Le volet agricole cristallise les tensions
Les agriculteurs de la CdC du Mortainais étaient invités à une réunion d’information le jeudi 2 juin concernant la prise en compte de l’agriculture dans le Plan Local d’Urbanisme intercommunal, qui est lancé depuis le début de l’année 2016.
Surprise pour le président de la CdC Serge Deslandes et les animateurs de la réunion, une trentaine d’agriculteurs ( essentiellement du nord du territoire) est arrivée bruyamment… en tracteurs ! Pour ces militants de la FDSEA, emmenés par Yvan Fourré, de nouvelles normes et donc de nouvelles contraintes ne sont plus supportables pour une profession déjà en pleine crise : « cà fait plus de dix ans qu’on nous matraque avec des mesures environnementales et quand j’entends mesures environnementales et biodiversité, aujourd’hui j’en ai des frissons dans le dos… » . Les agriculteurs mécontents ont surtout le sentiment d’être mis à l’écart des décisions et cà ils ne l’admettent pas. D’où cette intervention tapageuse. Et Yvan Fourré de prévenir : « on ne lâchera rien. Il faut qu’on nous laisse tranquille » . C’est en résumé toute la détresse d’un monde agricole qui ne sait plus à quel saint se vouer, un monde agricole désabusé, désespéré… Et la tension est réellement palpable.
Après que tout le monde a pris place, dans le calme, dans la salle du Géricault, Serge Deslandes, qui avait à ses côtés Marc Lecoustey, secrétaire général de la Chambre d’agriculture, a voulu d’entrée « rassurer » les agriculteurs en leur rappelant que « l’objectif de cette démarche concertée est de préserver l’espace agricole avec un partage équilibré entre l’agriculture et les autres activités du territoire » . Et de rappeler aussi que cette démarche (mise en place d’un PLUI) était « une obligation » pour la CdC « puisque c’est une compétence obligatoire » . Pour l’heure, a estimé Serge Deslandes « tout a été fait pour que cela se passe dans les meilleures conditions » rappelant aussi que « nous avons rencontré les référents communaux pour que rien ne soit laissé au hasard dans chaque commune. Nous sommes ici ce soir pour présenter la démarche et présenter la méthodologie » .
Serge Deslandes reconnaît cependant qu’il peut y avoir eu une certaine incompréhension dans la méthodologie, Marc Lecoustey évoquant de son côté une possible « maladresse » .
Se voulant lui-aussi « rassurant » , Marc Lecoustey a martelé que pour avancer, « les agriculteurs doivent s’impliquer dans la démarche. Quand on s’implique, quand on a des arguments, on a des résultats » . « Il faut être vigilant » mais il faut aussi « mettre la machine dans le sens de la marche. Nous ne sommes qu’au début de l’étude » .
Alors comment participer à la réalisation du diagnostic agricole ? « En vous rendant dans votre mairie avant le 20 juin pour remplir et déposer un questionnaire d’enquête et localiser sur une carte vos sites de production et en participant à la réunion de présentation des résultats qui est prévue courant septembre » .
A partir de ces informations, est-il précisé, « le projet de PLUI pourra plus aisément tenir compte des abords des sièges d’exploitation et de leur besoin de se développer, des espaces utiles aux cultures, aux pâtures, des zones épandables… » .