La Gazette de la Manche

Elle percute le jeune, gravement blessé

Maryvonne, 66 ans était à la barre du tribunal d’Avranches, mardi, pour expliquer pourquoi, le 12 août 2015, elle a percuté de plein fouet Alexis, en plein bourg de Courtils.

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Courtils. « En quarante ans de conduite, je n’ai jamais eu d’accident » . C’est Maryvonne qui le dit. Le jeune homme, alors âgé de 15 ans, était en scooter. Il s’était arrêté pour tourner à gauche, après avoir mis son clignotant. « Il allait à un anniversai­re. Grièvement blessé » , il est transporté à l’hôpital d’Avranches où il est « plongé dans un coma artificiel » , puis transféré au CHU de Caen, avant d’aller au centre de rééducatio­n Le Normandy, à Granville. Et ce n’est pas fini.

« Victime d’un traumatism­e crânien, de fractures, d’hémorragie, de lésions à la tête, d’entorse, d’une plaie profonde à la hanche, ses séquelles neuropsych­ologiques persistent » , rappelle la magistrate. Sur le banc des victimes, seuls les parents d’Alexis, le regard triste, la voix presque éteinte. Leur fils n’a pas souhaité assister aux débats. C’est son père qui parle : « Il a encore des opérations à subir. À la jambe, en juillet. Il est au lycée Littré, à Avranches. Il a manqué l’école. Il a été opéré de l’oreille pour sa perte d’audition. Il a encore de l’acouphène. Il est vite déconcentr­é. C’était un bon élève avant. Cette année, c’est dur » .

« J’étais très fatiguée »

Que s’est-il passé ce soir-là ? Maryvonne, qui habite SaintQuent­in-sur-le-Homme, revenait de son travail de vendeuse au Mont-Saint-Michel via un trajet qu’elle connaît. « Vous l’empruntez matin et soir. Vous rouliez à quelle vitesse ? » lui demande la juge. « Je regardais pas le compteur, mais la route » , répond la prévenue. « C’est pourtant facile de savoir si on roule vite ! Tout le monde dit que vous roulez très vite sur cette voie » , limitée à 50 km/h dans le bourg. « Non, je respecte la vitesse » assure Maryvonne. « C’est une grosse faute d’inattentio­n. J’étais très fatiguée. Il était 10 h du soir » .

« Encore sous le choc »

Pourtant : « le témoin de l’accident et les personnes entendues par les gendarmes, disent que vous rouliez extrêmemen­t vite » , poursuit la juge. « Vous n’avez pas freiné. Vous ne l’avez vu à aucun moment ? ». « Non. Je n’ai pas freiné » , répond Maryvonne, laconique. « C’est étonnant que vous ne l’ayez pas vu. Il y avait l’éclairage d’un lampadaire. Pas de virage. Pas d’impossibil­ité, a priori, pour vous, de voir Alexis. » Et de s’interroger de nouveau sur la vitesse à laquelle roulait la prévenue. Mais celle-ci s’en tient à « une grosse faute d’inattentio­n » . Une prévenue qui se dit « encore sous le choc » d’un premier accident en 40 ans de conduite. « Leur fils a failli passer de vie à trépas. Il n’est pas encore stabilisé » s’exclame l’avocate des parents, « c’est assez choquant pour eux d’entendre que c’est juste un accident » . Même si Maryvonne assure qu’elle a pris régulièrem­ent des nouvelles du jeune homme. Tout au long de l’audience, elle évitera de regarder les parents. Si ce n’est à la toute fin, lorsqu’elle s’excuse auprès d’eux.

tion »

Sans radar, difficile de savoir à quelle allure circulait la prévenue. Selon la procureure, « le véhicule a entraîné le scooter mais on ne constate pas une très grande vitesse d’après le choc » . Pour autant « 112 jours d’ITT, c’est bien au-delà de ce qu’on peut imaginer à cette vitesse-là » . Et de rappeler qu’il faut « de la prudence quand on conduit de nuit » . D’autant plus sur un trajet « régulièrem­ent pratiqué, le risque d’imprudence peutêtre fatal pour certains. » Selon elle, ici, « la thèse de l’inattentio­n doit prévaloir » . Il s’agit de « blessures involontai­res. D’un délit non intentionn­el » . Elle requiert 4 mois de prison avec sursis et la suspension de son permis de conduire pour une durée de 4 mois. La juge la suit, condamnant de plus Maryvonne à verser aux parents d’Alexis, 450 € pour leurs frais de justice, et 2 000 € de provisions pour leur préjudice, la mère d’Alexis ayant, notamment, dû cesser son travail pour assurer la fonction de tierce personne auprès de son fils. La magistrate ordonne également une expertise médicale judiciaire. Les intérêts civils sont renvoyés au tribunal de Coutances.

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