Les secours en danger
Les pompiers volontaires manquent en journée. La pénurie ébranle la bonne organisation des secours, notamment aux personnes, qui représentent 80 % des interventions.
Au fil des cérémonies qui honoraient leur patronne sainte Barbe, les responsables de centres de secours ont unanimement, ou presque, tiré la sonnette d’alarme sur le manque crucial de pompiers volontaires en journée. Les initiatives de formations aux gestes qui sauvent conduites depuis les attentats n’ont pas regonflé les effectifs, même si « elles laisseront des traces » , convient le président.
Un état de fait dont a bien conscience le service départemental d’incendie et de secours. Il trouve ses origines dans la départementalisation des services de secours. Les maires, à qui incombe pourtant toujours la responsabilité de la sécurité sur leur commune, se sont désintéressés de la question. Les embauches d’agents de collectivité ne privilégiaient plus la fonction de pompier volontaire. Le service s’est éloigné.
80 % d’interventions pour les volontaires
Tout au long de l’année 2016, son président, le conseiller général Jacky Bouvet a entrepris un travail de pèlerin en démarchant les collectivités.
« En 2015, commente l’élu, 37 000 interventions ont eu lieu dans la Manche, 80 % d’entre elles concernaient des secours à personne et 80 % d’entre elles ont été réalisées par des pompiers volontaires. A Saint-Hilaire-du-Harcouët par exemple, six agents de la ville étaient des pompiers volontaires, trois d’entre eux ont fait valoir leur droit à la retraite, il n’en reste donc plus que trois. A partir de 17 heures et les week-ends, il n’y a pas de problème, mais en journée c’est autrement plus compliqué »
Une situation fragile
Sur le bureau, Jacky Bouvet étale le planning de disponibilité des volontaires. Les cases vertes mentionnent la disponibilité. Effectivement, dès 17 h tous les jours sont verts. Les samedis et dimanches également. Les débuts de journées s’affichent eux en une mosaïque colorée qui décline, à la demi-heure prêt, qui est libre.
« Même dans les centres où le problème ne se pose pas, nous alertons les maires sur la
fragilité du système » , indique Jacky Bouvet à qui il restait en cette fin d’année 2016, deux présidents de communautés de communes à rencontrer. Tout au long de l’année, il a fait le tour de la Manche.
Cap sur les entreprises
En 2017, le président a pour objectif de rencontrer les entreprises. La difficulté étant de les cibler au mieux et trouver la bonne solution pour en rencontrer le plus
grand nombre. « La vigilance est nécessaire car il y aura toujours évolution des postes, des mutations qui fragiliseront le dispositif. Sachant que pour la société qui accepte de rendre des salariés disponibles aux missions de pompiers, c’est l’assurance d’avoir un employé formé aux premiers secours en cas d’accident du travail, c’est précieux. Il n’y a pas de règles de bon fonctionnement. C’est une histoire de disponibilité dans les entreprises » , reconnaît-il. « Tout est imbriqué, y compris le maillage hospitalier, car lors d’un transfert des victimes vers l’hôpital, le temps peut-être rallongé » . Un temps d’intervention plus long pour le salarié en dehors de l’entreprise, une intervention plus longue pour le secours à personne et une usure plus importante du matériel.
Plus de femmes pompiers
80 % des interventions des pompiers étant pour du secours à personne, les femmes seront la
cible 2017 de la communication
du service départemental. « Il y en a, mais on peut mieux faire. Elles ont bien des prédispositions et la fonction ne requiert pas de conditions physiques particulières »