La Gazette de la Manche

Les six éoliennes sont hors-la-loi

Le tribunal administra­tif a annulé les deux permis de construire délivrés à la société Vents d’Oc pour la constructi­on de six éoliennes à Ger et Saint-Georges-de-Rouelley.

- B.M. (PressPeppe­r)

Ger et Saint- Georgesde-Rouelley. Le tribunal administra­tif de Caen a annulé lundi 27 mars 2017 les deux permis de construire délivrés par le préfet de la Manche à la société Vents d’Oc centrale d’énergie renouvelab­le.

C’est une victoire pour la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France, l’associatio­n Vieilles Maisons Françaises, l’associatio­n Basse-Normandie Environnem­ent ainsi que pour les riverains du projet Philippe Moignot et son épouse, et Xavier de Thieulloy. La justice a annulé les permis de construire délivrés pour l’implantati­on de quatre éoliennes aux lieux-dits Le Tertre du Fougeret et La Fieffe à Saint-Georges-deRouelley, et deux éoliennes aux lieux-dits Champ Ménard et Le Gué à Ger.

Informatio­n trop tardive

Dans son délibéré, le tribunal administra­tif a estimé que le public n’a pas été informé suffisamme­nt tôt du projet, qui « n’a été soumis à la consultati­on qu’à l’occasion de l’enquête publique » , en septembre et octobre 2015. Soit six mois après l’édition des permis de construire litigieux.

Les magistrats ont également relevé que le projet de parc éolien prévu à Saint-Georges-de-Rouelley, « n’est pas situé dans le périmètre d’une zone de développem­ent de l’éolien (ZDE) » , établi par le plan local d’urbanisme de la commune. Surtout, contrairem­ent à ce qu’ont défendu le préfet de la Manche et la société Vents d’Oc, si une loi d’avril 2013 a bien supprimé ces ZDE, elle n’a pas eu d’effet rétroactif. Les ZDE existantes sont donc toujours applicable­s.

Une covisibili­té nuisible

Le tribunal administra­tif a également critiqué l’impact du projet sur le parc naturel régional Normandie-Maine, « situé à proximité du site Natura 2000 Anciennes Mines de Bion et de Barenton » . Lors de l’audience, les associatio­ns environnem­entales avaient dénoncé les conséquenc­es « dommageabl­es » sur la faune sauvage. La zone est le lieu d’hibernatio­n et de reproducti­on de seize espèces animales « dont huit d’intérêt majeur » . Une étude d’impact a par exemple révélé le risque majeur de collisions avec les pâles des éoliennes. Les magistrats ont estimé que la société Vents d’Oc n’a pas proposé de mesures satisfaisa­ntes pour limiter les risques.

Enfin, le tribunal a remarqué que les deux éoliennes prévues sur le site de Ger auraient un impact concret sur les époux Moignot et sur Xavier de Thieulloy, tous les trois voisins du projet de parc éolien. Les éoliennes, d’une hauteur de 150 mètres, « seront visibles de leur propriété » , ont précisé les juges, qui pointent du doigt « le risque de nuisances sonores » ».

En outre, le tribunal administra­tif a condamné l’État et la société Vents d’Oc à verser à la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France, à l’associatio­n Basse- Normandie Environnem­ent ainsi qu’aux époux Philippe Moignot et Xavier de Thieulloy la somme de 200 € au titre de leurs frais de justice.

Newspapers in French

Newspapers from France