30 squelettes mis à jour
De nombreuses sépultures ont été mises à jour, fin novembre 2016, au cours de travaux d’enfouissement de réseaux dans la rue principale du village.
Situées en haut de la Grandrue, au niveau de l’église paroissiale, ces tombes, peu profondes, contenaient des squelettes humains, superposés les uns sur les autres, juste séparés par des pierres. Une trentaine de sépultures ont été recensées à ce jour et les fouilles confiées à l’Inrap.
L’Institut national de recherches archéologiques préventives réalise déjà des opérations archéologiques sur le Mont depuis quinze ans, sur prescription de l’Etat (Drac Normandie).
Les fortifications disparues du XIIIe siècle
Dans le cadre de ces travaux de réfection des réseaux, les archéologues recherchent aux abords de l’église paroissiale, la fortification de XIIIe siècle et la porte du village, mentionnés dans un texte du
XVe siècle. « Ledit d’Estouteville et les moyens les firent renforcés l’an 1425, auquel temps la porte de la ville fut changée, restant vis-à-vis de l’église paroissiale, elle fut mise là où elle est à présent » . En 1204, les Bretons alliés au Roi de France, Philippe Auguste, font le siège du Mont et mettent le feu au village et à l’abbaye et la muraille de bois est détruite.
Une nouvelle enceinte de pierres est édifiée à partir de 1256. C’est cette enceinte, arasée depuis, que les archéologues pensent avoir décelée sous la forme d’une large tranchée de récupération. Située dans l’axe du rempart conservé au sud de la tour Nord, elle forme un angle droit vers l’ouest, marquant une chicane qui pourrait indiquer l’emplacement de la porte du XIIIe siècle.
Un cimetière où on ne l’attendait pas
Mais les travaux ont également révélé la présence du cimetière paroissial, pensé détruit par l’installation des réseaux en 1913. A l’origine, il s’étendait sur un rayon de 30 mètres environ autour de l’église. Au moment de l’édification de la muraille au XIIIe siècle, le village semble se rétracter et une partie du cimetière est abandonnée.
Abîmée, tronquée, bouleversée par les aménagements postérieurs, la trentaine de sépultures sauvegardées permet cependant aux anthropologues de recueillir de précieuses informations sur l’organisation des inhumations.
Des datations au carbone 14 et des études archéo-anthropolo-giques permettront une meilleure datation et la détermination de l’âge, du sexe et d’éventuelles maladies et carences des défunts.
Aux origines du Mont
Cinq salariés de l’Inrap, archéologues et anthropologues, vont travailler sur ce chantier « très compliqué dont les travaux
sont délicats » , précise Elen Esnault, responsable scientifique « mais relativement rapide car la Grand-rue doit être remise en état courant février »
« Ces travaux nous offrent des éléments de l’histoire que l’on n’aurait pas décelés autrement, c’est un moment magique », indique Claude Lepeltier, directeur interrégional de l’Inrap. Karim Jernigon, directeur régional de la Drac, direction régionale des affaires culturelles, ajoute que « les fouilles archéologiques permettent d’aller beaucoup plus loin que les hypothèses historiques. Là, nous sommes sur les premiers temps du Mont
avec le cimetière qui s’étendait jusqu’aux remparts du XIIIe siècle. A partir de quand a-t-on eu ce premier noyau de peuplement ? Les fouilles, prescrites par la Drac, et les études qui en découlent déboucheront sur des publications et des synthèses »
Les études archéologiques menées au Mont- Saint- Michel par l’Inrap depuis 2001 abordent les aspects effleurés par les études historiques. Touchant à la fois l’abbaye, le village, les fortifications, elles permettent de renouveler et préciser l’histoire riche et mouvementée du Mont.