« Le risque zéro n’existe pas »
Hervé Doutez, le sous-préfet, fait le point sur les mesures de sécurité dans le SudManche à la suite des attentats de 2016 et à l’occasion des festivités du 14 juillet.
Quelles sont les mesures de sécurité prises depuis les attentats de Nice le 14 juillet dernier ?
Les mesures dans l’ensemble ont commencé avant les attentats de Nice. Ils ont donné une nature différente aux problèmes de sécurité. On avait jusque là des attaques ciblées. Nous sommes passés d’une manière plus fragrante à de la tuerie de masse avec des moyens banalisés sans autres objectifs que de détruire de manière aveugle. La menace n’est pas plus ni moins présente. Elle est diffuse. N’oublions pas que nous sommes sur un territoire touristique avec la présence du Mont-Saint-Michel.
Qu’est-ce qui a changé pour les organisateurs de grands événements ?
Il faut intégrer des barrières ou des voitures pour éviter l’intrusion de véhicules qui foncent dans la foule par exemple. Il s’agit aussi de mieux contrôler la foule. Nous avons passé une année à stabiliser le mode opératoire. Le maillage gendarmerie s’est réorganisé pour les interventions. Cette dimension de sécurité est intégrée. L’année dernière, on se demandait si on pouvait tout maintenir. Le constat que je fais au bout d’un an est que nous avons maintenu toutes les manifestations. Nous n’avons rien interdit. Nous avons passé une année à stabiliser. Nous avons trouvé des solutions pragmatiques entre l’État, les collectivités et les organisateurs. Maintenant nous allons rétablir les dispositions établies.
Certains organisateurs ont rencontré des difficultés et ont été contraints d’annuler des manifestations comme à Sourdeval ?
Nous n’avons rien interdit. C’est le choix de l’organisateur. Nous demandons des moyens supplémentaires à tout le monde. Les changements s’expliquent en coût, mais aussi en organisation. Il y a un coût en plus pour tout le monde. L’État a aussi pris sa part en augmentant considérablement le nombre de réservistes. Nous avons constaté un fond d’attente de la population. Si on ne répond pas à la demande sécuritaire c’est tout le système qui s’effondre. Nous avons cherché le meilleur équilibre entre continuer les manifestations et assurer la sécurité des habitants. Je n’ai reçu aucune doléance à ce sujet d’un responsable d’association.
Avez- vous des inquiétudes dans le Sud-Manche ?
Le territoire n’est pas forcément exposé. Le risque zéro n’existe pas, car nous devons traiter un problème diffus. La lutte contre le terrorisme commence d’abord par la performance du renseignement.