La Gazette de la Manche

Le ministre Stéphane Travert face à des pêcheurs remontés

Le nouveau ministre de l’Agricultur­e et de la Pêche effectuait son premier déplacemen­t en province dans sa Manche d’origine, avec un passage au port de Granville.

- Florian Hervieux

Granville. Il y avait plusieurs sujets sur la table, vendredi 7 juillet, à l’occasion de la visite de Stéphane Travert, nouveau ministre de l’Agricultur­e et de la pêche.

Après une visite de la halle à marée, le ministre a rencontré des représenta­nts de la pêche locale, inquiets à divers titres.

Brexit avec la pêche ?

Le Brexit, tout d’abord, et l’inquiétude quant aux accords avec les Britanniqu­es sur les zones de pêches. « Ici, à Granville, la pêche en zone britanniqu­e représente 50 % de l’activité du port » , glisse un pêcheur, non loin du cortège ministérie­l.

« C’est même 70 % du chiffre d’affaires de la pêche normande » , ajoute Sophie Leroy, vice-présidente du comité régional de pêche. « Aujourd’hui, les Britanniqu­es sont partagés entre un Brexit dur ou soft, avec des passerelle­s possibles pour des échanges commerciau­x » , a noté le sénateur Jean Bizet.

Stéphane Travert a évoqué la prochaine négociatio­n sur ce

sujet à Bruxelles. « Le rapport de force est à construire. Nous ne sommes pas seuls et les Belges et Hollandais viennent aussi pêcher dans leurs zones. Pour ma part, je continuera­i de défendre la pêche artisanale normande »

Mais deux autres sujets soucient les pêcheurs locaux : la formation et le renouvelle­ment de la flottille.

« Nous sommes dans l’incapacité de recruter des jeunes du territoire car, aujourd’hui, pour travailler dans la pêche, il faut être bardé de diplômes » , indique le pêcheur granvillai­s André Piraud. « La population des marins pêcheurs, ce sont souvent des gars en échec scolaire. Des gamins de Segpa qui veulent aller à la pêche, on leur dit qu’ils n’ont pas le niveau » .

« Souvent, quand on récupère un gars après six mois de formation, il ne sait rien faire » , ajoute un autre. « Aujourd’hui, il y a des armements qui ont recours à du personnel d’Europe de l’Est ou d’Afrique du Nord, car les embaucher est plus facile » , note un pêcheur.

Le vieillisse­ment des bateaux de pêche était également en question. Les bateaux entre 30 et 40 ans d’âge ne sont pas rares sur les quais. Certains pêcheurs suggèrent la mise en place d’un « Plan Marshall » pour renouveler les armements.

Le ministre veut rassurer

Sur tous ces sujets, Stéphane Travert a précisé qu’il ne ferait pas d’annonce particuliè­re. Le ministre a concédé que la formation avait besoin « d’une simplifica­tion », tout en visant « le moins d’accidents possible sur les bateaux » . « Concernant le renouvelle­ment de la flottille, j’ai évoqué la situation avec le gouverneme­nt et nous souhaitons le mettre à l’ordre du jour » .

« Si nous sommes entendus, cela nous évitera de crier et de brûler des pneus » , a lancé un pêcheur. Le ministre a ensuite poursuivi sa visite dans des fermes du secteur de Lessay.

« Il faut être bardé de diplômes » Ils passent de la pommade à la reine, mais à nous,

c’est du poivre ! Un pêcheur qui s’attend à des négociatio­ns compliquée­s avec les Britanniqu­es

 ??  ?? Les pêcheurs ont évoqué leurs sujets d’inquiétude­s lors d’une réunion avec Stéphane Travert, au port de Granville.
Les pêcheurs ont évoqué leurs sujets d’inquiétude­s lors d’une réunion avec Stéphane Travert, au port de Granville.

Newspapers in French

Newspapers from France