Tout ça, pour rien !
Un an après les blocages agricoles, rien n’a changé
« Nous sommes en mode sauve-qui-peut avec beaucoup de résignation et de repli sur soi » . Yannick Bodin, président département de la Coordination rurale, convient que « rien n’a changé » . En juillet dernier, la profession demandait une rémunération décente, des marges mieux réparties, une respiration pour les trésoreries par différés de paiement des cotisations sociales, une réforme structurelle.
Porc. « C’est le seul secteur qui semble reprendre des couleurs. Mais ce n’est pas parce que les cours sont repartis à la hausse depuis quinze jours, que tout va aller mieux. Pour combler les trous des trésoreries, il va falloir entre 12 et 18 mois. Aujourd’hui, les porcheries sont vides. Il n’y a moins de porcs à l’engraissement et nous n’avons pas la capacité de rénover les bâtiments » .
Lait. « Nous réclamons une régulation de la production. Nous sommes en surproduction européenne. Il faudrait un prix de base à 240 € les 1 000 litres pour rémunérer les éleveurs. »
Viande bovine. « L’arrêt de la production laitière entraîne une surabondance de bovine hostein qui fait chuter les cours des vaches en l’état. Un animal de plus de trois valait 3,40 € le kg, aujourd’hui, son prix varie entre 2,45 et 2,5 e. La limousine c’est pareil : on est passé de 2,3-4,40 € à 3,60 €. Ça représente une baisse de 250 à 300 € par animal, alors que le prix de vente aux consommateurs ne bouge pas ! L’éleveur est volé, le consommateur est trahi. L’un et l’autre, nous sommes pris en otage «.
Céréales. Les rendements des céréales s’annoncent en baisse. « Si en septembre, la baisse des rendements se confirme, ça va être difficile car les céréales faisaient souvent office de variable d’ajustement dans les exploitations. La solution ne sera que politique et à l’échelle européenne. Elle passe par la régulation » .
Avenir. « Il faut que l’on cesse de parler uniquement volume, robotisation, production sans valeur ajoutée. Il faut qu’il y ait une filière, mais qu’elle cesse de prendre les éleveurs pour des esclaves et comme variable d’ajustement. Sans cela, demain nous n’aurons plus que des exploitations surdimensionnées qui tuent l’agriculture de couple et familiale » .