La Gazette de la Manche

Cours de français pour les réfugiés

Reportage. Parmi les demandeurs d’asile que la ville accueille, nombreux sont ceux qui ne parlent pas français. Des cours leur sont dispensés. Une étape importante.

- Célian Guignard

L’entrée du Centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada) est calme, en ce jeudi 13 juillet. Il est tout juste 14 h. Dans les locaux, quelques personnes patientent tranquille­ment devant le secrétaria­t.

« Alors ? Le cours de français ? On y va ? » lance Julien Marsay, intervenan­t social, en charge de l’autonomisa­tion. Sept élèves sont attendus par Pamela Jamault, la bénévole du Cada qui leur dispensera deux heures dans la langue de Molière. Un groupe aux diverses origines : Artur est Ukrainien ; Amjad Khan et Jawad Ahmiri, Afghans ; Egeh Sahal Ahmed, Somalien ; Youssef, Hussein et Nazim, Saoudiens. Il est temps d’y aller. Sauf pour Nazim et Hussein qui, eux, ont l’autorisati­on d’arriver en retard, le temps de régler quelques tracas administra­tifs.

Adapter le déroulé du cours

Dans une salle à l’étage, Fatoumata, originaire de Guinée-Bissau, bénéficie d’un cours individuel avec Pauline Ségouin, autre bénévole et, normalemen­t, institutri­ce avec les tout-petits. « Ce genre de cours, c’est vraiment se confronter à l’altérité, analyse la jeune femme. C’est tout à fait particulie­r d’apprendre une langue à quelqu’un qui a déjà été scolarisé, qui parfois en parle plusieurs et qui peut avoir un autre alphabet. » Bien que débutante en français, Fatou- mata est déjà trilingue portugais, créole et manjaque, l’idiome de son ethnie homonyme d’Afrique de l’Ouest.

Au rez-de-chaussée, ça y est ! La cession de Pamela Jamault est lancée. Au programme : l’entreprise, avec le vocabulair­e qui s’y rapporte, de la grammaire et de la conjugaiso­n. Mais le cours a commencé avec un peu de phonétique. « On s’est tous présenté, explique la professeur­e, devant une assistance calme et studieuse. On a eu quelques problèmes de prononciat­ion. On a donc adapté le cours. Ce n’est pas si grave. On a du temps. Tout le monde n’est pas encore arrivé. »

Pas le temps de terminer sa phrase que l’on frappe à la porte. Nazim et Hussein, les deux retardatai­res, entrent dans la classe. Ils s’installent au fond, près de leur compatriot­e. Le travail reprend, dans le silence et la concentrat­ion.

« En attendant que leur demande d’asile soit traitée, pendant qu’ils vivent sous Cada, nous sommes catégoriqu­es. Nous faisons tout pour qu’ils s’intègrent au territoire et au pays, insiste Redouane Boudaoud, directeur de la structure avran- chinaise. Le français fait évidemment partie de cette démarche. Nous travaillon­s aussi avec la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) pour leur donner des cours qui leur expliquent le système de santé et le système scolaire. Après, quand leur démarche sera terminée, ils seront libres de choisir s’ils restent à Avranches, en France, ou s’ils quittent le pays. » Dans tous les cas, ce qui est fait n’est plus à faire.

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Pamela Jamault, ses sept élèves du jour, Simon Marsais et Mylène Gidon, intervenan­ts sociaux.

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