La Gazette de la Manche

La prof d’espagnol conteste son licencieme­nt

- BM (PressPeppe­r)

Avranches. Une professeur­e d’espagnol du lycée ÉmileLittr­é d’Avranches a assigné mardi 4 juillet le ministère de l’éducation nationale devant le tribunal administra­tif de Caen. Enseignant­e stagiaire à Falaise et Alençon, la requérante a été licenciée après qu’un jury refuse sa titularisa­tion, en janvier dernier. Il lui est alors reproché un manque de recul sur ses pratiques profession­nelles.

Présente à l’audience, la professeur­e demande à la justice d’enjoindre à l’Education nationale de la réintégrer dans un délai de 15 jours, sous astreinte de 500 € par jour de retard. Contractue­lle pendant 14 ans dans l’académie, l’enseignant­e estime que la décision ne repose sur aucun reproche légitime.

Affectée dans un lycée de Falaise entre 2013 et 2014, elle explique ne pas avoir bénéficié de conditions satisfaisa­ntes pour effectuer son stage. Elle souligne n’avoir suivi que quatre modules de formation d’une journée. « C’est trop léger » , soupire cette dernière, qui regrette notamment d’avoir été encadrée par des tuteurs « partiaux » . Et le rapporteur public lui donne raison. Le magistrat, dont le rôle est de conseiller les juges administra­tifs, évoque des rapports « plus ou moins à charge » .

Il s’étonne notamment que, selon ces bilans, seules les compétence­s liées à la maîtrise de la langue française sont maîtrisées, alors que l’enseignant­e exerce depuis 14 ans. Seulement, ces lacunes de tutorat ne justifient pas à elles seules tous les griefs du dossier.

Si l’année scolaire passée au lycée d’Avranches s’est bien passée, le constat n’est pas unanime. Les évaluation­s sont en effet « plus nuancées » du côté du collège d’Alençon, où le professeur a exercé entre 2014 et 2015 et les rapports de son tuteur et du directeur de l’établissem­ent sont « particuliè­rement défavorabl­es » .

Une vision partagée par l’inspecteur d’académie qui, après une visite en classe, estime que la titularisa­tion de la requérante ne serait pas « sereine » . Pour sa défense, le professeur souligne alors qu’elle était aphone le jour de la visite. En arrêt maladie, elle aurait été « contrainte » par le directeur de l’établissem­ent de revenir assurer son cours.

Face à tous ces avis et bilan qui divergent, le rapporteur public l’avoue : « il n’est pas facile d’y voir clair » . Il a cependant conseillé au tribunal de suivre l’avis du jury qui, « malgré quelques contradict­ions » , bénéficie d’une marge d’appréciati­on.

Le magistrat, dont l’avis est souvent suivi par le tribunal, a donc proposé de confirmer le licencieme­nt de l’enseignant­e, « malgré une forte hésitation » . Le jugement devrait être rendu dans un peu moins d’un mois.

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