Anne-France Abillon, une artiste qui a du coeur
À l’église Notre-Dame-des-Champs, l’artiste vainquaise expose trois oeuvres, au milieu de celles de ses sept consoeurs. Un murmure pour découvrir ce lieu tout en douceur.
Sept femmes. Sept artistes. L’exposition Concorde, qui a lieu actuellement à l’église NotreDame-des-Champs, met le féminin à l’honneur dans ce lieu initialement dédié à la Vierge Marie. Anne-France Abillon, à l’origine de cette initiative, propose trois oeuvres. Le coeur, édifice et comme organe, est l’objet de son travail et de toute sa réflexion. « Je me suis inspirée de la petite statue de la Vierge, à l’entrée de l’église, qui porte le monde dans ses mains, à hauteur de coeur. »
« Tous reliés »
La première création, Corps
sensible 1, se cache dans le confessionnal. « J’ai investi le mobilier sacré, explique-t-elle. Ici, j’ai installé un coeur lumineux, d’un rouge flamboyant. Il représente le sacré-coeur, placé dans un lieu de pardon. » Malgré une lumière très forte, qui rompt avec l’obscurité qui accompagne d’ordinaire cet équipement, l’oeuvre n’agresse pas le visiteur. « Le but n’était pas de s’imposer, mais de travailler pour le lieu. D’être à son écoute. » Corps sensible 2 est, lui, positionné sous un dais – ouvrage à quatre pieds, recouvert de tentures, employé lors des processions – qui servait lors de processions mariales. Trois coeurs, d’un rouge plus pâle, sont imprimés sur une structure végétale, à base d’oyat. « C’est une oeuvre fragile, comme peut l’être le coeur en tant qu’organe, dont il faut faire attention, poursuit Anne-France Abillon. Elle évoque la trinité, mais aussi l’idée que nous sommes tous reliés. »
« Que les visiteurs s’interrogent »
La troisième réalisation, Corps
sensible 3, un coeur orné d’une clef, abandonne le rouge pour un bleu foncé, couleur mariale. « La clef exprime qu’il faut chercher, descendre dans le coeur pour obtenir une civilisation fraternelle. »
Celle qui se définit comme « une artiste de l’intériorité et du sensible » travaille avant tout la photographie, les structures végétales et l’installation in situ. Ses secrets de fabrication ? Impossible de le savoir. Anne-France Abillon souhaite garder le secret. « Je ne veux pas tout dévoiler. Je souhaite garder une part de mystère. Que les visiteurs s’interrogent. »
Les créations de l’artiste vainquaise s’intègrent parfaitement au lieu. Tout comme celles des sept autres femmes, qui exposent à ses côtés. Le lieu est préservé et embelli à la fois.