Le périscope du Mont-Saint-Michel offre une vue à 360° sur la baie
Le Mont Saint-Michel accueille une nouvelle attraction, au fond du jardin suspendu du musée historique. Le périscope a été restauré.
Grâce à plus de 100 000 € de la société la Mère Poulard, au travail de l’architecte Philippe Jean et de l’équipe d’Utb, spécialiste du bâtiment, ce vieil instrument du XIXe siècle a été remis en service pour le plus grand plaisir des deux millions et demi de touristes annuels.
Prisme historique
Le périscope fonctionne grâce à un mécanisme de captation de la lumière et un jeu de miroirs. Cela permet de renvoyer une image nette au point de faire pâlir une télévision 4k. Une lentille, surplombée d’un prisme « capte la lumière qui est renvoyée sur la table en émail » . Il est possible de voir à 360° tout autour du bâtiment.
La lumière est captée en haut d’une boîte par un miroir. L’orientation de ce dernier renvoie l’image sur un deuxième miroir, orienté vers une table, qui, à son tour renvoie l’image sur la surface. Aujourd’hui le système a été complexifié, rendant l’image plus nette, plus précise et permettant de voir plus loin.
Un outil pour les artistes
Ce système servait au XVIe siècle à élaborer la topographie d’un lieu. On transportait la chambre noire d’un coin à un autre pour en observer les détails. Plus tard, au XVIIIe siècle, ce mécanisme commence à servir aux artistes pour « décalquer ce que le périscope montre » . On plaçait une feuille de papier sur l’image et on la capturait.
L’aventure a commencé lors de la destruction du premier musée historique du Mont, décidée par l’architecte Édouard Corroyer. Dominique Gilbert, guide et représentant du musée explique : « On retrouva, sur le chantier, un mécanisme de chambre noire » , avec « un prisme et une table en plus » .
Des plans évolutifs
« Au départ, on voulait juste le réparer » , explique Philippe Jean et puis il a fallu « refaire les fondations » . C’est un « travail au-delà de ce qui a été prévu » .
De plus, l’architecte a souhaité déplacer le périscope de 1 m 60 par rapport à l’emplacement prévu initialement. Cela a nécessité une autorisation spéciale du préfet. Même s’il s’agit du « plus petit chantier » [8,1 m2, N.D.L.R.] de l’architecte, il aura fallu « plus d’un an » pour en venir à bout. La technicité, le confort et la facilité d’utilisation nécessaire au périscope ont demandé de gros efforts en terme d’ingéniosité.
Pour l’architecte, pas question de faire quelque chose qui ne serait pas en accord avec le paysage du Mont. C’est pourquoi la réalisation a été faite en bois, seul périscope, sur les cinq au monde, fait de ce matériau. Les autres sont en pierres. Il y en a un au Château de Saint-Georges à Lisbonne ; un à La Hvane, dans la vieille ville ; un sur la tour de Cadix et un dans le château d’Edimbourg. « On a été fidèle au bâtiment qui existait » , se félicite Philippe Jean.
Pour la société de construction, le défi a été de « réaliser la ventilation naturelle » , explique Hugues Mener, assistant chargé d’affaire. Le travail a nécessité un respect extrêmement précis des dimensions et des matériaux : « des bordeaux de Châtaignier » et une armature en chêne, « de quoi tenir longtemps » . Pour la table en émail, le constructeur a « fait appel à une restauratrice sur Paris » .
Le système de ventilation permettra aux touristes de venir apprécier la vue qu’offre le périscope, tout en restant toujours au frais, protégé des lourdes chaleurs de l’été. Il s’agit d’un mécanisme de « double paroi » , avec un espace entre chaque, qui permet à la moindre brise de circuler et ainsi d’obtenir une « ventilation naturelle » , explique Philippe Jean.
Il se réjouit de ce « diamant » et espère qu’il est « restitué pour longtemps » .