La Gazette de la Manche

Elle est filmée lors de son vol

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Saint- Mar tin des Champs. Au tribunal, certains prévenus ont réponse à tout, ou presque. Laetitia est de ceux-là. A la barre, à Avranches, ce mardi d’audience au tribunal de police, une jeune femme de 27 ans n’a pas manqué de constance pour se défendre. Elle était accusée d’avoir volé un téléphone portable à Saint-Martin-des-Champs, dans un supermarch­é.

Filmée par la vidéosurve­illance

« La scène se passe le 9 juin dernier. Sur la vidéo surveillan­ce, on vous voit manipuler la boîte. Vous vous agenouille­z, regardez de ci, de là, et partez. » La juge précise au passage que « l’inventaire venait d’être fait » . L’affaire ne s’arrête pas là. « Vous êtes revenue le 17 juin, à l’endroit même où le téléphone a été volé » , poursuit la magistrate. « Vous dites que vous êtes allée voir l’employé pour lui demander si le téléphone était bloqué. On pense que vous êtes revenue en pensant trouver la batterie oubliée » . A la barre, la jeune femme ne dit mot. « Vous continuez à nier ? » interroge la juge. « C’est ça » , lui répond Laetitia. Deux mots lâchés sur un ton assuré. Un ton qu’elle tente de conserver tout au long de l’audience.

A chacun sa logique

« Comment vous expliquez que vous vous êtes agenouillé­e ? » « Pour mettre ma clef et mon téléphone portable dans mon sac » , répond Laetitia. « Mais pourquoi à genoux ? » « Parce que mon sac commençait à me peser » . Pas seulement. Aussi parce que « ma gamme de prix (de téléphones) se situe en bas » des rayons. Et « pourquoi regarder à gauche et à droite ? » lui demande alors la juge. « Parce que j’avais des questions à poser au vendeur » . Mais il y aurait eu trop de monde dans le magasin ce jour-là, ce qui expliquera­it qu’elle y soit revenue quelques jours plus tard.

Des explicatio­ns qui sont loin de convaincre la magistrate. « Tout ça n’a pas de sens sauf si effectivem­ent vous avez volé ce portable » . « J’aurais subtilisé un téléphone, je ne me serais pas éternisée dans le magasin » , répond Laetitia sans se départir de sa belle assurance. Mais l’argument fait long feu : « ça prend trois secondes ! » , lui rétorque la magistrate.

Là où ça s’embrouille

« Vous avez été entendu à plusieurs reprises par les gendarmes. Vous avez déclaré que la boîte était vide » . « La boîte était ouverte sur deux centimètre­s. J’ai continué à l’ouvrir » , explique la jeune femme. Reste à savoir si le téléphone y était ou pas. « J’ai été entendu plusieurs fois, je suis un peu perdue. » Et d’admettre : « je reconnais que j’ai touché à la boîte mais je n’ai pas volé le téléphone » . « Vous continuez à nier faroucheme­nt » constate la magistrate. Réponse de Laetitia : « ça m’a suffi le premier vol. J’ai eu un rappel à la loi » .

De la prison avec sursis

Une jeune femme avec « beaucoup d’aplomb » , selon le procureur. Et même si « les choses sont dites avec constance » , pour autant « il ne s’agit pas de négocier la reconnaiss­ance des faits. » Une reconnaiss­ance qui aurait pu lui valoir la clémence du tribunal, « si elle avait dit n’avoir pas pu résister » . Le ministère public a « scruté la vidéo avec attention » . Laetitia est bien « restée 3 à 4 minutes à genoux » dans les rayons. Sans compter qu’elle est « revenue s’enquérir d’un éventuel blocage de l’objet dérobé » . Ce qui amène le procureur à requérir 2 mois de prison avec sursis et une amende de 100 €. La juge le suit, en partie : Laetitia est condamnée à 2 mois de prison avec sursis et à 150 € d’amende.

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