Des prix sous les coûts de production
Mickaël Poulain, en Gaec avec ses parents, produit 800 mille litres de lait par an. Chaque mois, ils perdent plus d’argent qu’il n’en gagne.
« Pour moi, le prix de vente, pour que je sois à l’équilibre, est de 338 € les 1 000 litres de lait avec la qualité. L’année dernière, à la même époque, j’y arrivais plus ou moins. Cette année, la coopérative m’achète le lait à 300 € les 1 000 litres. Je dois produire, chaque année, 800 mille litres. En moyenne, ces douze derniers mois, j’ai donc perdu quelque 30 400 €. » Lorsque Mickaël Poulain, producteur laitier de Mortain et trésorier des Jeunes agriculteurs de la Manche, fait les comptes, le manque à gagner est considérable.
De futures actions ?
La chute du prix du lait met les comptes de nombreuses exploitations dans le rouge. Pour lui, cette situation est aussi due à la politique menée par sa coopérative Agrial. « Contrairement aux Maîtres Laitiers du Cotentin, par exemple, elle n’a pas de politique de soutien de ses agriculteurs. C’est quand même incroyable. Elle appartient aux producteurs mais ne les soutient pas. »
Pour le lait aussi, cette situation bloque les investissements. « Nos fermes sont à l’arrêt. Lorsque l’on fait un prêt, c’est tout à minima. Il n’y a jamais le petit truc en plus. De son côté, la coopérative dit qu’elle va innover, par exemple avec une usine de fromage. Mais tout ça, ça a dix ans de retard. Les concurrents, eux, ça fait déjà longtemps qu’ils se sont positionnés sur ce domaine et ils continuent à avancer. »
Alors que dans la Sarthe, les producteurs laitiers ont manifesté leur colère le 11 juillet, Mickaël Poulain se montre pessimiste si un nouveau mouvement d’ampleur devait se déclarer. « Je ne sais pas si on arriverait à tenir les gars. L’année dernière, les directives du syndicat ont été suivies. Mais cette année, ils en ont marre. Il faut voir tous ceux qui arrêtent. Ceux qui n’en peuvent plus. »