Le père Lefort rend hommage à Pierre Thomas

Depuis dix-neuf ans, le Père Lefort, célèbre une messe anniversaire en l’honneur de Pierre Thomas, ancien aumônier du monastère des Augustines de Chateau-Gontier.

Lors de son homélie, le Père Lefort relate l’histoire de Pierre Thomas (75 ans), guillotiné le 21 janvier 1794 à Laval, avec treize autres prêtres. « Ce prêtre de chez nous naquit au village de la Timonneraie de Haut, en Mesnil-Rainfray, le 12 décembre 1729. Issu d’une famille d’agriculteurs, il vécut son enfance dans ce cadre champêtre dépourvu de routes, et se déplaçant à pied, à travers les chemins pour accéder à l’école et à l’église. Nous avons du mal à imaginer ce qu’était la vie de nos ruraux à cette époque, traversée par des disettes et des épidémies… Le jeune Pierre, après les rudiments de l’école primaire, apprit le Latin avec le vicaire du lieu et entra au petit séminaire de la Garlière à Saint-Laurent-de-Cuves, puis au grand séminaire à Avranches. En ce temps-là, un évêque résidait à Avranches où se dressait la cathédrale Saint-André. C’est là qu’il fut ordonné prêtre le 5 octobre 1758… Pendant 25 ans, il exerça son ministère à l’hôpi- tal de Chateau-Gontier, comme aumônier des religieuses et au service des malades. Vint alors la sombre période de la Révolution, avec l’obligation pour les prêtres de faire le serment à la constitution civile du Clergé. La plupart refusèrent, voulant garder leur attachement à l’Eglise Catholique et au Pape. En 1792 et les années suivantes, la Révolution devint sanglante, s’acharnant sur la noblesse et le clergé, instituant la guillotine pour les réfractaires… Pendant les années appelées La Terreur, Pierre Thomas fut arrêté et mis en prison pendant de longs mois, dans des conditions inhumaines, souffrant de la faim et du froid et exposé chaque jour aux moqueries des gardes. Le 21 janvier 1794, en plein hiver, il monta à l’échafaud, comme ses confrères. Il leur fut interdit de chanter le « Salve Regina » , mais Pierre Thomas récita à haute voix les litanies de la Sainte Vierge jusqu’à ce que le couperet de la guillotine achève sa vie humaine ».

Le 21 janvier 1794 est le jour de la date anniversaire de l’exécution de Louis XVI. Les corps des quatorze prêtres ont été jetés dans une fosse commune, à Avesnières, dans une lande nommée La Croix Bataille. En 1816, les quatorze corps sont transférés dans l’église Notre-Dame d’Avesnières (devenue basilique en 1898). Le 19 juin 1955, ils furent béatifiés par Pie XII et leurs corps ont été transférés dans le choeur de la basilique Notre-Dame d’Avesnières. Un vitrail de Max Ingrand (1945) les représente par 14 palmes. Un autre vitrail dans la Cathédrale de la Sainte-Trinité représente le martyr des 14 prêtres mayennais, réalisé en 2009 par Didier Alliou.