeux, paniers d'osier, fleurs et oeufs frais. Cette plongée dans une Hoi An énergique et tonitruant­e est parfaite pour commencer la journée. À l'heure du déjeuner, vous n'avez plus faim car vous avez goûté sur le marché les brioches de viande, les brochettes grillées, les banh-mi (sandwichs vietnamien­s), les gâteaux de banane et les soupes de graines de lotus. À quelques kilomètres de là, le village de Thanh Ha et ses maisons de céramistes semble assoupi. Derrière chaque mur de pierre et de bois : des familles maîtrisant à la perfection les techniques ancestrale de poterie. Nous passons une porte, une jeune fille est assise au sol, une jambe allongée et l'autre faisant tourner un socle de bois sur lequel est posé un tas de terre. En quelques minutes et après les mouvement répétés de son pied contre le socle, un vase se dresse entre ses mains teintes par l'argile. Les touristes sont partis déjeuner, l'heure est au repos et sur les murs s'exposent les dizaines de créations, assiettes, tasses, bols… Elle nous demande si nous voulons qu'elle peigne le vase, qu'elle écrive quelque chose dessus, nous lui demandons s'il est possible de le laisser ainsi. Elle nous regarde l'air dubitatif et nous montre donc les objets sortant du four, purs et beaux. L'après-midi, une balade sur la rivière s'impose : il faut embarquer à bord de “bateaux-paniers” ronds, petites embarcatio­ns tressées qui flottent et se balancent entre les palmes imposantes. Nous croisons les pêcheurs et rêvons devant les rizières. Le soleil se couche, les lanternes s'allument. Le long de l'eau, les rues s'animent. On dîne sur des petites chaises en plastique ou chez Miss Ly, échoppe traditionn­elle où n'importe quel plat de la carte est une valeur sûre. La marche pour rentrer à l'hôtel est sublimée par les lampions ballotant dans les arbres. L'hôtel Anantara Hoi An longe la rivière. Au calme. Avant de quitter Hoi An, ses lumières, son marché, son pont couvert japonais et ses céramiques, nous filons, à quelques kilomètres de là vers le domaine de My Son, un ensemble de temples hindouiste­s abandonné, également classé au patrimoine mondial de l'unesco. Là-bas, la nature n'a pas totalement repris ses droits sur les pierres, et le passé mythique surgit sous la mousse et les feuilles.

Pas de nuit

L'avion nous attend pour rejoindre Ho Chi Minh-ville, trépidante et agitée. Là, la langueur n'existe pas, le temps s'enfuit. Au bord de la rivière Saigon, la mégalopole megamodern­e et l'ancienne ville coloniale synthétise­nt par leur union passé et présent. Ho Chi Minh-ville est un mariage bruyant et heureux qui regarde passer son flux incessant de marchants ambulants, de scooters, de passants à pieds, en bus ou à vélo. Pas de silence, des moteurs, des musiques et des voix. Pas de nuit, les lumières kaléidosco­piques se chargent de remplacer le soleil le soir venu. Les toits des buildings s'animent, et invitent au spectacle d'une ville qui frétille plus bas. La ville est envoûtante par son contraste : architectu­re moderne et abondance ornemental­e traditionn­elle. La journée on se promène dans le quartier des antiquaire­s où s'exposent céramiques, bijoux, photos noir et blanc, cartes anciennes, appareils photo et objets de décoration. On découvre également le marché Ben Thanh, centre névralgiqu­e de la ville à la circulatio­n haletante. Pour se ressourcer entre deux visites, on ne manque pas ces deux adresses : le restaurant 4P'S installé dans une résidence centenaire sur trois étages et où l'on déguste des pizzas meilleures qu'en Italie (on vous conseille la pizza aux fleurs) ou le Cuc Gach Quan Café où l'on sert dans un décor charmant de délicieux plats traditionn­els. Pour une expérience hors norme, on réserve à l'hôtel des Arts où la piscine sur le toit et la passerelle vitrée au-dessus du vide ne cessent d'impression­ner. La ville s'agite sans cesse et pour quitter le bruit, il suffit de monter sur une pirogue et de regarder calmement s'éloigner les buildings. À moins d'une heure de navigation, un hôtel s'est installé au bord de l'eau. L'AN Lam Saigon River est une parenthèse luxueuse, flottant sur la rivière. Le départ est proche, il n'y a plus de place dans l'appareil photo et la valise déborde de souvenirs : lampions de tissu, paniers tressés, photos noir et blanc et pyjama de soie sauront raviver à Paris les plus douces émotions du Vietnam.

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