À 90 ans, il vend toujours La Gazette… à domicile !
Papivore ! Et passionné. Georges Guillotin approche les 90 ans et ne lâche pas son activité de vendeur de La Gazette de la Manche, qu’il dévore chaque semaine.
À bientôt 90 ans, Georges Guillotin vient tout juste de fermer son bar au coeur de la petite commune de La Bazoge (Juvignyles- Vallées). L’enseigne « Chez Renée » , du nom de sa mère, qui tenait déjà le bar familial, est toujours là, quelque peu écornée, sur le bâtiment juste en face de sa maison. Un repreneur en vue ? Il n’y croit pas trop, mais réutilise volontiers la clé du bar de temps en temps pour servir un verre à un ami. « Mes héritiers feront ce qu’ils voudront ! » rigole celui qui continue de vendre quelques exemplaires de La Gazette de la Manche.
« Mes parents vendaient déjà Le Glaneur avant la naissance de La Gazette » se rappelle-t-il. Aujourd’hui, il vend toujours quatre ou cinq journaux par semaine. « Mes clients sont des voisins. Je les vends directement de ma cuisine » , explique-t-il.
« Je lis tout ! »
Avant d’écouler son maigre stock, subsiste un rituel : lire La Gazette du début jusqu’à la fin. « Peut-être un peu moins les sports que le reste » , avoue- t-il tout de même. « Mais je le lis toujours avant mes clients comme ça, je les préviens s’il y a des conneries » , glisse-t-il, rieur.
La rubrique qu’il lit en premier ? « Les morts ! » . « Mais je lis tout… ! » insiste-t-il. « Peutêtre un peu plus en détail les cantons aux alentours, comme Saint-Hilaire… Moins ceux qui sont plus loin » .
Maire pendant 30 ans
Même s’il entend très peu, Georges Guillotin reste à l’écoute, et garde son âme de commerçant. Une passion plus qu’un métier pour ce nonagénaire. « C’était un plaisir pour moi de tenir le bar. Mes clients étaient des amis. Et ils le restent ! » . Un amoureux des gens et de la lecture qui a aussi été maire de sa petite commune de La Bazoge pendant 30 ans, de 1971 à 2001. Autant dire que cet ancien édile de cette petite commune de moins de 200 habitants, désormais englobée dans Juvignyles-Vallées, porte un regard aiguisé sur les bouleversements dans les zones rurales.
« J’ai créé le district de Juvi- gny, dont j’étais président. C’est devenu ensuite la communauté de communes » . La commune nouvelle ? « Aujourd’hui, on fait avec Juvigny ce qu’on fai- sait avant à l’échelle de notre petite commune. Ce qui ne veut pas dire que l’on abandonne le nom de notre village. Je pense que tout cela est bien à condition d’être prudent. Il ne faut pas aller trop vite en cassant tout. Il faut bien réfléchir avant » , lance-t-il, pragmatique, avant de retrouver la quiétude de sa maison.
Et l’univers de ses romans. « Je lis tout le temps » .