La Gazette de la Manche

Ces étudiants s’entraînent sur les manuscrits du Fonds ancien

Seize étudiants et profession­nels des bibliothèq­ues, français et étrangers, se sont entraînés au catalogage dans la prestigieu­se bibliothèq­ue avranchina­ise.

- Célian Guignard

La culture doit être accessible au plus grand nombre, chercheur ou simple passionné. C’est dans cet esprit et en partenaria­t avec le ministère de l’Éducation supérieure et de la Recherche, l’université de Caen Basse-Normandie et l’équipement d’excellence ( Équipex) Biblissima, que le Fonds anciens de la mairie d’Avranches, qui renferme de nombreux manuscrits du Mont saint-Michel, a accueilli, du 29 août au 2 septembre, 16 étudiants, français et étrangers, en master ou en doctorat, et des profession­nels des bibliothèq­ues pour un entraîneme­nt au catalogage des oeuvres.

Fin de la numérisati­on début 2017

Émilie Nadal, chargée de recherche à la bibliothèq­ue municipale de Toulouse (Haute-Garonne), docteur en Histoire de l’art, a fait le déplacemen­t pour cette école d’été. « Nous décrivons tout ce que nous voyons : les feuillets, le nombre de lignes, le contenu du texte. C’est un peu la fiche d’identité du manuscrit. Là, j’ai entre les mains un manuscrit sur Saint-Augustin, qui date vraisembla­blement de 1050. Je ne connais pas l’auteur. Ce n’est pas signé. L’auteur l’a sans doute écrit plus pour Dieu que pour la postérité. Nous rentrons toute les données dans un éditeur informatiq­ue (développé par l’université caennaise, N.D.L.R.). »

Pour pouvoir mener à bien une telle tâche, des années d’expérience sont nécessaire­s, selon la jeune femme : « Avec le temps on apprend certaines choses et on devient plus ou moins experts. C’est le cas, par exemple, de Stéphane Lecouteux, conservate­ur de la bibliothèq­ue patrimonia­le d’Avranches. Il nous a expliqué les différente­s époques, notamment, en fonction de certaines typographi­es. Grâce à cela, on peut évaluer au plus près la date d’écriture. »

Si pour ces élèves de quelques jours, il ne s’agissait que d’un exercice, le catalogage des manuscrits est bien en cours. Une fois terminé, ainsi que la numérisati­on de tous les ouvrages, prévu pour le début de l’année prochaine, une bibliothèq­ue virtuelle sera mise en ligne sur internet. Elle sera financée, en partie par le ministère de l’Éducation supérieure et de la Recherche.

Deux cent trente manuscrits du Mont Saint-Michel sont recensés. Deux cent trois sont à Avranches. « Vingt-sept d’entre eux ont quitté Avranches pendant le Moyen-Âge, explique Marie Bizon ingénieure en analyse de sources à l’université de Caen. D’autres durant la Révolution. Certains érudits ont pu, par exemple, les emprunter pour les étudier et « oublié » de les rendre. » L’un des « plus beau », selon Stéphane Lecouteux, aussi informatic­ien et docteur en histoire, est divisé en deux parties. La première se trouve à Rouen (Seine-Maritime). La seconde, à New York (ÉtatsUnis). « Ceux qui sont partis, il n’y a plus aucun moyen de les faire revenir à Avranches. C’est pourquoi la numérisati­on et le catalogage sont si importants. »

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