Cet été, le MamRa s’offre une vue sur le lac Léman
Granville. Du 11 juillet au 3 septembre, le MamRa (Musée d’Art moderne Richard- Anacréon) propose l’exposition De l’ombre à la lumière et présente
Vue du lac Léman, de Gustave Courbet. « Le tableau Vue du lac
Léman de Gustave Courbet, est passé de l’ombre du Fonds ancien du Musée d’Art et d’histoire de Granville, à la lumière médiatique, après son authentification, par Bruno Mottin, conservateur des Musées de France, le 1er mars dernier. La confirmation par imagerie scientifique a été validée par la Fabrique de patrimoine de Caen le 15 mai 2017 », se réjouit Brigitte Richart, conservatrice des musées de Granville.
Le tableau, daté de 1876, a été réalisé par Gustave Courbet, un an avant sa mort survenue le dernier jour de 1877, à 58 ans. Le peintre, né à Ornans (Doubs) en 1819, a connu le succès de son vivant, ce qui est assez rare.
En juin 1870, il refuse la Légion d’honneur proposée par Napoléon III, pour ses idées républicaines et socialistes. En septembre 1870, la république est proclamée, et il est nommé président de la commission des Musées et délégué beaux arts. En 1871, il est élu au Conseil de la Commune et propose le déplacement de la Colonne Vendôme qui évoquait des guerres napoléoniennes. Mais les communards détruisent la Colonne le 16 mai 1871. Considéré comme responsable, Gustave Courbet est condamné à six mois de prison ferme, une amende de 500 francs et 6 850 francs de frais de procédure. En 1873, le nouveau Président de la République Mac-Mahon décide de reconstruire la Colonne aux frais de Gustave Courbet, pour la somme de 323 091 francs. Ses biens sont mis sous séquestre et ses toiles sont confisquées.
Des tableaux sur ce qui l’entoure
En juillet 1873, de peur d’être à nouveau emprisonné, il s’enfuit clandestinement en Suisse. Après plusieurs lieux d’habitation, il s’installe en 1875 dans sa dernière maison, nommée Bon-Port, au bord du lac Léman. Toujours actif à distance pour la Commune, il continue de peindre. Mais en 1876, son état de santé se dégrade et il se déplace de moins en moins. C’est à cette
période qu’il peint des tableaux sur ce qui l’entoure, dont Vue du lac Léman.
En respect de sa volonté, il est inhumé en Suisse le 3 janvier 1978, refusant de rentrer en France avant une amnistie générale pour les Communards. Sa dépouille a été transférée dans sa ville natale d’Ornans en 1919.
« Le Musée d’Ornans est au courant de la présence de ce tableau au MamRa, et nous a contactés pour leur prêter l’oeuvre en fin d’année » , confie Brigitte Richart.