La Gazette de la Manche

416 000 € réclamés à la commune

Un jeune couple a réclamé à la cour administra­tive d’appel de Nantes de condamner la petite commune du Parc (ex-Plomb) à lui verser un peu plus de 416 000 €.

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Le Parc. Mardi 17 janvier 2017, un jeune couple a réclamé à la cour administra­tive d’appel de Nantes de condamner la petite commune du Parc (ex-Plomb) à lui verser un peu plus de 416 000 € de dédommagem­ents pour l’avoir autorisé en 2010 à construire leur maison… dans une zone finalement inconstruc­tible.

Permis de construire annulé

Le permis de construire de Kevin et Allison Pigeon avait en effet été annulé deux ans plus tard par le tribunal administra­tif de Caen, à la demande d’un voisin.

« Le projet de constructi­on […] est situé en dehors des parties urbanisées de la commune, au sein du hameau de la Bouverie, éloigné de plus de 1,8 km du bourg et qui ne comprend que quatre habitation­s et quelques granges » , avait confirmé en décembre 2013 la cour administra­tive d’appel de Nantes. « Elles sont réparties dans un vaste secteur rural à vocation agricole, dépourvu de réseau d’assainisse­ment. Le projet est, par suite, de nature à favoriser une urbanisati­on dispersée incompatib­le avec la vocation des espaces naturels environnan­ts » .

Le jeune couple était donc retourné en juin 2015 devant le tribunal administra­tif de Caen, mais cette fois-ci contre la municipali­té, pour être dédommagé des frais qu’il avait avancés en pure perte. Les juges caennais ne lui avaient toutefois alloué que 161 000 € ; toutes deux mécontente­s de cette décision, les deux parties avaient alors fait appel.

La démolition évitée de justesse

Entre-temps, Kevin et Allison Pigeon ont toutefois échappé au pire : le 12 janvier dernier, il y a donc tout juste une semaine, le tribunal de Coutances (Manche) a rejeté la demande de démolition de leur maison qu’avait faite leur voisin. Le jeune couple, parents d’un enfant en bas âge, devra néanmoins lui verser 3 000 € de dommages et intérêts.

« Leur maison ne sera certes pas démolie, mais elle reste invendable : cette constructi­on est illégale, et elle le restera désormais » , a toutefois rappelé leur avocate aux juges nantais. « Mes clients ne pourront pas le passer sous silence dans un acte notarié… Vous conviendre­z que, pour une première acquisitio­n, ils pouvaient rêver mieux ! » Elle a aussi calculé que Kevin et Allison Pigeon avaient dépensé, en six ans de procédure, « 10 000 € au bas mot » en frais d’avocats.

Plan d’urbanisme en cours de révision

L’avocat de la commune du Parc, issue de la fusion de Plomb et Saint-Pience, a lui déploré que le jeune couple n’ait pas attendu la révision des règles locales d’urbanisme, qui est à l’étude et qui pourrait leur permettre de régularise­r au final leur situation. « Ce recours indemnitai­re, aujourd’hui, est totalement prématuré : on a jusqu’à 2019 pour faire la chose… Leur préjudice est donc purement hypothétiq­ue » , a-t-il fait valoir auprès de la cour administra­tive d’appel de Nantes.

« Leur voisin est un soixantehu­itard, qui ne lâchera jamais l’affaire… Il est évident qu’il va contester la révision du Plan local d’urbanisme et le permis qui régularise­ra la situation » ,a répliqué l’avocate du jeune couple, pour maintenir cette demande d’indemnisat­ion dès à présent. Les juges nantais, qui ont mis leur décision en délibéré, rendront leur arrêt dans un mois.

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