Une rencontre exceptionnelle avec Daniel Mangeas
Quelques jours avant le Grand départ 2016, Daniel Mangeas, speaker pendant 40 ans du Tour de France, auteur de publié chez Solar en 2008 et enfant du pays, est venu évoquer sa carrière à la médiathèque Marin-Marie le mercredi 8 juin.
L’occasion pour le public de rencontrer « la Voix historique du Tour de France » .
D’emblée, Daniel Mangeas souligne que « J’ai eu de la chance de faire ce que j’ai eu envie de faire » .
Et il embraye… « J’ai assisté à mon premier Tour de France en 1951, j’avais à peine 2 ans. La passion du vélo je l’avais et d’ailleurs ma vie était tracée car quand j’ai passé mon certificat d’études primaires il y avait 2 sujets, un que j’ai complètement oublié et l’autre qui était de raconter le passage du Tour de France dans votre village. La correctrice qui connaissait bien mon père lui a dit « ton fils nous a fait une rédaction… » . Il en récoltera les honneurs, obtenant la meilleure note de sa promotion.
« Après mon certificat d’études, poursuit Daniel Mangeas, je suis parti apprenti-boulanger et je livrais le pain chez la mère de Gégène Letendre où devant la cheminée il y avait une grande photo de Gégène qui gagnait une étape du Tour de Normandie, cette photo me faisait rêver. J’avais 11 ans en 1960, quand mon cousin Roland Mangeas, très bon coureur, court le critérium de SaintMartin-de-Landelles. Le speaker de l’époque (je crois que c’était Achille Gavard) a oublié de dire que mon cousin avait gagné l’Essor Breton et le critérium du Finistère ; pour moi c’était comme si mon cousin était champion du monde et donc je me suis dit un jour quand je commenterais je n’oublierai pas de dire les performances qu’ont réalisées les coureurs » .
La première fois que Daniel Mangeas a pris un micro, c’était en 1965 : « j’avais 16 ans. Ce n’était pas les podiums ni les sonos d’aujourd’hui. J’avais une remorque à foin, une petite table et une chaise. J’ai eu tellement le trac que je suis resté assis sur ma chaise. Attention ce n’était pas une petite course, il y avait de très bons coureurs. C’était mon premier cachet, les commerçants m’ont dit « on te donne 2 francs chacun si tu commentes la course » . J’ai regretté de ne pas avoir habité à Saint-Hilaire, il y avait plus de commerçants… ».
A 17 ans, Daniel est « monté » à Paris, chez un boulanger. « Cà m’a fait bizarre car je passais de l’apprentissage où je gagnais 20 francs par mois en travaillant de nombreuses heures et à Paris d’un seul coup j’ai gagné 600 francs par mois et je ne bossais plus que 10 heures par jour, cela faisait quand même 60 heures par semaine. Je travaillais la nuit, je me sortais du pétrin et j’allais animer les courses en Normandie sans avoir dormi, uniquement pour me faire connaître. Et puis j’ai eu la chance d’interviewer un grand champion cycliste. Albert Bouvet, alors directeur adjoint du Tour de France m’a repéré et a dit à mon oncle, Marcel Mangeas « Quand j’aurai une place ton neveu je le ferai venir sur le Tour de France » . Et il m’a fait venir en 1974 sur le Tour qui partait de Brest et passait par SaintHilaire. Imaginez ma joie ! J’avais une Chevrolet avec climatisation qui faisait du 30 litres au 100 km, c’était l’équivalent d’une Cadillac. Ce premier tour de France j’en ai des souvenirs extraordinaires ».
Lors de ce tour de France 1974, le speaker officiel tombe en panne de voiture. Daniel Mangeas est alors appelé à le remplacer au pied lever. En 1976, il devient le speaker animateur officiel du Tour de France.
« Je le dis toujours. Ma vie est riche de rencontres. Il y a trois choses qui m’ont guidé : le cyclisme parce que c’est ma passion qui m’a été transmise par mes parents, mes oncles et mon cousin, l’animation et les gens. Au moment où j’arrive à l’automne de ma vie, je me dis toujours que j’ai eu de la chance de faire ce que j’avais eu envie de faire quand j’avais 3 ans. On ne devient pas speaker, cela m’a accompagné tout le temps. Cela m’a permis de rencontrer énormément de gens… J’aurai eu une vie riche de rencontres, de passions et d’anecdotes » .