Le préfet était en visite dans les polders à la rencontre des maraîchers
Jean-Marc Sabathé, préfet de la Manche, a visité des cultures légumières la semaine dernière. L’occasion pour les producteurs de lui présenter les défis auxquels la profession doit faire face.
Mardi 22 août, à l’initiative des organisations de producteurs Agrial et GPLN (groupement de producteurs de légumes), le préfet a été convié à une visite de promotion et de découverte des cultures légumières dans le bassin du MontSaint-Michel. La délégation a été accueillie par le maire de Beauvoir, Alexis Sanson, commune où l’agriculture occupe une place importante, génératrice de 200 emplois.
« Une de mes missions est de regarder la protection des cultures et les réglementations qui s’y attachent, c’est une filière que je connais moins bien que d’autres », précise d’emblée le préfet. est détenue par la Compagnie des Polders, l’autre moitié appartient à des propriétaires exploitants.
« Depuis les années 70, la mécanisation a favorisé le développement de la culture de la carotte, première culture légumière, au détriment de l’élevage de bovins et d’ovins. Cette mutation a entraîné des problèmes sur l’estran qui n’est plus entretenu et généré un manque de matières organiques pour fumer les terres », déplore Bernard Guillard, producteur de légumes à Beauvoir et vice- président d’Agrial.
« Il est nécessaire de développer à nouveau l’élevage sur cette zone, c’est un vrai défit environnemental de nettoyer et réguler l’estran », indique Jean- Marc Sabathé.
En 1990, la culture de carottes a vu le développement de maladies dans les sols. Au même moment, Agrial a acquis Florette (salades en prêt à consommer). La diversification de la production légumière est née de cette conjoncture.
Le recours à la maind’oeuvre étrangère
Ludovic Peigné (production de salades) et Stéphane Hubert (production de carottes), exploitants à Beauvoir, ont expliqué leurs activités et les problèmes qu’ils rencontrent. « Si nos activités sont de plus en plus mécanisées, on ne peut se passer de main- d’oeuvre manuelle et c’est une vraie difficulté pour nous que de recruter des salariés localement, ce qui explique que nous avons recours pour 50 % à une main-d’oeuvre étrangère », explique Mme Peigné.
La culture légumière génère 450 emplois sur le bassin du Mont-Saint-Michel. Ce type de cultures nécessite des rotations, tous les sept ans pour les carottes par exemple et doit alterner avec des céréales (alors que la rentabilité est bien inférieure) et maïs. L’assolement se répartit en deux tiers en céréales diverses et un tiers de légumes.
Les directives européennes, par rapport aux nitrates notamment, impactent aussi les pratiques et obligent à couvrir les sols (avec des semis d’avoine et de seigle) pour limiter les utilisations de produits phytosanitaires et permettre une pratique agricole raisonnée valorisée depuis 1997.
Gestion de l’eau
Si dans les polders, les cultures se font en plein champ et ne nécessitent pas d’irrigation, il n’empêche que la gestion de l’eau reste un vrai problème. « J’ai déjà évoqué, lors d’une précédente visite, la possibilité de mettre en place une réflexion autour de l’eau à travers un PGRE, plan de gestion quantitative de la ressource en eau. Quels sont les besoins en eau du département, particulièrement pour les agriculteurs ? Comment concevoir l’irrigation, le captage, le stockage, les retenues d’eau ? Il s’agirait évidemment d’un projet à moyen et long terme, sur vingt ou trente ans. Il me semble que c’est aux pouvoirs publics de lancer un tel projet, en commençant dès maintenant par une véritable phase de diagnostic », précisera le préfet, Jean-Marc Sabathé, pour clore cette intense journée.