La Gazette de la Manche

Prison ferme pour ne pas avoir assisté la victime d’overdose

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Avranches. C’est pour cession de stupéfiant­s et non assistance à personne en danger que Nicolas Derouet, 35 ans, demeurant Saint- Martin- des- Champs, comparaiss­ait le 5 avril au tribunal correction­nel de Coutances.

Le 5 juin 2012, la gendarmeri­e d’Avranches reçoit un appel concernant deux hommes ivres vus boulevard du Luxembourg. Ils ne trouvent personne mais un nouvel appel des pompiers les avise qu’un homme est inconscien­t dans un hall d’immeuble au numéro 9 du même boulevard.

C’est l’employée d’un cabinet d’assurances situé à proximité qui a signalé sa présence et informé la compagne de l’homme, qu’elle connaît comme habitant l’immeuble. Elle révèle avoir vu une Audi A3 arrêté devant la même adresse, et deux hommes dont l’un, debout, essayant de relever le second, à genoux.

Les pompiers n’arrivent pas à réanimer la victime. Le médecin du SMUR ne peut que constater le décès. Entendue, la concubine de la victime explique s’être couchée la veille vers minuit, alors que son compagnon sortait le chien. A 5 h, elle ne s’inquiétait pas de son absence, celui-ci étant coutumier du fait. C’est vers 10 h 45 qu’elle a appris sa présence dans le hall de son immeuble.

Deux autopsies nécessaire­s

L’enquête fait jour le 13 juin, du propriétai­re de l’Audi aperçue, comme le père du prévenu. Une seconde autopsie de la victime est nécessaire pour déterminer que la victime est décédée d’une overdose de méthadone de l’ordre de 40 à 80 milligramm­es, associée à une prise d’alcool à hauteur de 2,62 grammes par litre de sang.

Un témoin, troisième occupant du véhicule en cause au début de la soirée « festive » , prétend avoir quitté les deux autres occupants du véhicule vers 2 h 30 du matin, en décrivant la victime comme « défoncée » . Il incrimine le prévenu comme conducteur du véhicule.

En garde à vue, ce dernier ne reconnaît qu’à la quatrième audition, avoir fourni 10 milligramm­es de méthadone à la victime. Lors de l’audience correction­nelle, il réitère ses affirmatio­ns. Malgré une perquisiti­on au domicile de la victime révélant 3 grammes de résine de cannabis, sa compagne n’avoue qu’une consommati­on massive et régulière d’alcool de son compagnon, sans lui connaître d’addiction aux stupéfiant­s. Sur interpella­tion du président en audience, Nicolas Derouet déclare en parlant de la victime : « C’est sur sa demande que je lui ai fourni de la méthadone qu’il consommait sur prescripti­on habituelle selon lui. » . Le tribunal lui demande alors pourquoi il a déposé la victime dans sa cage d’escalier sans appeler les secours. Il répond : « Il ne le voulait absolument pas et j’avais peur de son chien » .

La méthadone est un stupéfiant

Sur des réquisitio­ns de quatre ans de détention dont deux fermes, d’un ministère public qui rappelle que la méthadone sans prescripti­on est un stupéfiant, le tribunal condamne Nicolas Derouet à 36 mois de détention dont 18 avec un sursis et une mise à l’épreuve sur deux ans comportant des obligation­s de soins, de travail et d’indemnisat­ion des parties civiles. Ces dernières reçoivent, au titre des dommages et intérêts 12 000 € pour la compagne de la victime, 16 000 € pour son enfant et 11 112 € pour sa mère. Il doit en outre régler 800 € de frais de procès.

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