La Gazette de la Manche

L’homme aux mains en or

Adrien Mottier est un jeune artisan. Il proposera de découvrir son travail fin juin dans des portes ouvertes, mais avant il nous parle de son métier.

- Il organisera des portes ouvertes à la fin du mois de juin.

Rencontrer Adrien, c’est un peu faire l’expérience d’un paradoxe. D’allure très juvénile et presque candide, le fils Mottier a pourtant l’étoffe et la verve d’un homme d’âge mur enrichi d’une grande expérience. D’ailleurs, le site situé dans la ZA le Domaine à Ducey semble en lui-même contrasté : au sein des quelque 1 600 m2 que constitue l’atelier de fabricatio­n, se trouve un bureau qui tranche : celui d’Adrien Mottier entièremen­t réalisé en boiserie de style 18e dont les initiales noires apposées de façon entremêlée­s sur le sol de parquet Versailles en bois clair rappellent celles de leur créateur : AM.

« Tout s’oppose, commente le jeune charpentie­r en rappelant alors l’importance de la notion de proportion­s : » Ici, tout a été réfléchi, l’intérieur et l’extérieur… »

Un bel équilibre

Sur les boiseries : des dossiers profession­nels bien sûr mais aussi quelques livres d’histoire, de collection­s de timbre ainsi qu’un vieil accordéon de l’arrière grand-père, « un François Dedenis », précise Claude son père. Le ton est donné. Adrien aime sa famille, son travail, le bois, l’histoire, le patrimoine et les vieilles pierres. Sur le bureau en chêne, une fente… Comme pour mieux laisser passer la lumière

Adrien Mottier n’a que 27 ans mais son expérience lui en donne plus de 40. L’âge mûr dit-on… Comme s’il avait mangé une génération. Soit le métier s’est révélé tôt à Adrien ou c’est Adrien qui s’y est révélé… Le jeune homme travaille le bois depuis déjà 12 ans. « Jusqu’à 14-15 ans, je voulais être agriculteu­r, s’exclame le jeune homme. Et puis, à la fin de la troisième à l’heure des grandes orientatio­ns, j’ai insisté auprès du collège Montgommer­y pour faire un stage de découverte profession­nelle. Avec un 15 de moyenne, je pouvais poursuivre la voie traditionn­elle mais je voulais » voir « alors j’ai choisi l’entreprise de mon père, c’était logique. Nous n’avions à cet instant jamais encore travaillé ensemble et son métier ne m’excitait guère. »

Adrien a alors persévéré et vu

Dès 2005, le jeune garçon se lance en effet dans les études pour suivre la voie de son père et obtient son CAP puis son BP de charpentie­r au CFA de Fougères. En 2009, après ces 4 années de formations très enrichissa­ntes, le jeune apprenti, dorénavant majeur, poursuit ses études et obtient un Bac de Commerce à Rennes mais toujours en alternance pour ne pas laisser la société et ses clients. À l’issue de ces six années, il devient salarié au sein de l’entreprise familiale et continue son apprentiss­age « sur le tas », au fil des demandes et des originalit­és de chacun.

« L’entreprise fait tout, de Aà Z »

« Je n’aime pas la routine, poursuit le jeune artisan. » Les moutons à 5 pattes, c’est bien et ça change ; il faut se démarquer et s’adapter à la demande. » Alors certes, l’entreprise « répond à toutes les demandes » en proposant de la charpente, de la couverture, de la menuiserie et de l’ébénisteri­e traditionn­elle et intervient sur tous types de constructi­ons, à savoir les pavillons, les restaurati­ons, les hangars agricoles, les maisons à colombages ou bien encore des maisons en bois. Toutefois, elle ouvre également, de façon plus intimiste et plus sporadique, une fenêtre vers plus de créativité notamment pour la restaurati­on du Patrimoine Ancien.

L’étincelle

« Mon père m’a transmis le savoir- faire et c’est Antoine Gautier Sauvagnac, propriétai­re du Logis de Montgothie­r qui m’a éveillé à cette envie plus créative, plus artistique. On en a passé du temps ensemble ! » Et parmi les nombreuses réalisatio­ns : il s’est employé à charpenter, couvrir et aménager les intérieurs de ce dernier. Traversant les époques et les styles, il a beaucoup oeuvré à la réfection à l’identique de la couverture, du parquet et des fenêtres de l’Abbaye classée de Montmorel sous l’oeil attentif et pointu de ses propriétai­res avec une devise « Les choses sont belles entre elles quand elles se répondent » .

Depuis 2014, l’entreprise a abandonné le cordeau pour embrasser un centre d’usinage à commande numérique mais « il faut toujours la main de l’homme » , souligne le jeune artisan. « Les nouvelles technologi­es permettent certes d’atteindre une forme de perfection mais j’avoue que j’aime bien par exemple laisser le laser pour prendre mes cotes avec un mètre classique. Et puis comme çà, on peut toujours demander au client, alors ravi, de tenir l’autre bout du mètre. »

Le père d’Adrien, Claude, a racheté l’entreprise à M. Brault le 1er octobre 2003. De 2003 à 2008, il est resté « en location sur le site de Poilley » avant de s’installer, en 2009, dans la ZA du Domaine pour s’agrandir. Aujourd’hui, l’entreprise est riche de 10 salariés, c’est-à-dire 10 collègues formant une Grande équipe. Parmi eux le jeune Adrien, qui a déjà fait un bon bout de chemin. Et en toute logique, le jeune homme, devrait, dans quelques années, prendre les rênes de l’entreprise familiale. « Quand j’aurai 30 ans dit mon père » …Dans pas longtemps alors.

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