Saisonnière et… protégée !
Récolter un maximum de données sur les moules normandes, tel est l’objectif du Smel depuis dix ans. Explications.
Le poids, la longueur, la qualité de chair de la moule normande sont autant de données répertoriées par le centre de Synergie mer et littoral, recherche et développement (Smel). « A l’époque, nous voulions avoir une sorte de grand thermomètre sur les principaux bassins mytilicoles normands car nous n’avions aucune donnée » , explique Jean-Louis Blin, ingénieur territorial du Smel.
Depuis plus de 25 ans, le centre observe les milieux et les activités liés à la mer, du MontSaint-Michel à la baie des Veys.
« La bouchot se fait en un an »
Parce que la Normandie est l’une des régions phare de production de moules en France, le Smel a mis en oeuvre le réseau Remoulnor en 2002, après la mise en place de Remonor en 1998 pour les huitres.
Le centre suit ainsi attentivement la productivité des principaux bassins mytilicoles normands en répertoriant toutes les informations, tout en tenant compte du climat et de la pratique culturale qui ont, maintenant on le sait, un rôle important.
« Nous avons choisi des grands ensembles du secteur mytilicole pour notre étude car nous n’avons pas de recul en terme de production et lorsqu’il se passe des choses atypiques ou inhabituelles. Comme en 2010, par exemple, où nous avons eu un creux de production, certainement dû au climat. A contrario, peut s’ajouter aussi une production en augmentation qui peut avoir ses limites. A cette époque, nous sommes arrivés à un point de rupture. Il nous fallait donc récolter ces données » .
« Un hiver doux peut avoir un impact »
Pour suivre la productivité sur pieux après un an d’élevage (en évaluant les poids bruts et nets de moules, la longueur de coquille et la qualité de chair ou taux de remplissage), le Smel a choisi sept sites de production (Agon, Bricqueville, Hauteville, Huguenans, Pirou, Roquette, Utah).
« Ce que l’on sait aujourd’hui est qu’il faut éviter les surcharges des moules anciennes. Et que plus on a des cycles cours, mieux c’est. La moule de bouchot se fait en un an, mais cela dépend bien sûr du climat et de l’environnement » , explique Jean-Louis Blin.
Afin d’améliorer la productivité mytilicole, une limitation à 70 % du taux d’ensemencement des pieux des secteurs de la côte Ouest, a été mis en place en 2011.
Mais outre ces pratiques culturales qui peuvent être source de variation, les fluctuations de production peuvent aussi s’expliquer par les variations des conditions climatiques, des déficits ou abondances de nourritures du milieu, explique l’ingénieur.
Des années plutôt favorables
Enfin, concernant le parasite des moules, le, Mytilicola, « les résultats obtenus montrent que le risque associé est faible à assez faible dans notre région » , ce qui est plutôt une bonne nouvelle.
Que nous réservera 2016 ? « Il est vrai que nous avons eu un hiver plutôt doux et que cela peut avoir un impact. Mais nous sommes dans des années plutôt favorables… » , estime Jean-Louis Blin. A suivre.