La crise fait rebondir Stéphane Mancel
Le Prix de la Dynamique agricole a été attribué à Stéphane Mancel, producteur de lait et éleveur bovin de Moulines, près de Saint-Hilaire-du-Harcouët.
En 22 ans d’existence de ce prix de la Banque Populaire de l’Ouest, 44 agriculteurs Manchois qui ont été distingués pour leurs projets novateurs et exemplaires. Stéphane Mancel est de ceux-là. Il a reçu son prix jeudi 1er décembre à Saint-Sauveur-Lendelin.
Quatre catégories étaient au programme : Initiative durable ; Valorisation, innovation et savoirfaire technique ; Initiative collective ; Création d’entreprise agricole.
Ce prix Initiative durable récompense une agriculture productive et rentable qui préserve l’environnement. Le prix valorise l’équilibre entre l’économie, la production, la nature, le territoire, et les femmes et hommes qui y vivent.
Un homme et de multiples savoir-faire
Stéphane Mancel s’est installé à Moulines en 2001, avec un seul credo en tête : « Il faut vivre comme on pense, sinon tôt ou tard, on finit par penser comme on a vécu » . Ce véritable passionné valorise de façon optimale les ressources de son exploitation biologique. De ses vaches normandes à ses vergers, en passant par le bois et la production d’électricité… rien ne se perd et tout devient valeur ajoutée !
Dès son arrivée, il optimise ses 60 hectares de vergers en montant un atelier cidre, par plaisir et en hommage à son grand-père. À la tête d’un troupeau de race normande de 50 vaches laitières, 45 génisses et d’une vingtaine de boeufs, l’exploitant mène une agriculture raisonnée. « Chaque vache produit en moyenne 6 000 litres de lait par an. Ce n’est pas beaucoup mais c’est ce que nous voulons » explique-t-il. En parallèle, il développe la vente de viande avec des offres accessibles en caissettes. Cette activité représente près de 10 % de son activité, contre 75 % pour le lait bio, et 7 % pour le cidre.
C’est en 2010 que l’exploitation entame sa conversion au biologique. « Cette démarche tombait sous le sens, confie-t-il. En 2006, nous avons construit un bâtiment de séchage qui nous a permis de stopper le maïs en ensilage. Mes animaux sont passés en alimentation tout herbe. On se rapprochait donc déjà beaucoup du cahier des charges qu’impose l’agriculture biologique » .
La crise comme moteur
Mais le réel déclic de cette conversion fut la crise du lait en 2009. Il s’engage dans le mouvement et en ressort perdant : sa décision est prise et c’est un choix qu’il ne regrettera pas : « avoir une ferme pratiquement autonome et continuer à lui apporter une valeur ajoutée, c’est une véritable fierté » .
Souhaitant optimiser toutes les richesses de sa ferme, Stéphane Mancel mise sur ses haies. Ces dernières retiennent les eaux ruisselantes, protègent les terrains de l’érosion du vent et abritent les troupeaux été comme hiver. Une fois taillées, elles sont valorisées en bois déchiqueté. En parallèle, l’exploitant a aussi installé des panneaux photovoltaïques pour pouvoir produire et revendre son énergie.
L’avenir pérenne
L’avenir est pérenne sur l’exploitation. À la recherche de solutions pour valoriser ses productions, Stéphane Mancel a des projets plein la tête. « Dans les années à venir, j’aimerais aller plus loin en proposant le lait en vente directe. Je suis convaincu qu’il y a moyen d’installer un circuit court, et c’est un enjeu de taille pour l’économie locale : il faut cesser d’appauvrir nos campagnes avec la production de masse » , conclut-il.