« Une douche tous les 15 jours »
Une femme hébergeant des personnes âgées a été jugée par le tribunal correctionnel de Coutances.
Saint-Georges- deRouelley. C’est pour suspicion de soumission de personnes vulnérables ou dépendantes à des conditions d’hébergement indigne, qu’une femme de 56 ans, demeurant Saint-Georges- deRouelley, comparaissait ce 22 février, au tribunal correctionnel de Coutances.
Sur un signalement de l’association des majeurs protégés de la Manche, qui a mis fin à son agrément d’accueil, une enquête judiciaire a été diligentée.
Visite inopinée
La sanction de fin d’agrément fait suite à une visite inopinée au domicile de la prévenue, en charge de personnes âgées depuis plus de 20 ans, alors que toutes les visites programmées et annoncées antérieures n’avaient rien détecté.
Lors de cette dernière visite, les inspecteurs ont constaté la présence de deux « pensionnaires » aux vêtements souillés et celle d’excréments dans les draps de l’un d’eux.
Entendus lors de l’enquête, les deux hébergés révèlent des conditions de vie quotidiennes relevant au minimum du délaissement et au maximum de l’indignité.
Un seau commun pour les besoins
Pêle- mêle, ils décrivent des prises de douche tous les 15 jours pour l’un et tous les mois pour l’autre, des changements de draps une fois le mois et un seau commun pour leurs besoins de nuit avec interdiction de se servir d’une salle de bain.
Lors de l’audience, la prévenue nie les faits et tente de rétablir « sa vérité » , en parlant de douches et de changement de draps hebdomadaires. De même, elle affirme un libre accès à la salle d’eau.
Sur interpellation du juge, qui lui demande des explications complémentaires quant aux constatations à son domicile, elle déclare : « Les faits ont été constatés et j’ai reconnu devant les gendarmes, avoir été négligente. Mes pensionnaires étaient cependant lavés au gant tous les jours. En ce qui concerne les déjections, ce n’est arrivé qu’une seule fois. » Le juge lui assène alors : « Vous êtes famille d’accueil, vous êtes rémunérée pour cela, vos pensionnaires évoquent regarder la télévision toute la journée en guise de distraction et ne pas avoir accès à la salle de bains. Ils portaient des vêtements souillés. » Elle maintient qu’ils avaient accès libre à la salle de bain, qu’ils sortaient pour jouer aux boules et autre mais ne peut que rester silencieuse devant la constatation des vêtements souillés, par les inspecteurs. Une dernière question du juge l’interroge sur son activité professionnelle depuis le retrait de ses agréments, à laquelle elle répond : «….. Je suis agent de service hospitalier. »
Le ministère public, qui ajoute que les résidents ont également parlé de repas habituels basés sur du steak haché et des nouilles, ainsi que des petits-déjeuners consistant en un verre d’eau et parfois un gâteau, requiert un mois de détention et 1 500 € d’amende.
Le tribunal condamne la prévenue à 5 000 € d’amende avec sursis. Elle doit payer 2 000 € de dommages et intérêt à chacune de ses deux victimes. Sur demande de son avocat, cette condamnation n’est pas inscrite au casier judiciaire, au vu de son nouvel emploi d’agent de service hospitalier.