MARTELL EN TÊTE
LA PLUS ANCIENNE DES GRANDES MAISONS DE COGNAC (1715) SE DISTINGUE ÉGALEMENT PAR LA RÉCURRENCE DE SON ESPRIT PIONNIER. NOTAMMENT DANS SA VOLONTÉ DE TRANSMETTRE AUX VISITEURS SES PATRIMOINE ET SAVOIR-FAIRE D’EXCEPTION. UNE VITALITÉ DONT TÉMOIGNE LE TOUT NOUVEAU PARCOURS MULTI-SENSORIEL MARTELL THE JOURNEY, CONÇU SUR UNE SCÉNOGRAPHIE DE NATHALIE CRINIÈRE.
Le 17 mai dernier, l’émotion était à l’oeuvre au coeur de Cognac, lorsque César Giron, président-directeur général du Groupe Martell Mumm Perrier-jouët, procéda au rituel couper de ruban, marquant l’inauguration officielle du nouveau parcours Martell The Journey. Simple formalité que ce geste opéré sous une nuée d’applaudissements? Pas vraiment, tant cette nouvelle étape dans l’amplitude que la Maison a choisi d’adopter depuis ces trois dernières années comporte d’heureux corollaires. Ceci, urbi et orbi. À commencer par l’intérêt mâtiné de fierté dont témoignent les équipes internes. Or, un employé heureux – donc impliqué dans sa tâche – est un sérieux atout pour l’entreprise et l’image qu’elle délivre… Par ailleurs, la dynamique d’un élément de visite neuf et fort bien pensé tel que Martell The Journey constitue une ressource de choix pour la ville de Cognac au regard de l’extension de son offre culturelle et art de vivre, aisément traduisible en termes d’accroissement des visiteurs : locaux, hexagonaux et étrangers.
Une heureuse initiative porteuse d’une manne économique à laquelle le maire de la ville a rendu hommage par sa présence enjouée aux côtés de César Giron. Rappelons ici les différentes étapes de la transfiguration de la Maison Martell : automne 2016, annonce de l’ouverture d’une fondation culturelle, placée sous la direction – énergique et passionnée – de Nathalie Viot, et établie dans le vaste édifice de Gâtebourse (1929), destiné jusqu’en 2005 à l’embouteillage. Viot y a multiplié les initiatives pour que la Fondation – durant les indispensables années de restructuration architecturale de l’ensemble des espaces – puisse être incarnée à travers la monstration d’oeuvres spécialement produites pour le lieu. Ainsi, après l’exposition inaugurale de Vincent Lamouroux, déployée sur 600 mètres carrés, la deuxième commande a mis en lumière le duo d’architectes espagnols Selgascano autour d’une vaste installation éco-responsable et “praticable” par les visiteurs, établie dans la cour pavée intérieure. Puis, en juin 2018, à l’occasion de l’ouverture au public du rez-de-chaussée du bâtiment, l’oeuvre numérique et poétique de Compagnie Adrien M et Claire B, L’ombre de la vapeur (à découvrir jusqu’au 4 novembre), s’est inspirée de l’une des caractéristiques du vieillissement des eaux-de-vie : l’évaporation naturelle de l’alcool appelée “part des anges”, porteuse d’une levure qui, en se déposant sur les murs, signe sa présence naturelle de noircissures. En accord avec son leitmotiv d’exploration multisensorielle et illustrant également sa vocation gustative, la Maison Martell a mis au point un lieu d’échange, de détente et de dégustation qu’elle a souhaité spectaculaire : le bar Indigo by Martell.
Posté au sommet de la tour de Gâtebourse, à 24 mètres du sol, il est avant tout une ode au paysage charentais dont le regard se gorge à 360°. Les 420 mètres carrés de ce toit-terrasse aménagé d’un mobilier de commande, pensé par la Fondation à travers le prisme des savoir-faire locaux, accueillent une clientèle très diversifiée, venue découvrir la dizaine de cocktails proposés à la carte, assortis de planches de fromages, charcuteries, légumes croquants et truite de Gensac, hommage au fleuve Charente oblige… La prochaine étape s’attachera, à partir du dernier trimestre 2019, à investir le premier étage du bâtiment afin de permettre l’expression et les interactions des savoir-faire artisanaux via “Les Ateliers du faire” dédiés aux verre, papier, tissu et à la céramique. Les artisans et designers pourront ainsi, dans le cadre d’une résidence, partager idées et gestes, sous l’oeil des visiteurs. À terme, la Fondation, dont l’ouverture en totalité est prévue pour 2021, se déploiera sur
3 200 mètres carrés, elle sera alors en mesure d’endosser sans entraves d’espace le rôle qu’elle s’est assigné : développer un écosystème culturel et créatif qui, s’il est ancré dans la création contemporaine, en convoque toute la diversité et révèle les savoirfaire d’excellence. Hors les expositions, une programmation d’événements et rencontres – concentrés sur une journée ou un week-end – émaillent également le calendrier. Ainsi, en avril dernier, la table ronde “What if”, destinée à mettre en relief les problématiques climatiques a rassemblé porteurs de projets locaux et acteurs nationaux. Le mois suivant, à l’occasion de l’inauguration de Martell The Journey, la première édition du festival Metamusiques rassemblait durant 72 heures un florilège de musiciens autour de l’expérimentation instrumentale et du folklore néo-aquitain, au long d’une douzaine de concerts librement accessibles. Cette présence dans le domaine musical se prolonge avec le soutien que la Fondation accorde au festival Francofolies (10-15 juillet), par la production de l’exposition du photographe François Rabanier à La Rochelle, avant sa présentation à la Fondation. Active également hors territoire, la Fondation a choisi cette année d’être partenaire de la Biennale de Vallauris et accueillera au printemps 2020 une exposition du céramiste 3D, Olivier Van Herpt (exposé à la Biennale du 29 juin au 4 novembre). À cet égard, et bien que les entités, leur mission, leur mode de fonctionnement et leurs équipes dédiées soient totalement distincts, on peut observer que les quatre thèmes définis par Nathalie Viot
(la transmission, l’exploration, les sens, les matières) rejoignent le trio thématique au sein duquel est structuré Martell The Journey : héritage, savoir-faire, part des anges. Car la Maison est pensée comme un tout, dont chaque composant innerve l’esprit et l’inspiration globale. C’est ainsi une écoute attentive des attentes des visiteurs de son Centre de découverte qui a incité la
Maison Martell à mener un travail de fond pour métamorphoser l’expérience. Organisé autour de la maison historique acquise en 1750 par Jean Martell, le parcours convoque ainsi le patrimoine – dont attestent les quelque cinq kilomètres d’archives conservées in situ – mais également les hommes et les femmes qui, au fil des siècles, ont concouru à sa pérennité autour des cinq savoir-faire clés : la viticulture, la distillation, l’art de l’assemblage, la tonnellerie et le patrimoine.