La Gazette de la Manche

La guinguette en sursis

À Tirepied, la guinguette Comme au bon vieux temps risque de disparaîtr­e. Jugée pour infraction au PLU, au tribunal d’Avranches le 21 février, la Sarl se défend.

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Tirepied. Une structure de 240 m2, plantée à 4 m d’une rivière, sur un terrain situé en zone protégée. Le tout « sans avoir rien solliciter de l’urbanisme » , précise la juge, lors de l’audience au tribunal correction­nel, le 21 février.

Pourtant, la Sarl a exploité l’établissem­ent. Car le « maire a pris un arrêté en 2015 pour autoriser la guinguette pendant trois mois, puis six mois, avant de retirer son autorisati­on. » La préfecture ayant constaté une infraction.

« Vous auriez dû déposer une demande d’autorisati­on d’urbanisme » . Mais la Sarl « conteste l’infraction au PLU » au prétexte que le bâtiment relèverait des CTS (chapiteaux, tentes et structures démontable­s). « Vous ne relevez pas des établissem­ents dispensés de toutes fondations » a expliqué la magistrate.

La représenta­nte de la guinguette, elle, soutient qu’elle ne souhaitait « pas commettre un délit » . « Au départ, il y avait la volonté de créer une installati­on liée à l’usage de l’eau » . Puis, forte de son expérience dans la danse et l’événementi­elle, elle entrevoit un lieu « exceptionn­el pour les mariages » .

Du dur ou du temporaire ?

Le chapiteau repose sur une assise de cailloux et une épaisseur de sable stabilisé de 5 cm, le tout couvert d’une dalle de planchers. « Vous insistez sur son caractère démontable » , or « quand vous êtes entendue par les enquêteurs on sent que c’est permanent » . La guinguette est ouverte d’avril à octobre mais « si on la fait démonter, c’est un coût important, pour la remonter 4 mois après » explique l’exploitant­e.

Qu’importe, rétorque la juge. Quant au maire de Tirepied, présent à l’audience, il explique qu’il y a eu « beaucoup de réunions avec les services » et qu’au final, « effectivem­ent ce n’est pas régularisa­ble » . Il n’en dira pas plus pour « ne pas les accabler. »

Une affaire « politique »

L’avocat caennais de la Sarl voit dans le dossier « une situation politique où les politiques, par négligence, lâcheté, instrument­alisent la justice à partir d’une réglementa­tion faite par le politique. Or ce que le politique fait un jour, il peut le défaire. » Et de constater que « le service instructeu­r de la DDTM a totalement varié dans son appréciati­on » au fil du temps.

Selon lui « la guinguette n’est pas soumise à autorisati­on d’urbanisme. C’était l’appréciati­on de tous ceux qui se sont penchés sur le dossier. »

Pour compliquer les choses, la compétence PLU est passée en peu de temps de la commune de Tirepied à la communauté de communes Val de Sée, puis à la communauté d’agglo. « Le retrait veut dire faillite et ruine. Une associatio­n de défense de plus de 400 adhérents attend que le bon sens l’emporte. Je demande une dispense de peine ou un ajournemen­t jusqu’à un an » .

Le procureur demande la remise en état du site et requiert le paiement d’une amende de 1 500 €. L’affaire est mise en délibérée au 21 mars à Avranches.

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