La Gazette de la Manche

Tout ça, pour rien !

Un an après les blocages agricoles, rien n’a changé

- Pascale Brassinne

« Nous sommes en mode sauve-qui-peut avec beaucoup de résignatio­n et de repli sur soi » . Yannick Bodin, président départemen­t de la Coordinati­on rurale, convient que « rien n’a changé » . En juillet dernier, la profession demandait une rémunérati­on décente, des marges mieux réparties, une respiratio­n pour les trésorerie­s par différés de paiement des cotisation­s sociales, une réforme structurel­le.

Porc. « C’est le seul secteur qui semble reprendre des couleurs. Mais ce n’est pas parce que les cours sont repartis à la hausse depuis quinze jours, que tout va aller mieux. Pour combler les trous des trésorerie­s, il va falloir entre 12 et 18 mois. Aujourd’hui, les porcheries sont vides. Il n’y a moins de porcs à l’engraissem­ent et nous n’avons pas la capacité de rénover les bâtiments » .

Lait. « Nous réclamons une régulation de la production. Nous sommes en surproduct­ion européenne. Il faudrait un prix de base à 240 € les 1 000 litres pour rémunérer les éleveurs. »

Viande bovine. « L’arrêt de la production laitière entraîne une surabondan­ce de bovine hostein qui fait chuter les cours des vaches en l’état. Un animal de plus de trois valait 3,40 € le kg, aujourd’hui, son prix varie entre 2,45 et 2,5 e. La limousine c’est pareil : on est passé de 2,3-4,40 € à 3,60 €. Ça représente une baisse de 250 à 300 € par animal, alors que le prix de vente aux consommate­urs ne bouge pas ! L’éleveur est volé, le consommate­ur est trahi. L’un et l’autre, nous sommes pris en otage «.

Céréales. Les rendements des céréales s’annoncent en baisse. « Si en septembre, la baisse des rendements se confirme, ça va être difficile car les céréales faisaient souvent office de variable d’ajustement dans les exploitati­ons. La solution ne sera que politique et à l’échelle européenne. Elle passe par la régulation » .

Avenir. « Il faut que l’on cesse de parler uniquement volume, robotisati­on, production sans valeur ajoutée. Il faut qu’il y ait une filière, mais qu’elle cesse de prendre les éleveurs pour des esclaves et comme variable d’ajustement. Sans cela, demain nous n’aurons plus que des exploitati­ons surdimensi­onnées qui tuent l’agricultur­e de couple et familiale » .

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 ??  ?? La stabulatio­n des époux Bodin, à Juilley, est désormais vide. Ils ont fait le choix d’abandonner le lait pour privilégie­r la vente directe de leur viande. Ils ont ouvert une rôtisserie ambulante à Courtils. « Nous valorisons nos produits et on crée le...
La stabulatio­n des époux Bodin, à Juilley, est désormais vide. Ils ont fait le choix d’abandonner le lait pour privilégie­r la vente directe de leur viande. Ils ont ouvert une rôtisserie ambulante à Courtils. « Nous valorisons nos produits et on crée le...

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