Pas d’export, sans racines
Capitaine des Tricots Saint James depuis cinq ans, Luc Lesénécal fait de l’action locale une stratégie de développement.
La marque ouvre en juillet prochain une boutique à Taïwan. Elle en a déjà deux à New York, une au Luxembourg, à Berlin, en périphérie de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Elle poursuit son développement en Chine et au Japon, « dans la poursuite de l’action de mon prédécesseur » , indique le PDG, Luc Lesénécal. La part des exportations est passée de 30 à 40 %.
Des boutiques partout en France
En France aussi, elle développe son réseau de vente avec des indépendants en franchise (Rennes, Bayeux, Le Havre, dernièrement) ou « en propre » , autrement dit en direct (Aixen-Provence, Nancy, Rueil-Malmaison). Localement, elle est assurément présente à Avranches, à Beauvoir où le magasin historique a été complètement rénové il y a un mois, à Saint-James où la boutique de 300 m2 jouxte les ateliers de création et production depuis deux ans.
« L’export, ce n’est pas une course, ni une fuite en avant » , note le président-direc
teur général. « Pour arriver à une première vente, il faut au moins trois ans de travail, de contacts et de démarches. Ça ne se fait pas comme ça. Pour un bon développement international, il faut être fort sur son territoire. Quand je vais à l’étranger, je mets en avant notre savoir-faire français et la qualité de nos produits. On ne peut penser global sans agir localement » .
Entreprise de patrimoine vivant
Depuis deux ans, la société saint-jamaise fait partie des 50 entreprises de patrimoine vivant, labellisées en Normandie. Un label décerné pour son savoir-faire traditionnel de fabrication de pulls marins et marinières. Ce sont les deux métiers de Saint James qui, depuis 1889, travaille la laine et le coton, « des métiers
non-délocalisables » . Ce label entend, par l’association régionale des entreprises des savoir-faire d’excellence normands créée jeudi 20 avril, développer le tourisme du savoir-faire avec des circuits dédiés, des films et la participation à des salons. Saint James a donné l’exemple en présentant pendant quinze jours dans les salles de cinéma de France un film sur son savoir-faire traditionnel. En novembre prochain, elle sera présente porte de Versailles à Paris dans le pôle Made in Normandie, du Salon Made in France.
Saint James en locomotive
Le président de cette association est… Luc Lesénécal. Le même qui est aussi président des conseillers du commerce extérieur de la Normandie, avec la Chambre régionale de commerce et d’industrie, Business France, la
Région… « La réunion des deux Normandie donne une identité forte au territoire, reconnaît le patron des Tricots Saint James qui entend bien être « locomotive » de ce développement.
Participant de cette stratégie d’ancrage local, le fabricant de pulls marins et marinières habille les joueurs du Stade Malherbe de Caen, noue des écharpes rayées au cou des organisateurs du Tour de France 2016. Et, « parce que le festival Papillons de Nuit de Saint-Laurent-de-Cuves porte une image régionale » et est gage de « trois jours de rencontres conviviales pour les entreprises
du Sud-Manche » , les bénévoles porteront les rayures Saint James. L’entreprise, proche du Mont Saint-Michel, s’est associée au Centre des monuments nationaux en créant une marinière « Minquiers » , en édition limitée. Sur chaque vêtement vendu, 2,50 € sont reversés au profit du chantier de restauration du cloître de l’abbaye.
Le premier week-end de septembre, Luc Lesénécal annonce d’ores et déjà la présence du plus grand pull du monde au 500e anniversaire de la ville du Havre.
Des créations, nées de rencontres
Les Tricots Saint James assoient les 300 emplois non-délocalisables sur un savoir-faire
traditionnel de laine et coton en tricotage et
confection, réalisés à Saint-James. « Depuis une quinzaine d’années, nous avons développé une gamme de chemises, chemisiers et pantalons. Ils sont confectionnés dans le bassin méditerranéen, dans des pays dont
c’est la spécialité » . A l’intérieur des collections, apparaissent chaque saison, des « capsules », qui ouvrent la porte à des collaborations particulières. C’est ainsi que la styliste française Claudie Pierlot a donné sa touche citadine aux « classiques » de la marque du Sud-Manche, que le Slip français l’a ouverte sur un public plus jeune.
Des nouveautés attendues
On attend pour mi- mai, une marinière illustrée par un créateur normand accompagnée d’une carte touristique, cet été un drap de plage en voile de coton qui se fixe dans le sable, à l’automne un jeans « Made in
Normandie » et cet hiver, les charentaises de la manufacture Rondinaud chausseront confortablement les pieds frileux en couleurs marines. « Ces créations sont toujours nées de belles rencontres, confie Luc Lesénécal, lors de salons où nos entreprises de patrimoine vivant et traditionnel se retrouvent. Ce sont la réunion de nos talents » .
Talent et expertise que le patron s’emploie à asseoir localement pour être reconnu internationalement.
« L’export, ce n’est pas une fuite »